Les groupes de Doom / Gothic Metal ont le vent en poupe en ce moment à en croire les ventes et le succès rencontrés par des formations telles que KATATONIA, MY DYING BRIDE ou MOONSPELL. Nouveau poulain dans la célèbre écurie Anglaise Peaceville Records, les Italiens de NOVEMBRE ont commencé leur carrière en 1990, époque à laquelle ils s’appelaient encore CATACOMB.
Le trio Romain composé des frères Orlando (Carmelo aux guitares et au chant, Giuseppe à la batterie) et de Massimiliano Pagliuso à la guitare en est à sa cinquième livraison studio avec ce Materia. Les Transalpins avaient entre-temps produit des albums qui ont connu du succès comme Dreams d’Azur en 2002 (ré-enregistrement de leur premier album Wish I Could Dream It Again) ou Novembrine Waltz édité en 2001.
Fini donc le Death Progressif présent sur Novembrine Waltz, le trio Romain a radicalement changé de direction et opté pour un Gothic Metal mélancolique, doux et enchanteur. Et force est de constater que NOVEMBRE n’a pas grand chose à envier aux groupes cités ci-dessus ! Au contraire, les Italiens s’en sortent avec les honneurs et démontrent qu’ils sont capables de catcher dans la même catégorie. Tout d’abord, on ne peut que louer leur propension à écrire leurs textes en italien et en anglais. Les paroles dans la langue de Dante se marient parfaitement avec le style pratiqué. De plus, les vocaux suaves tout en réverbe de Carmelo Orlando participent à la création de ce charme méditerranéen. Les riffs vaporeux et aériens de la doublette Orlando/Pagliuso sont en harmonies avec ses lignes vocales.
Généreux dans leurs expérimentations, surtout après un album de Death Prog’, les Romains n’hésitent pas à sortir des sentiers battus et à prendre leur public à contre-pied. Album aux nuances chargé d’ambiances spleen, les morceaux sont séduisants et emplis d’émotions. NOVEMBRE fait étalage de sa grande ouverture d’esprit à travers l’opus. Nombreux sont les passages mélodieux, à tel point que Materia constitue une sorte d’invitation à un voyage onirique dans un monde poétique et cafardeux à la fois. On passe ainsi des mélodies planantes et mélancoliques comme sur les titres « Verne » ou « Jules » à des morceaux plus durs mais tout aussi envoûtant comme le single « Memoria Stoica/ Vetro » et « Comedia », une piste bien plus nerveuse et qui renoue avec le passé musical de NOVEMBRE. D’autre part, pour montrer que les Italiens sont de bons songwriters, l’hypnotique et éthéré « The Promise » porte bien son nom. Quant au morceau éponyme, il s’agit là de Doom dans sa splendeur, sombre et morose, un des rare titre ou C.Orlando pose des voix typées Death. La plage dix répondant du nom de « Croma » se veut pour sa part être un titre à l’ambiance spleenesque et torturée.
La production rend grâce au talent du trio. Pas grand chose à redire si ce n’est que le gros son se fond bien avec des arrangements tout en discrétion et en douceur. Maintenant, revers de la médaille car il y en a un, là où réside la force de cet opus avec cette profusion de mélodies doucereuses et accablées, on ne peut que faire la mou lorsque l’on se rend compte de la longue durée des morceaux, ce qui peut procurer à l’auditeur un évident coup de fatigue et de déconcentration. Plus d’une heure, et on attend qu’une chose à la fin… la fin justement ! Nonobstant, les Italiens ont frappé un grand coup cette année avec ce bon album et prouve que l’Italie sait produire pas mal de groupes de Metal dans des styles divers et variés. Une direction qui nous espérons sera maintenu par NOVEMBRE…