NEVERMORE, le groupe qui ne cessait de monter et qui faisait preuve d’un énorme potentiel, avait fini par passer à côté de la gloire. A tel point que l’on attendait ce nouvel album avec une certaine anxiété. Les membres du groupe ont immédiatement réagit en faisant évoluer leur musique sans pour autant faire de concession. Ainsi on retrouve la base musicale virile et puissante des albums précédents, complétée par le chant envoûtant de Warrel Dane. Mais This Godless Endeavor ne se contente pas d’être un album de plus dans la discographie des Américains, il fait avancer le groupe dans plusieurs directions. Tout d’abord le transfuge réussi de Steve Smyth (TESTAMENT) permet de densifier la guitare. A tel point que le spectacle des riffs et des solos qui s’entrecroisent est, à lui seul, une raison de s’intéresser à cet album. La construction des riffs s’est encore complexifiée et devient franchement technique. Autre évolution : celle du chant qui se fait moins plaintif sur les titres puissants. L’ambiance change donc un peu. Ceci n’est contrebalancé que par la présence de quelques morceaux lents et langoureux qui laissent la place à la mélancolie ; on pense même à Geoff Tate (QUEENSRYCHE).
Si l’on ajoute à cela une production extraordinaire, on a bien peu de raisons de se plaindre de ce nouvel opus. Et pourtant...
Il demeure la désagréable impression que quelque chose n’est pas totalement aboutit sur cet album. En premier lieu, il faudra l’écouter de nombreuses fois avant de se familiariser avec les 10 titres (plus un interlude instrumental). On pourra mettre ça sur le compte de la complexité et de la densité de l’œuvre, mais la bonne fois nous force a admettre que les premières écoutes n’ont pas permis d’en retenir grand chose. Et surtout, il faut concéder que la longueur de certains titres est totalement superflue ; elle ne fait que créer un sentiment de lassitude sur des fondations musicales pourtant solides. C’est le cas de “Bittersweet Feast” dont le refrain devient rapidement insupportable. C’est aussi le cas du riff de “Medicated Nation”. Pourtant, paradoxalement, c’est le morceau le plus long, “The Godless Endeavor”, qui présente le plus d’intérêt, du fait de sa construction riche composée de multiples structures différentes. Et l’on regrette que les autres titres n’aient pas été conçus à son image.
Il y a donc une paradoxe cruel : This Godless Endeavor est un excellent album dont les qualités sont évidentes, pourtant il m’a laissé une impression assez neutre et un plaisir modéré.