Voilà le genre de surprise que nous réserve encore la scène Metal après plusieurs lustres de pérégrinations sur ces terres que le commun des mortels n’a jamais piétinées, par dédain ou par peur : OATH TO VANQUISH et son Grind furieux nous vient du Liban. Et pour une fois qu’au Moyen-Orient, ce sont les décibels qui assourdissent, plutôt que les bombes, on ne peut qu’applaudir.
Le Grind de OATH TO VANQUISH n’est pas renversant mais comment faire la fine bouche devant un skeud sonore en provenance d’une contrée où s’affrontent régulièrement fanatismes et obscurantismes religieux ? A défaut d’être originales, les 9 compos sont en outre réellement puissantes, d’autant que la production est tout à fait correcte (album mixé et masterisé par Colin Davis de VILE).
OTV ne prend pas prétexte du style dans lequel il officie pour délivrer des morceaux déstructurés, décousus et dénoués de toute technicité. En effet, les breaks sont particulièrement nombreux mais tout aussi dévastateurs. Et l’on a du mal à croire qu’ils ne sont que trois lascars, là où on croirait qu’une armée s’abat sur nous. L’auditeur dyspnéique sera bien en peine car il est difficile de reprendre sa respiration face à une telle avalanche d’agressivité. L’interlude instrumentale « Sorrow In Adornment » et ses claviers classiques apportent un peu de finesse dans un monde de brutes mais pour 24 secondes seulement… Que dire de cette basse organique, plasmatique, qui ouvre « Dearly Beheaded », pour nous plonger dans un univers sombre et moite où la lumière ne pénètre pas ? Les vocaux, tantôt écorchés, se font aussi porcins : un acte particulièrement courageux, pour ne pas dire inconscient dans une partie du monde où la religion musulmane domine. Les morceaux les plus réussis de ce Applied Schizophrenic Science sont sans contexte les plus longs de l’album, avec près de 6 minutes chacun : « Funeral In F Sharp » et « Coat-Hanger Massacre ». Dire que ces titres sont aussi les plus aboutis est des plus encourageants pour cette jeune formation, qui comprend en ses rangs des musiciens qui ne sont pas dénués de talent, avec une mention spéciale le bassiste, également chanteur, Cyril (« Funeral In F Sharp », « Coat-Hanger Massacre », « Sulphuric Semen »).
Applied Schizophrenic Science : un album qui devrait attirer les amateurs de Grind qui tache et que tous les métalleux curieux ne sauraient ignorer.