GROSS REALITY (usa) - Overthrow (2014)
Label : Divebomb Records
Sortie du Scud : 6 mai 2014
Pays : Etats-Unis
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 10Titres - 36 Mins
Allez sortez vos stylos, QCM.
Que faut il pour devenir un bon groupe de Thrash ?
1) Des rythmes rapides
2) Des riffs saccadés
3) Un bon screamer
4) Des soli écorchés
5) Des compos concises et efficaces
6) Une bonne dose de brutalité
7) Des mélodies éparses mais bien présentes
8) Une production claire et puissante
Ok, si vous avez coché toutes les propositions, vous avez tout bon. Et vous gagnez le droit à l'écoute de cette sortie tardive de l'album Overthrow des vétérans US de GROSS REALITY.
Un peu d'histoire. GROSS REALITY est né de la rencontre de Daniel Powell et Jason Wheeler, passionnés de Thrash. Après quelques adaptations de line-up, le groupe se stabilise enfin autour des deux potes, épaulés dans leur tâche par Roland Arthur et Shawn McCoy. Le quatuor arpente alors les scènes de Caroline jusqu'en 1996, en compagnie de TYPE O NEGATIVE, CANNIBAL CORPSE, DEICIDE, BOLT THROWER, UNLEASHED and CONFESSOR. Et puis... plus rien.
Reformation en 2009, et la machine se relance on stage, pour enfin mettre à profit ces années d'expérience scénique sur CD. Chose faite en 2013 et enfin distribué par Diverbomb Records... Oui, il faut parfois s'accrocher pour voir ses efforts récompensés, et dans le cas de GROSS REALITY, l'attente fut longue, mais pour un résultat optimum !
Car Overthrow n'est ni plus ni moins qu'une énorme bombe qui aurait pu voir le jour il y a plus de trente ans, tant le doux parfum du Thrash de la fin des années 80 exhale de ses pistes. Tout est là, constatez. Les rythmiques rapides, les riffs solides et saccadés, les soli épileptiques, les compos franches et percutantes, une agressivité indéniable, des mélodies discrètes mais posées en contrepoint, le tout enrobé d'une production ad hoc, claire et profonde.
Mais en plus de ça, GR bénéficie d'autres atouts, qui rendent l'entreprise diablement séduisante. Tout d'abord, aux avant-postes, signalons la présence et le charisme vocal de Daniel Powell. Véritable bassiste chanteur de Thrash dans toute son excellence (dans la lignée des Araya/Arakaki), ce dernier ne se contente pas de grogner ou hurler, mais module sa voix, et transcende les lignes mélodiques pour apporter une dynamique supplémentaire à des titres qui en dégageaient déjà beaucoup.
Sa voix se rapproche d'ailleurs souvent du timbre de Franky De Smet Van Damme, le fantastique chanteur des non moins notables CHANNEL ZERO, ce qui vous en conviendrez, n'est pas fait pour déplaire.
Musicalement ? Overthrow est tout simplement l'album quasi parfait, tant son attaque est claire, ses intentions sans détour, et son développement intelligent. Loin d'être une simple bourrinade de quarante cinq minutes, il alterne les ambiances, agrémente les passages les plus débridés d'harmonies discrètes qui accentuent la richesse globale, et au final, se pose en bilan parfait d'une décennie de Thrash US qui de 1984 à 1991 aura trôné au sommet de la hiérarchie mondiale.
Et de l'ouverture tonitruante et lucide de "Worthless Humans" à la cavalcade torride "Sleep Into Dreams", ce sont neuf morceaux gorgés de vitesse, de fluidité et d'efficacité qui vous attendent. Car si le tempo et les riffs versent sans détour dans le Thrash le plus honnête, les structures, les soli, et les arrangements vocaux empruntent bien des chemins autrefois balisés par le Speed le plus poli, à tel point que l'amalgame sonne comme un combat croisé entre la rudesse d'un ACCUSER période Who Dominates Who, et le BLIND GUARDIAN le plus fameux de Follow The Blind... Recette savoureuse vous l'admettrez !
De plus, GROSS REALITY a la clairvoyance de la jouer courte. Les morceaux sont compacts, évitent le bavardage inutile, et lorsqu'ils se décident à jouer les prolongations, le quatuor adopte la ligne adéquate et varie les ambiances ("Generation 36" et sa guitare en cocottes synthétiques).
Alors au gré des pistes, vous tomberez sur les boucheries fulgurantes d'usage ("Haunting The Waters", "I'm Absent", "Human Resign" le tout en moins de trois minutes), qui savent pourtant systématiquement offrir des arrangements inédits et ainsi ne pas se contenter d'être de simples brûlots.
Et lors du va-tout final, Daniel, Jason et leur acolytes font montre d'un savoir faire époustouflant et tombent dans le Heavy/Thrash épique, d'une puissance à souffler n'importe quelle paire d'oreilles. Intro progressive et explosive, guitares en circonvolutions, avant de s'affoler sur un couplet cisaillé faisant preuve d'une belle inventivité. Et tout au long de ce final au solo d'épilogue en son clair, vous comprendrez pourquoi ce groupe est si unique et précieux, tant il sait allier avec un flair assommant la vélocité, l'énergie, la mélodie, tout y en y injectant une bonne dose de finesse qui rend sa musique si précieuse à notre époque.
Il leur aura fallu attendre plus de vingt ans pour voir leur talent se matérialiser, mais GROSS REALITY n'a pas manqué son coup. Pour les boomers du Thrash comme moi, Overthrow est une vraie cure de jouvence qui nous replonge trente ans en arrière sans jamais tomber dans la nostalgie ou la mansuétude. Pour les autres, plus jeunes, il reste un formidable album qui a su tirer partie du meilleur des deux mondes, et rester actuel tout en respectant ses convictions, nées il y a fort longtemps.
Et si le morceau introductif pose en constat la vacuité de l'espèce humaine, GROSS REALITY en reste l'exception, tant ils ont a offrir aujourd'hui, mais aussi demain, je l'espère.
Ajouté : Mercredi 20 Août 2014 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Gross Reality Website Hits: 8486
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