Alors que certains groupes, comme LORDI, misent sur leur apparence pour assurer leur notoriété, BATTLELORE semble avoir décidé de mettre ses costumes d’elfes et autres accessoires au placard. Visuel portant vers le monochrome, références moins appuyées à l’univers de Tolkien, BATTLELORE a choisi d’apporter une dose de sobriété à sa musique. L’aspect symphonique et épique apparaît en effet en retrait au profit d’une approche plus directe, plus agressive et plus sombre. Pour autant, les compos restent aussi fouillées, avec des claviers presque omniprésents. De là à dire que Evernight est l’album de la maturité, il n’y a qu’un pas que l’auditeur sera libre de franchir ou pas. Le groupe joue toujours sur la dualité entre le chant de Kaisa Jouhki et les growls de Tomi Mykkänen, mais ces derniers sont plus affirmés, éclipsant même parfois Kaisa sur des passages aux accents Black (« Summoning The Wolves », « We Are The Legions »). Evernight n’est pas pour autant une œuvre qui dénote dans la discographie des Finlandais qui, s’ils revendiquent eux-mêmes l’étiquette “Epic Fantasy Metal”, proposent d’abord un Metal symphonique à chant féminin, aux similitudes beaucoup plus grandes avec un SIRENIA première période qu’avec un RHAPSODY. Certains morceaux témoignent toutefois plus que d’autres de l’influence épique et folklorique, notamment dans les rythmiques et l’utilisation de la flûte ou des chœurs (« Longing Horizon », « The Cloak And The Dagger », « Beneath The Waves »).
En mettant de côté ce qui avait fait son identité – aussi ridicule qu’elle ait pu être perçue par certains – BATTLELORE prend cependant le risque de se confronter à un style plus mainstream pour lequel il n’a pas forcément tous les atouts en main du fait, d’une part, d’une production en-deçà des autres formations de Metal symphonique (ce qui, d’un autre côté, lui donne un son bien à lui et une certaine authenticité), d’autre part, d’un Tomi au chant un peu trop monocorde. Pour qui aime le style, il serait malgré tout dommage de passer à côté de titres comme « House Of Heroes » ou « Longing Horizon » aux mélodies tout aussi enivrantes que la voix de Kaisa.