SOILWORK (se) - Björn "Speed" Strid (Janv-2005)
A l’occasion de la sortie de Stabbing The Drama, Bjorn, le chanteur aux magnifiques yeux bleus, a bien voulu répondre aux questions de Metal Impact. L’intervieweuse était aux anges…
Line-up : Björn Strid (chant), Ola Flink (basse), Ola Frenning (guitare), Peter Wichers (guitare), Sven Karlsson (claviers), Dirk Verbeuren (Batterie)
Discographie : Steelbath Suicide (1998), The Chainheart Machine (2000), A Predator's Portrait (2001), Natural Born Chaos (2002), Figure Number Five (2003), Stabbing The Drama (2005), Sworn To A Great Divide (2007), The Panic Broadcast (2010), The Living Infinite (2013)
M-I Interviews du groupe : SOILWORK (se) - Björn "Speed" Strid (Janv-2005), SOILWORK (se) - Björn "Speed" Strid (Jan-2013)
Metal-Impact. Tu dis que votre musique vous vient très naturellement. D’un autre côté, votre travail est très précis. Comment l’expliques-tu ?
Björn Strid. Je suis tout à fait d’accord avec toi. Cela nous vient très naturellement ; tout est très spontané. Mais nous aimons aussi beaucoup arranger la musique pour qu’elle soit parfaite. Nous avons des atmosphères très cool et de différents types, ce qui rend la musique tout aussi diverse et variée.
MI. "Stabbing The Drama" est paru une semaine plus tard aux Etats-Unis, pourquoi ?
Björn. Je n’en ai pas la moindre idée. C’est toujours comme ça. Peut-être que la distribution prend plus de temps là-bas…
MI. Tu disais qu’il était très important d’avoir des pochettes attrayantes pour éviter le téléchargement. Vous avez fait très simple pourtant cette fois…
Björn. Nous étions au départ partis sur un concept beaucoup plus abstrait mais nous nous sommes rendus compte que nous souhaitions une pochette plus directe et simple car c’est quelque chose qui se démarque tout autant dans un magasin. Quand tu rentres, habituellement, c’est un grand flou, très abstrait. Le titre de l’album est aussi assez direct, bien qu’abstrait en un sens. Cela reste une déclaration très forte de la part de Soilwork. Je voulais que l’artwork reflète cela.
MI. Quelle déclaration ?
Björn. Nous voulons poignarder le drame musical. Tout est sur-dramatisé avec les classements, les phénomènes de mode. Je voulais affirmer que nous nous tenons à l’écart avec notre musique. Nous faisons quelque chose d’unique qui mérite reconnaissance.
MI. Quand tu parles de « dédramatisation », tu veux dire que vous voulez juste vous éclater et divertir les gens ?
Björn. Les gens cherchent toujours à mettre des étiquettes… Je pense que chaque groupe mérite d’être critiqué séparément. Il faut arrêter d’enfermer les groupes dans certaines voies. Mais cette tendance se renforce malheureusement… Il y a tellement de mauvais groupes qui voient le jour en profitant d’une mode qu’on ne distingue plus ce qui est bon. Et certains groupes au contraire tombent dans l’oublie.
MI. Il y a pas mal de groupes de Death mélodique scandinaves. Vous cherchez à vous différentier ?
Björn. Pas vraiment. La Suède n’est plus ce qu’elle était au milieu des années 90. Tous les groupes avaient plus ou moins le même son mais maintenant, ce qui se fait est beaucoup plus personnel. La scène Metal est beaucoup plus intéressante. A l’époque, c’était juste un grand courant musical « le son Gothenburg », « le son Gothenburg », « le son Gothenburg »… tout le monde n’avait que ça à la bouche ! C’était juste un gros foutoir.
MI. Tu disais dans votre journal de bord que cet album était le travail le plus dur que vous aviez eu à effectuer depuis longtemps. Comment ça se fait ?
Björn. Nous sommes entrés en studio avec une semaine de retard. Il nous fallait donc bosser 12 heures par jour. C’était parfois très frustrant. C’est probablement l’un des enregistrements les plus difficiles que j’ai jamais fait mais après tout, quand tu as l’album entre les mains, il est génial. Il faut qu’il y ait un peu de souffrance et de plaisir derrière chaque album. Je crois que ça aide aussi.
MI. Tu disais en interview que tu aimais donner une direction légèrement différente à chaque album. Quelle est celle de "Stabbing The Drama" ?
Björn. Nous avons tendu vers un son plus nu, direct et brut. Je n’ai pas mis autant d’harmonies dans les lignes de chant ; on entend donc beaucoup plus le caractère de ma voix. Je dirais par conséquent que c’est aussi plus personnel. Les guitares ont aussi une bien plus grande présence dans le son.
MI. Et comment décrirais-tu ce son ?
Björn. Pour moi, c’est juste du Metal. Ce dernier album, par exemple, a une touche Metal plus affirmée que le précédent, qui était plus mid-tempo, plus « pop » en un sens parfois. « Stabbing The Drama » frappe plus fort. J’essaie de juger les groupes comme faisant du Metal ; pas de « oh, c’est du Metal britannique New Wave ». Je pense que cela aiderait la scène musicale si les gens pensaient comme ça en général.
MI. Y a-t-il un titre que tu penses préférer en live ?
Björn. Tous les titres sont très orientés vers le live ; l’album est fait pour être joué sur scène.
MI. Quel titre surprendra le plus vos fans ?
Björn. Le dernier morceau est assez différent de ce que nous avons fait par le passé, avec son côté sombre. La mélodie et le refrain ne ressemble à ce que Soilwork avait l’habitude de faire. C’est aussi un nouveau développement. Nous n’avons jamais craint de faire des expériences nouvelles avec notre musique.
MI. Vous avez l’habitude de faire des bonus tracks pour chaque album. Comment les choisissez-vous ?
Björn. Nous ne prenons jamais la décision avant d’entrer en studio. Nous enregistrons tout et ensuite nous cherchons ce qui ressemble le plus à un bonus –pas un mauvais titre, hein !– mais qui ne rentre pas tout à fait dans le cadre général de l’album ou ne transmet pas le même message musical.
MI. Après Henry et Richard, vous cherchez toujours un batteur. Cela n’a pas été trop dur de composer dans ces conditions ?
Björn. Pas vraiment puisque nous avons fait une tournée européenne pour Picking Up The Flag et Dirk jouait à la batterie. Cela a très bien marché même au niveau de la « chimie personnelle ». Nous le voulons dans le groupe mais il a son propre groupe, Scarve. Tôt ou tard, il nous faudra trouver une solution. Il n’y a personne d’autre pour jouer de la batterie sur nos albums. Personne ne peut le copier (ndlr : depuis Dirk Verbeuren fait partie de Soilwork).
MI. Donc, vous ne cherchez personne d’autre ?
Björn. Non, nous espérons pouvoir trouver une solution.
MI. Ce problème de chimie personnelle, c’est très important pour le groupe ?
Björn. Oui, c’est primordial. Je ne dis pas que nous ne nous disputons jamais mais les amis se disputent ! Mais être capable de se comprendre et se respecter est essentiel.
MI. Et dans le groupe, vous vous complétez ou vous vous ressemblez ?
Björn. Nous avons tous des caractères très différents. Chaque personne est unique, bien sûr. Ce serait plutôt inquiétant et ennuyeux si tout le monde s’adaptait à une sorte de norme de groupe, quand on est supposé agir d’une certaine façon. Je pense que c’est très important que chacun reste soi-même.
MI. Vous avez hâte de partir en tournée avec tous ces grands groupes ?
Björn. Oui, c’est un honneur. J’écoutais Dark Tranquility quand j’avais 13 ans. Et maintenant nous tournons avec eux en tant que têtes d’affiche. Cela fait un bon package.
MI. Ce n’est pas aussi une pression ?
Björn. Pas vraiment, je pense que nous avons ce qu’il faut. Nous sommes assez confiants et je pense que nous méritons une tournée à nous. Il est temps pour Soilwork.
MI. Et tu penses que vous êtres plutôt un groupe live ou de studio ?
Björn. Je dirais les deux. Nous adorons jouer en live et sommes devenus tellement meilleurs qu’il y a seulement deux ans ! Nous voulons donner aux fans un grand show.
MI. Et qu’est-ce que tu préfères ?
Björn. Les concerts. C’est sympa d’être en studio mais on est parfois trop « comprimés » ; trop de travail à faire ne trop peu de temps. Mais après, quand tu obtiens l’album, c’est fun.
MI. Comment vous vous préparez pour une tournée comme celle-là ?
Björn. On ne se prépare pas vraiment. Nous répétons un peu et j’essaie de prendre de l’exercice afin de ne pas perdre mon souffle.
MI. Comment choisissez-vous la set-list ?
Björn. D’habitude, nous nous asseyons tous ensemble et essayons de choisir au moins 1 ou 2 titres des premiers albums aussi. Maintenant que nous avons le plus long set, nous pouvons donner plus aux fans. C’est vraiment bien.
MI. Tu penses que votre public s’élargit ?
Björn. Oui, il y a tellement de gens qui aiment Soilwork alors qu’ils n’écoutent habituellement que de la pop. Et puis il y a les puristes qui écoutent du Black Metal et aiment aussi Soilwork. Notre musique est tellement diversifiée que je pense que notre base de fans s’élargit constamment ; c’est juste une question de promotion pour les atteindre.
MI. Depuis "Inferior Breed" cela fait maintenant 10 ans que le groupe a été fondé. Comment vois-tu toutes ces années ?
Björn. C’est passé tellement vite ! Je pense que nous avons eu de la chance après tout. Nous avons obtenu un contrat avec une maison de disque après notre première démo. Enfin, en fait nous en avions fait 2 mais la toute première n’était pas vraiment une démo. Nous avons obtenu un peu plus de succès après chaque album. Cela a été assez lent mais je pense que c’est une bonne chose pour un groupe d’avoir une progression.
MI. Vous avez aussi commencé très jeunes !
Björn. Oui, on avait 18-19 ans. Soilwork a commencé quand j’ai rencontré Peter à l’école. A l’époque, il avait déjà son groupe de Metal, et il est venu me voir en me demandant d’y chanter. Je lui ai dit que j’étais guitariste mais que c’était d’accord.
MI. Et musicalement, comment tu vois votre évolution ?
Björn. Tous les éléments qui ont fait Soilwork au début sont toujours là. Cela prend juste une forme différente.
MI. Et personnellement, comment penses-tu que vous avez évolué ?
Björn. Je dirais que nous sommes moins naïfs car nous avons beaucoup plus d’expérience. Nous avons visité tant de pays… Avant de rejoindre Soilwork, je n’étais jamais allé qu’au Danemark. C’est génial, tu apprends beaucoup des tournées. Tu apprends beaucoup en tant que personne. Tu grandis.
MI. Le contact avec les gens semble très important pour toi. La foule t’inspire ?
Björn. Bien sûr, beaucoup. Il y a tellement de gens qui viennent me voir après le spectacle, me dire que nos paroles et notre musique les ont aidé. C’est vraiment une source d’inspiration, quelque chose qui te fait aller de l’avant et croire en ce que tu fais.
MI. Qu’est-ce qui t’inspire d’habitude ?
Björn. Les émissions de télévision stupides, mes expériences personnelles… Je tire beaucoup d’inspiration de ma personne [rires]. Je tends à être très intéressant par moment ! Il y a beaucoup de choses dont je peux m’inspirer.
MI. Vous avez l’intention de faire un live un jour ?
Björn. Je crois que je préférerais un concert sur DVD ; ce serait plus intéressant d’avoir le spectacle en entier. Nous filmerons peut-être certains shows bientôt. Pour notre 10ème anniversaire l’an prochain, peut-être ?!
MI. Comment allez-vous fêter ça ?
Björn. Nous ne savons pas encore. Ce n’est que l’an prochain. Sûrement une grande fête !
MI. C’est quand même assez étonnant pour un groupe comme le votre de n’avoir jamais fait de live…
Björn. Oui, je sais, mais on n’aime pas beaucoup les albums live. Il faut que ce soit un DVD pour offrir quelque chose de complet.
MI. D’où vient ton pseudo de Speed ?
Björn. Quand on m’a fait connaître du Metal plus extrême. Quand j’avais 13 ans, je faisais un genre de commerce de cassettes avec un type de ma classe qui les récupérait de son frère, habituellement des compilations. Je rentrais à la maison avec une nouvelle cassette et le lendemain il me demandait ce que je préférais. Et régulièrement, il s’étonnait « mais qu’est-ce qui cloche chez toi ? tu n’aimes que ce qui est rapide ; on doit t’appeler Speed Strid ! ». Et puis mon nom de famille se prononce presque pareil, donc j’ai gardé Speed.
MI. Comment tu trouves des journées promo comme aujourd’hui ?
Björn. J’en apprends aussi beaucoup. Je trouve ça formidable que les gens veuillent faire des interviews de Soilwork. C’est quelque chose qu’on ne doit jamais considérer comme acquis. C’est parfois assez fatigant mais c’est OK.
MI. Les projets pour l’avenir ?
Björn. Une grande tournée et la visite de pays où je ne suis jamais allé.
MI. Merci beaucoup. Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Björn. Nous revenons bientôt en France. C’est chouette de jouer chez vous. Très bon public. On a eu des moments magnifiques ici !
Ajouté : Mardi 19 Juillet 2005 Intervieweur : Kandra Lien en relation: Soilwork Website Hits: 35108
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