Voilà déjà neuf ans qu’AGE OF NEMESIS officie dans sa Hongrie natale. A l’origine intitulé NEMESIS et rebaptisé récemment suite à des problèmes avec leur ancien label hongrois, c’est maintenant Magna Carta (Ozric Tentacles, Mike Portnoy et Sadus pour ne citer qu’eux) qui s’occupe de refaire découvrir au monde les anciennes créations du groupe. Ainsi, l’épopée Psychogeist, noyau dur de l’album du même nom était déjà sorti en Hongrie en… 1999 !
Passons tout de suite à l’écoute de ce CD quelque peu réchauffé spécialement pour nous. A défaut d’un Metal Progressif du genre DREAM THEATER et consort, AGE OF NEMESIS offre un Heavy peu conventionnel, chirurgical et très sombre Quelques parties vraiment Prog sont présentes mais ne font pas l’essentiel de cet opus. On trouve autant des atmosphères très Heavy, enjouées et claires, que des ambiances plus Dark/Doom, surtout portées par le synthé. Difficile donc de trouver ces repères avec cette formation hongroise qui mêle un chant lancinant et limpide avec des guitares tantôt joyeuses, tantôt maladives. La batterie quand à elle manque d’originalité en comparaison… carrée et posée, elle soutient l’ensemble sans jamais se faire trop remarquer. La bonne nouvelle est que Psychogeist laisse entendre de vraies lignes de basse, chose suffisamment rare pour être soulignée dans le monde du Metal !
Le chant a la fâcheuse tendance à toujours suivre la mélodie des guitares. L’effet est surprenant et appréciable au début, on s’en lasse vite. On aurait aimé un peu plus de variations, de vie dans ses paroles.
L’aventure Psychogeist est bien construite, cohérente (un riff vient assurer la continuité entre « Fate’s Door » et « Breaking Away ») et utilise une histoire passionnante, un psycho-thriller de renommée internationale. Cette ode conte au long de 6 chansons l’histoire d’une mère de famille, qui de nombreuses années après la fuite de son mari et de son fils, retrouve le premier mort et le second traumatisé. Elle va vite découvrir que son enfant a subi d’importants sévices psychologiques, et que le gouvernement n’y est pas étranger. L’histoire, tout droit tirée du roman « Une porte sur l’hiver » écrit par Dean R. Koontz, se prête idéalement à l’univers médicamenteux d’AGE OF NEMESIS.
Là est le principale défaut des hongrois. De la médecine, ils n’ont pas intégré dans leur musique la peur, les déviances et les dangers mais le caractère aseptisé et propre. L’album apparaît vraiment lisse, et l’heure complète que dure cet album risque d’avoir du mal à passer.
AGE OF NEMESIS mérite d’être remarqué par son parcours semé d’épreuves, sa musique vraiment personnelle et son sens de l’art. Un album n’est pas seulement un support audio avec eux, mais un univers combinant visuels, littérature et ambiances. Dommage que le clip au budget trop serré n’ait pu rendre tous ces sens. Les fans de Progressifs qui veulent faire une pause en DREAM THEATER et SYMPHONY X trouveront peut être là leur salut…