Encore un groupe tirant son nom du best seller de Tolkien le Seigneur des Anneaux me direz-vous ! Sauf que cette fois, point de GORGOROTH ou de BURZUM, EPHEL DUATH étant comme vous le savez un groupe italien se caractérisant par sa musique progressive expérimentale mélangeant allègrement du Metal, du Hardcore et du Jazz, conséquence directe d’arrangements complexes autant du point de vue rythmique qu’harmonique. Projet né en 1998 dans le but de tirer la musique extrême vers des sphères musicales jamais atteintes et soucieux d’apporter quelque chose de nouveau dans l’univers du Metal, qui actuellement est surtout peu enclin à prendre des risques artistiques et ce quitte à se casser les dents (et les ventes de disques qui vont de paire), le combo italien EPHEL DUATH ne voit pas les choses de la même manière.
Comme nous l’indique le groupe italien, Pain Remixes The Known est une déconstruction électronique (pour faire simple de l’Electro-Dub) du précédent album Pain Necessary To Know sorti deux ans auparavant et produit et remixé par Eraldo Bernocchi, à la manière d’un Remanufacture de FEAR FACTORY qui était la version technoïde de Demanufacture datant de 1995. Le procédé n’est pas nouveau mais pas non plus courant et mérite donc d’être mentionné. Ainsi entrer dans l’univers musical de EPHEL DUATH n’est pas une mince affaire. Disons qu’appréhender leur musique est aussi ardu que pratiquer une culdoscopie au cierge ! Exercice ma foi périlleux ! Les plages musicales se présentent comme des vacuités intemporelles, nominées «Hole I» à «Hole IX». Des débuts Black Metal symphonique du groupe proche de l’œuvre de LIMBONIC ART, il ne reste aucune trace palpable. Compté plus sur EPHEL DUATH comme une formation de Hardcore Jazz Metal frénétique bien ancrée dans les sonorités artificielles modernes. Déconcertant car remixé, ce Pain Remixes The Known fait office d’une reconstruction des idées de l’album de base plus qu’un simple remix vulgaire et sans saveur. A la rigueur, seules les guitares et les vocaux parfois criards sont là pour nous rappeler que nous avons affaire à un groupe orienté Metal, notamment sur les pistes «Hole I», «Hole II» ou «Hole 6» et son chant pseudo incantatoire et sombre.
Dans sa palette complète de sonorités biscornues, le guitariste Davide Tiso et ses acolytes dégainent des morceaux plus Jazzy comme le démontre l’ambiance du «Hole III» avec ces sonorités de basse, rondes et ronflantes qui roucoulent dans nos tympans. Un morceau Electro-Dub atmosphérique qui nous fait voyager dans des sphères spatiales et nous transportent dans la chaîne des montagnes de l’EPHEL DUATH. Les voix réelles faisant partie intégrante de la structure du titre ne débute que sur «Hole IV» où les polyrythmies et percussions ont la part belle. Dans un autre temps, on obtient des titres plus agressifs à l’image des envoûtantes «Hole VII» et «Hole IX» aux ambiances plus pesantes et aux sonorités organiques et non plus immatérielles comme sur les précédentes plages musicales décharnées. Pour l’adulateur de base de Metal, cela ne sert à rien de s’intéresser à ce genre de produit trop éloigné de leurs critères de base métallique mais pour les curieux, les intrépides et les audacieux sonores, ce genre d’exercice enthousiasmant vous comblera sûrement. Un bon disque dans un genre très peu développé et ressemblant à rien d’autre. EPHEL DUATH est un ovni à part, biscornu et baroque et c’est bien cela que l’on retiendra !