VERMIN (de) - Paradise (2011)
Label : Heretic Visions Productions
Sortie du Scud : 25 mars 2011
Pays : Allemagne
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 44 Mins
Après moult changements de line-up et deux EP au compteur, les allemands de VERMIN ont enfin trouvé le temps de graver un LP sur un label national. Il eut été dommage que cette instabilité structurelle vienne à bout des espoirs du groupe, car leur première livraison longue durée est une bien agréable surprise.
Si VERMIN verse indéniablement dans le Death, il le pratique intelligemment, et sa musique est tout sauf une accumulation de poncifs agressifs, bien au contraire. Il y a tant d’influences digérées qu’il devient impossible de les rattacher à une catégorie bien précise, mais sans que l’ensemble n’ait à souffrir d’un manque de cohésion.
On peut appeler ça un tour de force, j’y vois plutôt une réelle identité qui a pris le temps de s’affirmer.
Evoquant parfois le fantôme encore frais de PROTECTOR, dans une version moins jetable et plus puissante, le quatuor ne s’en laisse pas conter, et multiplie les fausses pistes, jouant de ça de là les gros méchants en écrasant des passages bien furieux, qui sont admirablement équilibrés par des interventions mélodiques judicieuses et très bien placées.
Jamais lassante car parsemée de trouvailles bien senties, l’écoute de Paradise s’effectue sans encombres, et il n’est aucunement difficile de faire la différence entre des titres, qui, s’ils s’enchaînent d’une manière logique, ont tous une « patte » bien personnelle.
Avec un son compact mais très clair, mettant formidablement bien en relief des guitares qui ont besoin d’un espace sonore assez large, VERMIN charcute méthodiquement, sans laisser une seule goutte de sang sur le sol.
Pour exemple, je me réfèrerai au formidable « Empty Eyes », qui après un court riff d’intro pachydermique à la MORBID ANGEL, s’envole sur un tempo léger et rapide, multipliant les contretemps et les plans différents sans pour autant instaurer une ambiance disparate. C’est Heavy, c’est Thrash, c’est Death, c’est tout ça et rien en même temps, et on se régale. Les premières secondes d’ « Impact » sentent le MACHINE HEAD à plein nez, mais les interventions des guitaristes se font si aériennes que ce spectre disparaît bien vite.
Et les sept minutes de « Frozen Mirror » se posent en synthèse de tous les constats émis auparavant. Bien loin du parpaing dans la face balancé sans réfléchir, VERMIN prend le temps de développer ses idées et ses ambiances, au sein d’un même morceau, mais aussi sur l’intégralité d’un album qui, de par la fraîcheur de son exécution, rend justice à des années de purgatoire passées dans l’ombre.
Ce qui prouve qu’il vaut mieux parfois laisser mûrir un groupe, au prix d’une frustration difficile à supporter, pour que le jour de la libération sonne comme une célébration et non un simple exutoire.
Et quelle meilleure illustration que ce « Screams » final, qui mélange les riffs de Jeff Waters, les grognements de DEATHBOUND, et les harmoniques si chères à Rob Flynn.
Efficace mais pas simpliste, alambiqué mais pas tortueux, original mais crédible, VERMIN a bien des atouts pour séduire une bonne frange des amateurs de musique extrême qui sait rester mesurée et inspirée.
Un dernier bravo pour la pochette très symbolique et fine, à des kilomètres des débordements gore d’usage d’ordinaire dans le petit monde du Death Metal.
Mais VERMIN fait bien plus que du Death Metal…
Ajouté : Jeudi 12 Mai 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Vermin Website Hits: 8562
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