Après quatre années depuis leur dernier album studio, on se demandait ce qu’allait être le nouveau RAMMSTEIN. Les allemands s’étaient-ils calmés ou bien leur énergie était-elle toujours aussi présente ? La réponse arrive avec Mutter, un album dont le titre laisserait présager une accalmie. Et les premières notes de l’album confirment cette impression. Une intro au synthé, très mélodique et orchestrée, donne un fond pour appuyer la voix « douce » de Till. Mais les paroles, elles ne le sont pas… douces. Une bonne ambiance se crée. Et la voix monte, la batterie entre dans le morceau et les guitares déchirent le silence. Une claque nous balance contre la vitre d’à côté sur le riff au combien simple mais efficace de « Mein Hertz Brennt » tandis que les claviers de Flake nous imposent une mélodie symphonique qui reste dans la tête et s’insinue comme un ver malpropre. Et là, on se dit que le groupe ne s’est pas égaré en chemin. Enfin, pas tant qu’on le craignait.
Le tout est certes plus mélodique, moins techno puisque les boucles ont pour beaucoup disparus des morceaux, mais les guitares n’ont pas perdu de leur ferveur. En fait, il semble que les tempos se soient ralentis, mais les morceaux plus brutaux sont, quant à eux, plus rapides qu’avant (« Feuer Frei »). L’album contient quelques petites perles tout de même. « Ich Will », avec son petit son synthétique omniprésent et la voix de Till qui répète sans cesse « Ich Will » avant chaque phrase a tout du hit. Et c’est d’ailleurs ce qu’il deviendra, soutenu par un clip où le groupe montre une fois encore qu’il sait jouer avec son image et se mettre en scène. « Mutter » fait partie aussi des titres phare de l’album, même si il fait plus office de ballade. Pourtant, le chant de Till est envoûtant, et on est bien loin des débuts incertains sur « Seemann ». « Sonne » possède aussi son refrain qui fait frissonner. On peut aussi noter que le groupe n’a pas perdu son côté provocateur à caractère déluré avec des titres comme « Rein Raus ».
Au final, on se retrouve avec un album qui, même s’il n’égalera jamais l’effet qu’avait pu produire leurs deux premiers albums, est excellent. Il amorce un tournant dans l’univers du groupe. D’ailleurs, si celui-ci avait enregistré les morceaux initialement prévus, comme on peut le découvrir sur le DVD Lichtspielhaus dans l’interview du titre « Sonne », tout aurait été en finesse. Seulement, ils savaient que les gens attendaient quelque chose de plus brutal. Aussi, ils ont recomposés d’autres titres, plus brutaux. Mais bon, on le sent, on le sait, RAMMSTEIN va mûrir et le prochain album risque d’être encore différent.
Un conseil : visionnez le DVD Lichtspielhaus, vous y trouverez les clips des titres issus de cet album. Ils sont vraiment sympas, donnent une nouvelle dimension aux titres et sont souvent agrémentés d’interviews intéressants et instructifs. Et vous ne verrez plus jamais Blanche-Neige de la même manière ensuite…

Discographie Complète de RAMMSTEIN : Herzeleid (Album - 1995), Sehnsucht (Album - 1997), Live Aus Berlin (Album - 1999), Live Aus Berlin (DVD - 1999), Mutter (Album - 2001), Lichtspielhaus (DVD - 2001), Reise, Reise (Album - 2004), Rosenrot (Album - 2005), Völkerball (DVD - 2006), Liebe Ist Fur Alle Da (Album - 2009), Made In Germany (Best-Of - 2011)

Metal Impact Bonus :
RAMMSTEIN : Les Crasheurs De Feu (Book - 2006)
RAMMSTEIN (de) - Paul Landers (Interview - Dec-2009)