A n’en point douter, les sonorités Emo sont devenues un standard pour de nombreuses formations modernes, et le public n’a pas l’air de s’en plaindre puisque les ventes n’en démordent pas depuis quelques temps. Sans partir dans un débat interminable, je pense qu’il faut tout de même différencier deux courants. Le premier, à l’origine du mouvement, underground et hargneux (qui évoluera vers le Screamo) doté de groupes comme ORCHID, ENVY… Le second, surfant sur la vague et utilisant certains ingrédients mielleux pour faire avaler la pilule au grand public (FUNERAL FOR A FRIEND, MY CHEMICAL ROMANCE…). Ne les blâmons pas, ce ne sont pas les premiers (sans doutes pas les derniers non plus), et ils sont souvent un pont pour que le public approfondisse son écoute et découvre enfin la réalité du mouvement.
DRAFT se situe selon moi plutôt dans le premier courant, diluant un Emocore très épuré loin de tous les effets que l’on entend généralement sur les productions actuelles. Un seul son de guitare, un seul son de basse, aucune fioriture. Quoi de plus Rock n’ Roll ? Les musiciens n’ont pas à rajouter 5 pistes à chaque instrument pour combler un vide potentiel. L’énergie du groupe suffit amplement. Les riffs guitares nerveux et mélodiques prennent aux tripes, aidés par une basse ronde et imposante. Le chant, fortement influencé par ORCHID, sait apporter la puissance et l’intensité nécessaire à l’ensemble. On aboutit donc sur un mélange plutôt efficace, et même s’il se fait assez linéaire tout au long des 10 titres, on ne se lasse pas vraiment au regard des mélodies variées et des nombreuses subtilités. Quant à la production, elle rend parfaitement justice à cette volonté du groupe d’obtenir une galette simple et efficace, sans artifices. On est donc ravie. Rendez-vous au prochain opus, pour peut être dépasser le domaine de l’agréable…