BLOBFISH KILLER (FRA) - Blobfish Killer (2014)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 15 novembre 2014
Pays : France
Genre : Metalcore
Type : EP
Playtime : 3 Titres - 12 Mins
Je pensais que du côté de Marseille, on s'intéressait au poisson dans le cadre d'une bonne bouillabaisse. Rascasse, rouget... Mais visiblement, certains natifs de la cité phocéenne semblent avoir d'autres obsessions piscicoles. Comment peut on en vouloir à ce poisson si rigolo qu'est le poisson globe ? Après tout, il est rigolo, tout rond, et amuse beaucoup les enfants... Mais que voulez-vous, les phobies, les aversions, ça ne s'explique pas…
Ce qui peut s'expliquer par contre, c'est la démarche conjointe de Bleu (chant), Cesar (basse et choeurs), Flo (guitare) et JP (batterie) pour proposer une musique résolument fun et sans contraintes. A eux quatre, ils forment le collectif BLOBFISH KILLER dont les seules motivations semblent tenir en quelques lignes. Eradiquer cette espèce de poisson des profondeurs de l'océan, boire, forniquer, faire la fête, et surtout, jouer une musique pas si simple qu'elle n'en a l'air pour vous éclater la tête.
Le premier objectif sera forcément atteint un jour ou l'autre, quant à leurs velléités de délire, je ne les remets pas en cause. Musicalement parlant, le but est atteint, et même si cette première sortie n'étale que trois petits titres, ils laissent une emprunte durable dans la mémoire, comme une gueule de bois matinale que l'aspirine n'arrive pas à dissiper.
Metalcore, certes, les tics sont là, ainsi que les riffs, les rythmiques, mais la musique des marseillais va beaucoup plus loin que ça. Si les paroles ne sont prétextes qu'à la gauloiserie et la pantalonnade d'adolescents attardés, à la limite du spoken porn parfois, leur Metalcore est salement tâché d'influences bien Rock N'Roll qui les empêche de tomber dans les automatismes crus d'un style déjà usé jusqu'à la corde.
L'énoncé des morceaux ne laisse planer aucun doute sur le sérieux de l'entreprise, puisqu'il n'est question que de "Palace Erotique", de "Faire Grave la Fête" et de ne "Plus Jamais", on se demande encore quoi d'ailleurs. Mais n'allez pas croire pour autant que le quatuor n'est qu'une bande de fumistes paillards, qui prennent tout par dessous les cuisses des dames, car ils ont soigné aux petits oignons leurs chansons, qui sont de véritables brûlots.
Je pense qu'au niveau composition, outre une originalité propre à leur personnalité, tout a été pensé dans le cadre de la scène, tant l'efficacité à été privilégiée, et on imagine sans peine le carnage de ces titres on stage, lors de tournée à venir. Les médias affectionnant les raccourcis les ont placés dans la sphère EVERY TIME I DIE, THE BRONX ou FIGHT PARIS, mais leurs nuances bien Rock N'Roll ne les situe que dans un seul créneau : le leur.
Ca bouge à Marseille, et les locaux sont bien décidés à le faire entendre. Pour ce faire, ils utilisent les riffs les plus costauds du Metalcore, comme le prouve l'entame à peine introduite par un dialogue "Erotic Palace", avec en guest Evan Heritage de HELL RULES HEAVEN.
Légères stridences, chant hurlé comme un damné, rythmique polyvalente, et petits breaks ludiques et hystériques, qu'une guitare énorme porte à bout de manche. Les systématismes Core n'arrivent toutefois pas à dissimuler la profonde couche Hard Rock qui cimente les bases du quatuor, et le refrain scandé comme un leitmotiv finit par emporter l'adhésion.
On est là pour faire la fête non ?
Et ça n'est pas "Party Hard" qui me contredira, même si nous sommes encore loin des délires sales d'ANDREW WK. Cette fois-ci, les choses sont plus claires, et même si le chant garde le même ton rocailleux et raclé, derrière ça bastonne sec, avec une jolie alternance de saccades purement Core et de déliés typiquement Rock N'Core. La recette fonctionne, les verres se vident, et les convives commencent à marcher de travers. On pense à ce moment là à une accalmie possible, mais c'est sans compter sur la foi des Phocéens en le concept de total party, et "Never Again" fracasse les derniers neurones en activité de sa guitare salement redondante et de sa basse qui vous plaque au sol. Effets sonores sur le chant, riff vraiment méchant, ambiance plus sombre, il faut se lâcher et terminer la soirée à terre, la tronche en vrac. Pour ça, rien de mieux qu'une rythmique faussement chaloupée qui écrase tout de sa double grosse caisse lorsque certains invités font mine de se relever.
Les idées de BLOBFISH KILLER remplissent sans aucun problème les trois morceaux de ce premier EP. Leur délire est communicatif et sympathique, et va faire un bon nombre de victimes en live. Espérons toutefois qu'ils apportent à leur concept des variations qui leur permettront de tenir la durée sur un LP, mais en attendant, et avec leur pétaradant mélange d'influences, ils se présentent en hôtes déjantés, aptes à gérer une gigantesque orgie sonore.
Si vous ajoutez à ça une pochette rose fluo flanquée d'un énorme poisson globe à la mine patibulaire, vous comprendrez que Blobfish Killer est un sacré signal de départ, qui laisse présager d'une carrière festive et certainement célébrée.
A bientôt messieurs, et bonne chance dans votre entreprise d'éradication.
Ajouté : Jeudi 03 Mars 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Blobfish Killer Website Hits: 7794
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