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NAPALM DEATH (uk) - Mark "Barney" Greenway (Avril-2005)


Voilà un peu moins d’un an, Napalm Death sortait « Leaders Not Followers, Part 2 », son deuxième album de reprises –et pas le dernier, comme vous l’apprendrez en lisant ces lignes. Les revoilà maintenant avec le très bon « The Code is Red… Long Live the Code ». A cette occasion, Metal-Impact a de nouveau eu le plaisir d’interviewer Barney, un humaniste, comme il se définit lui-même. Parlez-lui musique, il vous répondra paroles, concept, idée !

Line-up
: Mark "Barney" Greenway (chant), Shane Embury (basse), Mitch Harris (guitare), Jesse Pintado (guitare), Danny Herrera (batterie)

Dicographie : Hatred Surge (Album - 1985), Scum (Album - 1987), From Enslavement To Obliteration (Album - 1988), The Peel Sessions (Album - 1989), Harmony Corruption (Album - 1990), Death By Manipulation (Album - 1992), Utopia Banished (Album - 1992), Live Corruption (Live At Salisbury Arts Centre, 1990) (Album - 1993), Fear, Emptiness, Despair (Album - 1994), Diatribes (Album - 1996), Inside The Torn Apart (Album - 1997), Bootlegged In Japan (Album - 1998), Words From The Exit Wound (Album - 1998), Leaders Not Followers (Album - 1999), Enemy Of The Music Business (Album - 2000), The DVD (DVD - 2001), Order Of The Leech (Album - 2002), Punishment In Capitals (Album - 2002), Punishment In Capitals (DVD - 2002), Noise For Music's Sake (Album - 2003), Leaders Not Followers 2 (Album - 2004), The Code is Red… Long Live the Code (Album - 2005), Smear Campaign (Album - 2006), Time Waits For No Slave (Album - 2009)

M-I Interviews du groupe : Mark "Barney" Greenway (Août-2004), Mark "Barney" Greenway (Avril-2005), Mark "Barney" Greenway (Jan-2010/VF-EV)

Crédit Photo : LudoPix.com (Retrouvez d'autres photos sur ce lien)



Metal-Impact. The Code is Red… Long Live the Code, c’est plutôt long pour un titre d’album. Pourquoi ce choix ?
Mark "Barney" Greenway. La raison principale est simple et en même temps complexe. Il existe maintenant un système d’alerte à la sécurité internationalement reconnu. C’est un code couleur, comme tu le sais peut-être. Cela commence à bleu ou vert –l’alerte la plus faible– et monte en plusieurs niveaux jusqu’au rouge qui est bien sûr l’alerte maximale. Ce que je veux dire, c’est que nous sommes en alerte rouge depuis 2 ou 3 ans. Les gouvernements essaient de nos convaincre que nous sommes sous la menace constante d’attaques terroristes. Je pense personnellement que c’est très exagéré, je trouve ça assez absurde. En Angleterre, le gouvernement tente de mettre en place un système qui lui permettrait d’arrêter quelqu’un sur la simple suspicion que c’est un terroriste, même sans preuve. Il leur suffit de penser que tu puisses faire quelque chose de répréhensible. Nous arrivons à une situation totalement folle. Ce n’est pas une façon d’apaiser les tensions ; qui sait jusqu’où ça va aller ? Si tu veux protester par exemple contre un pont qu’on va construire dans ta ville ou une route qui passerait dans une zone verte, tu peux te faire arrêter parce que tu es « peut-être » en train de fomenter une action terroriste ! C’est fou ! Cela ne présente aucun avantage pour personne. Plus les gouvernements gagnent en pouvoir et plus nous devrions être protégés, plus nous devrions acquérir de droits fondamentaux. Mais c’est le contraire qui se passe ! C’est un vrai problème de nos jours.

MI. C’est donc le principal thème que vous abordez ?
Barney. Oui, mais il y a plusieurs thèmes sur cet album et différentes façons d’aborder ce problème. Par exemple, le fossé croissant entre les gouvernements et les gens « normaux ». Est-ce que les gouvernements écoutent vraiment ce que nous avons à dire ? Je pense que certains répondront que cela n’a jamais vraiment été le cas. Moi, je pense que c’est de pire en pire. Par exemple, en Angleterre, 90% de la population était contre la guerre en Iraq. Mais le gouvernement ne voulait pas l’entendre.

MI. Tu as écrit tous les textes seul cette fois. Pourquoi ?
Barney. Simplement parce que j’avais beaucoup de matière et que les autres membres n’ont rien apporté. Il n’y a pas de raison spéciale. C’est juste que j’étais dans une phase particulièrement créative.

MI. J’ai lu qu’une bonne partie des textes était inspirée par tes propres expériences, comme pour « All Hail The Grey Dawn »…
Barney. Oui, ce sont mes expériences personnelles mais cela pourrait être celles de n’importe qui. Ça parle de situations très ordinaires. Par exemple, quand tu traverses une période difficile, que tu t’inquiètes de savoir comment tu paieras ton loyer. Tu te réveille le matin avec cette peur qui te submerge. Et là, tu regardes dehors, tu vois les gens aller au boulot, un boulot merdique. Tu allumes la télé et tu vois tout à fait l’inverse ; ces émissions de la journée où ils parlent de style de vie, comme les 100 façons de transformer ta maison en maison de rêve. Mais cela va te coûter 100.000 euros au minimum. Ces choses folles remettent ton existence en perspective. Ces gens sont plus aisés que toi, qui pendant ce temps lutte pour payer les factures. Je parle de ce genre de contrastes.

MI. C’est plutôt amusant d’entendre un Britannique parler en euros !
Barney. Oui, bien sûr, je fais une comparaison sachant que je parle à une Française. Enfin, je maîtrise assez bien l’euro car j’ai passé pas mal de temps en Europe.

MI. Justement, tu penses quoi de l’Union Européenne ?
Barney. Je pense que ça peut être une bonne chose si cela fonctionne correctement, si elle aide à relever le niveau de pauvreté. Je pense que ça, c’est une très bonne chose. Mais elle peut bien sûr être utilisée de façon très négative, comme ce qui se passe aux Etats-Unis, pour contrôler la presse et beaucoup d’autres choses. Cela dépend vraiment de la direction qu’elle va prendre.

MI. « Diplomatic Immunity » était notre titre favori ici. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Barney. C’est un terme juridique qui signifie –si je ne me trompe pas– que, quand tu es diplomate et impliqué dans un crime, tu ne risques pas d’être poursuivi. Mais ce n’est pas utilisé dans ce contexte. Nous avons cette situation folle où un président peut ordonner le bombardement d’une ville, tuant peut-être 5.000 personnes sur un claquement de doigts, et s’en tirer sans prendre la moindre précaution. Si toi ou moi, on tuait quelqu’un, on irait en prison et dans certains pays on risquerait la peine de mort. Cela traite de ce genre d’inégalités. Le monde est une telle contradiction et il y a tant d’inégalités !

MI. Et as-tu un titre préféré ?
Barney. J’aime beaucoup « Silence is Deafening » et « Right You Are », le titre avec Jello Biafra aussi, qui a beaucoup de tempos différents et de très bons riffs. Et bien sûr la voix de Jello est vraiment cool !

MI. Oui, vous avez invité quelques célébrités comme Jello Biafra (feu Dead Kennedys), Jeff Walker (ex-Carcass) et Jamey Jasta (Hatebreed)?
Barney. Pour être honnête, c’est le label qui l’a suggéré en premier. Au départ, nous n’étions pas très chauds car nous voulions nous concentrer sur l’album et pas devoir prospecter pour faire entrer des gens en studio. Ils nous ont dit que nous n’avions qu’à réfléchir avec qui nous aimerions travailler et qu’ils arrangeraient tout. Alors nous avons cité ces personnes et tout à été très facile. Jello est venu quand nous étions à San Francisco. Jeff était passé au studio où nous enregistrions et on en a profité pour lui demander s’il voulait participer. Jamey était en tournée avec un musicien de Slipknot et c’est moi qui suis passé le prendre et qui l’ai raccompagné après. Au final, c’était plutôt facile et ça nous a plu.

MI. « Morale » et « Our Pain is Their Power » sont assez différents du reste de l’album. Tu peux développer ?
Barney. Morale est un mot français, comme on en utilise beaucoup en anglais. Je ne sais pas ce que le dictionnaire donne comme définition mais c’est ce qui te pousse à faire quelque chose. C’est un peu lent et déprimant. Ce n’était pas réellement du Doom Metal dans le sens où on l’entend habituellement mais une sorte de dépression différente. Et peut-être aussi d’autres influences comme My Bloody Valentine, ce genre de choses. Je pense que c’est une très bonne fin pour l’album car c’est assez dingue.

MI. Musicalement, comment décrirais-tu l’humeur de cet album ?
Barney. Rapide et furieux, principalement. Mais il y a aussi des éléments uniques, expérimentaux qui font de cet album, un album différent de ce que Napalm Death a fait jusqu’à présent. Je pense qu’il est important de rester fidèle à ce qui fait le groupe mais aussi d’apporter des éléments qui donnent plus de goût.

MI. Quelle est l’originalité de celui-ci ?
Barney. Je dirais notamment les deux derniers titres ainsi que certains jeux de guitare, la façon dont Jello utilise sa voix est assez originale aussi, tous ces invités sont nouveaux pour Napalm Death.

MI. « The Great and the Good » a été reprise dans un single en édition limité destiné à l’aide aux victimes du Tsunami. Peux-tu nous en dire plus ?
Barney. Le Tsunami s’est produit quand nous étions en train de finir l’album. Nous en étions à l’artwork, aux crédits… Et nous nous sommes demandés ce que nous pouvions faire. On a pensé à un téléchargement mais personne ne paie plus pour cela de nos jours. Donc, nous avons décidé de sortir un single. La maison de disques a remonté ses manches et nous avons invité The Haunted et Heaven Shall Burn. Cela s’est plutôt bien passé.

MI. Ce genre de désastres te touche beaucoup ?
Barney. Oui et cela doit te toucher. On devrait être prêts à s’entraider. Beaucoup de gens dans le monde ont été très généreux. Mais nous ne devrions pas oublier que l’Afrique souffre terriblement tout comme l’Iran, qui a subi un tremblement de terre et n’a pas bénéficié de la même couverture médiatique. On parle de nos sociétés civilisées et il faudrait vraiment commencer à aider les autres.

MI. C’est un peu triste en effet qu’on ne parle de ces pays que quand il se produit une catastrophe naturelle… Qu’est-ce qui vous fait continuer ?
Barney. La motivation du groupe à faire sa musique et à faire passer le message. Quand on arrive au point où on n’est plus motivé, on ne doit pas se forcer et arrêter.

MI. Tu parles de votre message. Cette critique sociale est très présente dans chacun de vos albums. Tu penses que vos fans y prêtent vraiment attention ?
Barney. Je le crois. Bien sûr, il y a un certain pourcentage qui n’est intéressé que par la musique, même s’ils ne font que sympathiser avec nos idées, ce qu’ils font généralement. Ils n’ont presque pas besoin d’écouter les paroles. Mais beaucoup de gens sont tout à fait d’accord avec ce que dit le groupe. Et l’objectif n’est pas de dire des choses avec lesquelles nos fans sont d’accord. C’est surtout de faire réfléchir les autres. On peut être dans un groupe extrême et être un humaniste, promouvoir des concepts comme l’égalité, la tolérance…

MI. C’est une sorte de croisade ?
Barney. Croisade n’est pas un bon mot !

MI. Sans le côté religieux bien entendu ! [rires]
Barney. Ce n’est pas une croisade mais je vois ce que tu veux dire. C’est en effet une chose vitale pour moi, je pense que c’est la meilleure façon de le décrire. Ce que j’ai fait dans Napalm Death, c’est traduire comment je vois le monde en tant que personne, qu’individu. C’est une extension de moi, si tu veux, en tant que membre de Napalm Death, une extension de ce que je ressens à voir comment marche le monde, de ma frustration. Il y a beaucoup de gens comme moi sur Terre. Il faut éviter l’ignorance. On doit savoir qu’il y a des forces qui cherchent à prendre tout le pouvoir et dominer ; il y a des choses dégueulasses qui se passent dans le monde.

MI. Il semble que le message soit tout aussi important que la musique pour toi ?
Barney. Je pense que les deux sont égaux et qu’ils vont de paire. La musique est un outil très puissant pour dépasser les barrières. Elle est universelle et tous peuvent l’apprécier. Elle est très importante et nous y portons aussi une grande attention, il faut que ce soit clair.

MI. Je pense que c’est l’une des clés de votre succès, de rester fidèles à vous-mêmes et de croire autant en ce que vous dites…
Barney. Tout à fait. Pourquoi faire autre chose ?

MI. Mis à part Shane Embury qui joue dans Lock Up, vous avez d’autres groupes ?
Barney. Non, il n’y a que Napalm Death pour moi. Shane est un type très « musical », dans le sens où il a toujours des idées sur différents styles de musique. Napalm Death est suffisant pour moi. Je fais d’autres choses en-dehors mais elles ne sont pas vraiment en rapport avec le fait de faire de la musique. Shane a beaucoup d’énergie musicale à brûler, donc il le fait dans d’autres endroits. Mitch et Jesse font aussi partie d’autres groupes.

MI. Vous projetez d’enregistrer un autre album de reprises ? Un « Leaders not Followers, Part 3 »
Barney. Oui mais pas cette année. Sûrement en fin d’année prochaine. Pas avant car je ne veux pas qu’il y ait de confusion en sortant 2 albums de Napalm Death trop proches l’un de l’autre.

MI. Et pour ce qui est d’un album live ? Vous n’avez pas l’air de beaucoup aimer ça…
Barney. Si, j’apprécie les lives mais il est très difficile de leur donner le même impact que des albums studio. Parfois les albums live semblent assez merdiques ; il fallait que ce soit dit. Si nous en sortons un, il faut qu’il ait des titres différents de nos précédents albums. Sinon, tu écoutes juste deux interprétations de la même chose. On verra bien…

MI. Quels sont vos projets maintenant ? Je sais que vous avez une grande tournée prévue en juin-juillet 2005.
Barney. Oui, de deux mois. Très longue, très chargée, très bien. J’ai hâte d’y être !

MI. Très fatigante aussi !
Barney. En un sens, mais aussi très fun ! J’adore visiter des endroits où je ne suis jamais allé. Par exemple, nous allons jouer en Serbie. Je suis très heureux d’y aller.

MI. Quels groupes partent avec vous ?
Barney. Most Precious Blood, un genre de Hardcore oldschool et Diecast.

MI. Si tu as quelque chose à rajouter avant de terminer cette interview…
Barney. Comme d’habitude, merci de nous écouter et de nous lire, merci pour votre soutien. Cela fait très longtemps qu’on est là et cela fait plaisir de voir que les gens reviennent, nous soutiennent et soient toujours tellement amicaux. Et, comme nous le disions dans cette interview, ils aiment ce que nous faisons et tout le monde réalise le besoin d’être humain et de respecter les êtres humains.

MI. Merci beaucoup et bonne soirée, Barney !
Barney. Merci, à toi aussi, bye.


Ajouté :  Vendredi 03 Juin 2005
Intervieweur :  Kandra
Lien en relation:  Napalm Death Website
Hits: 63514
  
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