AUDREY HORNE (no) - Torkjell "Toschie" Rød (Juil-2015)
Si AUDREY HORNE a déjà dix ans d'existence, le combo norvégien n'a véritablement explosé sur la scène internationale que depuis la sortie de Youngblood. Il s'agit d'un véritable manifeste de Hard Rock qui leur a permis de toucher un public nettement plus large et de se faire un nom. Leur deux premiers opus étant très éloigné de leur style actuel, il aura fallu trois pépites métalliques pour que le gang de Bergen trouve enfin son territoire musical. Une véritable révélation qui leur a permis de tourner intensément en Europe ces trois dernières années et de se faire remarquer dans de nombreux festivals, personne n'a oublié leur prestation au Hellfest en 2013 qui leur a ouvert les portes de l'hexagone. C'est à l'aube de leur tournée européenne destinée à défendre Pure Heavy que nous avons pu soumettre à la question Toschie ; le chanteur atypique de la formation. Entretien avec un garçon versatile et très loquace, visiblement heureux de la tournure des évènements. Notre ami étant conscient de vivre un rêve éveillé ! Magnéto Toschie, c'est à toi.
Line-up : Torkjell "Toschie" Rød (chant), Arve "Ice Dale" Isdal (guitare), Thomas Tofthagen (guitare), Espen Lien (basse), Kjetil Greve (batterie)
Discographie : Confessions And Alcohol (EP, Tuba Records/DogJob, 2005); No Hay Banda (Tube Racords / DogJob, 2005); Le Fol (Indie Recordings, 2007); Audrey Horne (Indie Recordings, 2010); Youngblood (Napalm Records, 2013); Pure Heavy (Napalm Records, 2014)
M-I Interviews du groupe : Torkjell "Toschie" Rød (Mai-2010), Torkjell "Toschie" Rød (Juil-2015)
Metal-Impact. Bonjour, quel souvenir gardes-tu de votre concert au Hellfest ?
Torkjell "Toschie" Rød. Oh, c'était incroyable ! C'est juste un de mes concerts favoris. On a joué très tôt dans la journée, il y avait beaucoup de monde et ils se sont vraiment montrés intéressé par notre musique. On a vraiment apprécié. Depuis le Hellfest, à chaque fois que nous venons jouer en France, il y a toujours des fans qui viennent nous voir pour nous dire qu'ils nous ont découvert au Hellfest. Je pense que ce concert nous a permis de progresser en France et de toucher un public de plus en plus nombreux. Cela a été pour nous une très bonne opportunité, un concert très important.
MI. Peu après, vous avez joué en tête d'affiche au divan du monde !
Toschie. Oui, à chaque fois que nous jouons en France et spécialement à Paris c'est fantastique. La dernière fois que nous avons donné un concert dans la capitale, il y avait un très bon public. Pour certaines raisons, notre style semble être apprécié par le public français. C'est quelque chose que nous apprécions, on a hâte de revenir jouer à Paris et un peu partout en France. On a aussi joué à Marseille il y a quelques années, c'est vraiment une ville très Rock. Il y avait aussi un très bon public, je suis vraiment impatient de revenir jouer chez vous.
MI. Qu'est-ce qui vous pousse à revenir tourner une fois de plus en Europe ?
Toschie. Il devrait y avoir un nouvel album et c'est une des raisons qui nous pousse à revenir. Nous allons enregistrer prochainement, je pense que ce sera l'année prochaine et nous verrons comment tout cela évolue. Pour cette tournée nous allons jouer certains titres de nos albums précédents et bien sûr de Pure Heavy. Ce sera un peu différent de la fois précédente car nous voulons offrir un nouveau show aux gens qui viendrons nous voir, il y aura bien sur des morceaux que nous jouons régulièrement mais aussi quelques titres que nous n'avons jamais joué. On veut changer un peu notre set, on ne veut pas revenir et jouer les mêmes titres à chaque fois.
MI. Allez-vous jouer des morceaux qui figureront sur votre prochain album ?
Toschie. Peut-être, une chose est sûre : nous aimerions bien le faire. C'est un exercice que nous avons pratiqué à de nombreuses reprises avant de rentrer en studio. On aime tester nos nouveaux titres en les jouant en live, c'est toujours bien d'offrir quelque chose de nouveau à son public. C'est aussi très bien pour nous de tester de nouveaux morceaux et de voir la réponse du public et les sensations qui se dégagent sur scène. C'est très différent lorsque tu les joue en répétition. On l'a fait pendant de nombreuses années et je pense que c'est une très bonne idée. C'est toujours très intéressant de voir comment tes chansons passent le cap de la scène. On aime voir si cela fonctionne ou pas, on va peut-être le refaire mais pour l'instant on n'en est pas sûr. Peut-être.
MI. Vous arrive-t-il de modifier les morceaux en fonction de la réaction du public ?
Toschie. Non, nous ne saurions pas quoi modifier. Bien sûr on tient compte de leurs réactions notamment lorsque les fans viennent te voir après le concert pour te dire que c'était un bon show mais qu'ils n'appréciaient pas les nouveaux morceaux. Dans ce cas on se demande pourquoi il ne les aime pas, on essaye d'y réfléchir en portant un regard extérieur. C'est un peu le problème lorsque tu composes tu ne sais jamais quel va être la réaction des gens. Forcément, il y a des avis différents. C'est pour cela que l'on joue ces titres en concerts ou devant des amis, on veut avoir un retour car c'est toujours intéressant d'avoir la réaction de personnes extérieures au groupe. Tu n'as pas ce recul en tant que musicien car tu es trop impliqué, tu es un peu aveugle en quelque sorte. Parfois, il est difficile d'avoir une vision réaliste, c'est toujours bon de les proposer à des gens qui sont hors du combo. Parfois, si le morceau est trop long ou autre on pourrait le changer mais si on l'aime on le garde et c'est tout. Je pense que c'est une bonne chose, nous n'avons jamais modifié un titre parce que quelqu'un nous le demandait. Il faut nous apporter des arguments qui nous pousseraient à agir de telle sorte.
MI. Penses-tu enregistrer le nouvel opus avec la même équipe qui avait travaillé sur Pure Heavy ?
Toschie. Pour être honnête, je ne pense pas. On a déjà enregistré deux albums avec eux, ils avaient produit aussi Youngblood. On réfléchit, on est très heureux de ce que l'on a fait avec eux. Mais il faut toujours évoluer dans un certain sens. On a envie de tenter quelque chose de nouveau, de travailler avec des nouveaux producteurs pour obtenir un angle différent, on a envie de tenter des choses différentes. Le problème n'est pas de savoir avec quel type de producteur on pourrait travailler mais plutôt d'obtenir le son qui nous convient. Le producteur ne fait pas tout, il y a aussi le groupe. METALLICA a travaillé avec Bob Rock mais s'il travaille avec quelqu'un d'autre cela reste toujours du METALLICA. Certains producteurs peuvent apporter du cœur à un album mais à la fin tout le monde peut être aveuglé. La formation écrit les morceaux et le producteur peut avoir sa propre opinion de comment les titres doivent sonner. Si un album n'est pas bon, c'est injuste de rendre le producteur responsable parce qu'au fond c'est juste le type qui aide à obtenir le meilleur du combo. Mais pour faire un bon opus, le groupe doit être bon. Certains groupes ont enregistré des opus qui ne sont pas très bons, je ne citerai pas de nom mais ce n'est pas parce que le producteur était mauvais. Mais tout simplement parce qu'ils n'avaient pas écrit de bons morceaux. Il faut d'abord écrire de bons morceaux et ça le fera, tu ne peux pas vraiment blâmer le producteur du résultat.
MI. As-tu une idée de qui pourrait produire le nouvel opus ?
Toschie. On a entamé des discussions avec plusieurs personnes mais on ne sait pas vraiment qui va se charger de la production. On aimerait retravailler avec Joe Barresi, il est américain et a produit notre troisième album. C'est un bon producteur et on a enregistré un très bon opus avec lui, peut être allons-nous retenter l'expérience. On a aussi des amis à Bergen qui pourraient aussi faire du bon travail. On a plusieurs pistes mais pour l'instant on ne sait pas avec qui on va travailler. On veut tout d'abord écrire de nouvelles chansons. Ensuite, on aura une idée de ce que pourrait être l'album et on pourra choisir le producteur qui sera le meilleur pour produire ces titres.
MI. Youngblood et Pure Heavy ont très bien fonctionné, est-ce que cela a été facile de composer de nouveaux titres à la suite de ce succès ?
Toschie. Pas vraiment, ce n'est jamais facile de composer de nouveaux morceaux. Parfois cela va très vite et on arrive à écrire un morceau en 20 minutes. C'est un peu extrême, bien sûr sans les paroles et les arrangements. Parfois, il faut plusieurs mois pour terminer un titre. Ce n'est jamais facile d'écrire de nouvelles chansons. C'est marrant de composer mais cela peut être dur et c'est toujours un challenge. Youngblood et Pure Heavy ont eu beaucoup de succès et cela nous a amené à réfléchir. Ce n'est pas parce qu'ils ont bien marché qu'il faut en refaire une copie.
MI. Vous allez changer musicalement ?
Toschie. Je pense que ce sera le même type de musique à savoir du Classic Hard Rock et on va l'enregistrer en live comme nous l'avons fait sur les deux derniers opus. Mais on ne va pas refaire le même album, on a envie de se lancer un défi sans dénaturer notre musique. Certains morceaux seront peut-être plus progressifs, d'autres plus lents ou plus Hard et rapides. On veut apporter quelque chose de neuf et ne pas se répéter, on ne veut pas faire toujours la même chose. Cela risque de devenir ennuyeux à la fois pour nous et pour le public. Ce ne sera pas un album totalement différent, il sera dans la même direction musicale mais on veut y apporter un peu de piment.
MI. Tu es un très grand fan de KISS au point de te faire tatouer le visage D'ace Fhreley !
Toschie. Oui au bas de ma nuque !
MI. Que représente KISS pour toi ?
Toschie. J'ai grandi avec KISS. Quand tu vois KISS pour la première fois et que tu es un enfant, pour toi se sont des super héros, ils ne sont pas humains. Tout cela est accentué par cette image et tout le merchandising autour ainsi que par les concerts. Et puis, ils ont écrit de très très bons morceaux en plus de ce look incroyable. Lorsque tu es enfant et que tu vois cet ensemble que sont les maquillages, les concerts, les bandes dessinés, les vidéos ; tu es forcément en admiration, whaow ! Certains gosses sont fans de superman et moi c'est KISS ! C'est magique. On ne retrouve plus aujourd'hui cette magie qui existait lorsque que j'étais petit. Je les aime toujours même si j'ai grandi, ils ont toujours su progresser. Je sais qu'ils commencent à se faire vieux, c'est simplement des musiciens dans un groupe mais quand j'étais enfant c'était des super héros. J'ai toujours gardé cela en moi et j'ai un grand respect pour eux. C'est la formation qui a fait que j'ai voulu devenir musicien et monter mon propre combo. Ils m'ont beaucoup inspiré, j'ai toujours voulu avoir le même impact sur le public qu'eux. C'est ce que représente KISS pour moi, c'est une de mes grandes inspirations avec d'autres formations bien sûr. Et puis le maquillage m'a toujours énormément plu.
MI. Penses-tu qu'une formation de nos jours puisse retrouver cette magie qu'avait BLACK SABBATH, KISS ou IRON MAIDEN ?
Toschie. Non pour être honnête, je ne le pense vraiment pas. KISS était entouré de tout un mystère mais c'était avant internet et tout ce flot d'informations dont on dispose aujourd'hui. C'est impossible aujourd'hui de garder ce mystère. Ils ont réussi à se cacher du monde entier pendant de nombreuses années. Lorsque j'étais gosse, personne ne savait qui se dissimulait derrière le maquillage. C'était un mystère total et c'est cela qui était fascinant. De nos jours, grâce à internet, l'information serait divulguée dans les cinq minutes. Au fur et à mesure que la communication s'est développée, les concepts ont évolué comme les journalistes qui sont à la recherche de plus en plus d'informations. Cela va de plus en plus vite et cela ne s'arrêtera jamais. On ne peut pas retrouver des groupes comme KISS, BLACK SABBATH ou les ROLLING STONES, ils ont toujours un énorme public à leurs concerts. KISS touche des gens issus de plusieurs générations, c'est unique.
MI. Penses-tu qu'un groupe puisse mieux faire dans l'avenir ?
Toschie. Je pense que tout est possible mais c'est très dur car les temps ont changés. Quand tu sors un album, la semaine d'après tu es déjà remplacé par un autre combo. Lorsque que j'étais jeune, un album restait pendant un an dans toutes les mémoires. Il se plaçait dans le top 5 pendant de long mois. Aujourd'hui, un opus va rester dans le top 5 une semaine et sera très vite remplacé vu le nombre de sorties. Tout change très vite et les gens veulent toujours plus de nouveau. Tu n'as plus de fans fidèles comme autrefois qui te suivaient au fil des années. Je trouve toujours incroyable que nous ayons des fans, qu'il y ait des gens qui nous suivent et nous apprécie depuis dix ans. Il y a tant de nouvelles formations qui se forment, je trouve que ce qui nous arrive est incroyable. Je ne pense pas que cela soit impossible mais de nos jours c'est très difficile de devenir aussi important que METALLICA. Nous vivons dans une époque différente. Tu peux avoir du succès mais pas à ce niveau, c'est extrêmement difficile.
MI. Pure Heavy est une plaisanterie qui est née entre vous ou c'est vraiment l'esprit d'AUDREY HORNE ?
Toschie. Oui à des niveaux différents c'est cela. Mais tout a commencé par une plaisanterie qui est née lorsque nous cherchions un titre. On en parlait ensemble et ce qui revenait c'est que tout nous paraissait Heavy dans cet album que ce soit au niveau des solos de guitares des rythmes et tout le monde plaisantait sur le fait que l'on trouvait tout Heavy à chaque fois. Quant il a fallu se décider à trouver un titre notre bassiste nous a dit : " Pourquoi ne pas l'appeler tout simplement Heavy ?". Ce qui coulait de source vu qu'on en parlait tout le temps lors des sessions d'enregistrement. On hésitait et on s'est dit pourquoi ne pas l'appeler Pure Heavy ? Au final, pourquoi pas cela représentait bien l'atmosphère de l'enregistrement. Après c'est vrai que c'est un cliché, certains vont trouver ce titre stupide, d'autres vont le trouver marrant, d'autres vont apprécier, il y a différentes manières de réagir. On voulait l'appeler Pure Heavy et on l'a fait. Nous sommes comme des enfants, c'est nous au final qui décidons comment doit s'appeler notre album. Et ce titre nous plaisait bien.
MI. Thomas Tofthagen a déclaré avoir recherché le son de guitare de Killers d'IRON MAIDEN, c'est une influence pour vous ?
Toschie. Oui et je pense que ça l'est pour de nombreux musiciens d'AUDREY HORNE. Nous avons énormément été influencé par eux tout comme notre producteur. Nous étions en plein enregistrement de Youngblood quand il nous a rejoint, il n'a pas produit celui-là mais il l'a mixé. Lorsqu'il est passé nous étions en train d'enregistrer "Demolition Blues". Et lorsqu'il a entendu ce morceau, il a trouvé que cela sonnait comme les premiers albums d'IRON MAIDEN. Il a de ce fait voulu mixer l'opus et il l'a fait. Lorsque nous avons voulu enregistrer Pure Heavy, nous avons voulu qu'il le produise et le mixe et il était d'accord. Donc oui, nous sommes influencés par IRON MAIDEN tout comme notre producteur.
MI. Vous avez ouvert pour IRON MAIDEN à Bergen !
Toschie. Oui mais ce n'était pas avec AUDREY HORNE mais avec SAGH. Ils ont assuré leur première partie et Thomas est un fan depuis son enfance. Pour lui ouvrir pour eux, les rencontrer c'était un moment important. C'est très personnel. C'est le genre de chose que tu dois faire avant de mourir ! [Rires]
MI. Tu aimerais ouvrir pour KISS ?
Toschie. Oui, cela serait bien.
MI. Est-ce que le rêve est toujours présent ?
Toschie. Oui, si j'avais l'opportunité d'ouvrir pour eux cela serait un rêve d'enfant qui se réaliserait. C'est quelque chose dont je rêve. Mais je n'ai jamais pensé que cela pourrait se réaliser. Je vis un rêve en ce moment, j'ai l'opportunité de tourner à travers le monde entier, c'est quelque chose que je n'aurai jamais imaginé lorsque j'étais jeune. Jouer dans un groupe, voyager, avoir des fans qui viennent nous voir sur scène ! J'en ai rêvé quand j'étais enfant mais sans y croire. Si je pouvais ouvrir pour KISS, cela serait comme atteinte une sorte de Graal car c'est un de mes rêves absolus.
MI. Pour terminer, quelle est la philosophie d'AUDREY HORNE ?
Toschie. Je sais que de nombreuses formations disent la même chose mais c'est vrai pour nous et de nombreux groupes : quand tu commences à jouer de la musique tu le fais parce que c'est ce que tu veux faire toute ta vie. Lorsque tu débutes, tu veux devenir comme l'un de tes groupes favoris. Cela a toujours été notre idée enregistrer et sortir des albums, donner des concerts et faire en sorte que si c'était moi qui étais dans le public, j'apprécierai le combo qui est sur scène. On veut aussi faire de la musique pour nous-mêmes car c'est impossible de composer des morceaux en fonction de l'attente du public. On veut enregistrer des disques que l'on aimerait acheter. Ensuite, tu ne peux qu'espérer que le public ressentira la même chose. Si tu commences à te demander ce que les gens apprécient, qu'est ce qui pourrait être populaire ; tu loupes ton objectif car tu ne vas pas apprécier travailler dans ce sens et cela va devenir un travail. Tout ce que nous voulons faire, c'est quelque chose qui nous donne du plaisir, que nous allons apprécier. C'est ce que nous aimons par-dessus tout. C'est la même chose pour les concerts. Nous y prenons du plaisir même si il n'y a que dix personnes dans la salle et que la scène est pourrie. Notre état d'esprit est de nous dire que même si les conditions sont exécrables, ces dix personnes ont payé et nous voulons leur donner le meilleur show qu'ils aient vu depuis longtemps. Il doit être aussi exceptionnel qu'un concert devant 500 personnes. Nous voulons avant tout aimer ce que nous faisons, être nous-mêmes et partager tout cela avec le public.
MI. Merci beaucoup.
Toschie. Merci à toi.
Ajouté : Mardi 22 Septembre 2015 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Audrey Horne Website Hits: 9335
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