De grosses lettres capitales style panneaux lumineux de Las Vegas, cinq garçons aux poses sérieuses et lunettes noires… De quoi être sûr que le CD se cachant derrière cet artwork n’est pas Metal. NIHIL vient de Bordeaux (comme ses regrettés grands frères de NOIR DESIR) et sort là son quatrième album studio. Depuis 7 ans déjà, la formation s’est taillée une bonne réputation dans le milieu Pop/Rock français. Heureusement nous avons à faire ici avec du vrai Rock, donc paroles essentiellement en anglais. Le groupe tire ses influences des plus éminents et variés de ses confrères : U2, COLDPLAY, un peu de MUSE de-ci de-là…
Ce Figures & Creatures est magnifiquement introduit par « Under The Surface », sombre litanie aux paroles répétitives, qui s’enroulent sur elles-mêmes telles un bon spleen baudelairien, cette mise en bouche attise notre curiosité. Les titres qui s’en suivent sont un peu lisses mais émouvants à la longue, on se laisse prendre au jeu. Les mélodies sont bien fomentées, mais manquent de surprise. Le Rock de NIHIL est certes très bon, les musiciens sont de bonne qualité, mais j’aurais personnellement préféré des influences plus disparates, quelques brisures de style et de tempo. L’album est ouvert à un public très large, bien au-delà du cercle des métalleux. A vous de voir si votre écoute est éclectique est suffisamment large d’esprit pour tendre l’oreille vers ce groupe Pop Rock. NIHIL puise pas mal d’influences chez les groupes américains tels CREED ou ALTER BRIDGE, l’énergie en moins. Figures & Creatures est très calme dans l’ensemble. Le chant français sur « Cautérise » n’est pas forcément le bienvenue : loin de nous rappeler un NOIR DESIR ou NO ONE IS INNOCENT, ce sont plutôt des groupes comme KYO et AQME qui me viennent à l’esprit. Le timbre et les mélodies du chanteur ont beaucoup à gagner en utiliser principalement la langue de Shakespeare, cela passe tout simplement mieux, le chant francophone sonne un peu « cheap ». La formation toulousaine s’en sort bien, car il devient vraiment ardu de percer dans le Rock Français, style trop revisité et éclipsé par des influences plus Pop/Acoustique (il suffit de voir le succès de M, LA GRANDE SOPHIE et consorts). NIHIL est donc une des dernières figures nationales d’un Rock fort en émotions, mélancolique mais qui ne perd pas en route sa corrosivité.
Si on peut se demander pourquoi NIHIL se retrouve sur Metal Impact, on ne peut en tout cas qu’apprécier un retour en arrière de quelques années ou le Rock pur et dur marchait bien en France, on se réjouit de ces douces mélodies sombres, de cette voix nasillarde qui expulse ses sentiments. Laissons nous bercer par « Someone We Hate » ou « The Art Of Confusion », ouvrons nous sur le vaste lever de soleil façon NIHIL…