VIIDES LUKU – HÄVITETTY. Chapitre Cinq : Ravagé traduit en finnois. Cinquième livraison des Finlandais de MOONSORROW, auteurs d’albums de Black Pagan talentueux et inattendus et modernes. D’originalité il en est question tout au long de cet opus. Les frères Sorvali et leurs acolytes pourvoient ici une œuvre authentique et inédite comprenant deux titres. Non que cela soit la première fois que cela se produit, cette pratique de sortir des albums concepts comprenant peu de titres dans le monde du Black et du Pagan Viking est d’ailleurs plutôt monnaie courante, cet usage occasionnant un défi artistique et un génie créatif affirmé que l’on décèle dans des formations telles que MOONSORROW. Depuis 2001 que ces cinq hommes du Nord nous procurent un vent de fraîcheur par le biais de leurs compositions si prenantes déclamées et braillées en finnois. Des albums tels que Voimasta Ja Kunniasta ou Verisakeetresteront longtemps dans les mémoires des connaisseurs du genre.
Ici, deux plages musicales : « Jaasta Syntynyt Varjoren Virta » ou plus aisément « Born of Ice Stream of Shadows » durant une demi-heure suivie de « Tuleen Ajettu Maa (A Land Driven Into The Fire) » pour une durée de vingt cinq minutes. Oeuvre dense aux mouvements épiques, agressifs, posés et plus calmes, MOONSORROW a recours à une palette complète de sons et de passages pour nous amener dans son univers fait de glace et de feu. Une aura proche du chamanisme se dégage de cet album. La géographie et la flore, la faune des paysages monotones gelés et désolés des plaines enneigées remplies de bouleaux et de conifères sont retranscris magnifiquement sur cet album de Epic Heathen Metal.
La première piste, fondée autour d’une introduction aux consonances atmosphériques, MOONSORROW nous transporte vers un monde onirique, où les cavernes de glaces éternelles sont traversées de rivières de flammes et de souffre. Au bout d’environ sept minutes, les riffs et les rythmiques et tout l’attirail du Black font leur entrée dans cette danse septentrionale. Aussi bien lentes que plaignantes à la limite du Doom par moment, les cinq finlandais nous maintiennent en éveil et nous plonge guère dans un sommeil éternel fait d’ennui et de désolation. L’impression qui fait que le morceau est réussi se remarque dans ce contraste des ambiances, des rythmiques, des atmosphères. Cela est accompli du fait que les transitions soient remarquables et que l’on ait la bonne impression d’entendre plusieurs morceaux en un. La seconde plage et son intro aux incantations chamaniques. Le ton se durcit dès la troisième minute. Ce titre insiste plus sur une ambiance Pagan aux allures épiques marquées. Les passages Heavy ont ici une plus grande place pour construire des ambiances plus toniques et ensorcelantes. Les influences de BATHORY époque Hammerheart, Blood, Fire, Death sont tangibles et reconnaissables. Thèmes narrant des histoires toujours plus ténébreuses et plus pesantes, mieux vaut ne pas se perdre dans ce genre de contrées, semblent nous aviser les paroles des textes remplies de ravage lyrique. Bien évidemment, ce genre d’oeuvre musicale peut être soit prises pour de la mégalomanie de la part des musiciens ou soit pour une simple envie de repousser les limites du genre et de leur discographie. Difficile il sera à des auditeurs novices de s’immerger dans ce genre d’albums concepts. Ainsi, une totale attention de la part de l’auditeur est obligatoirement requise. Un fil conducteur tout le long des deux mouvements maintient le spectateur de ce chapitre alerte, ne sombrant jamais dans la monotonie. La production perpétrée de la main de Ahti Kortelainen procure un son écrasant dans les moments agressifs et des sonorités suaves s’accordant avec cet opus sombre et solennel, sauvage et raffiné. Thomas Vaananen le chanteur de THYRFING autre ponte du genre vient pousser la chansonnette sur l’album. Cinquième album dans la chronologie MOONSORROW, il va de soi que cette oeuvre naturiste, vantant les mérites de la Nature est la moins abordable de leur discographie. Si vous n’êtes pas doté de patience, mieux vaudra passer votre chemin car ce nouveau sentier tracé par MOONSORROW vous semblera soit trop périlleux soit trop aride pour que vous parveniez au bout de l’album. MOONSORROW, la douleur de la Lune, mainient toujours et encore la barre haute.