Si l’ambition est un signe d’intelligence, alors le nouvel album de PSYKUP doit être célébré comme le nouveau messie de l’intelligentsia métallique française. Oser sortir un produit de cette trempe, même lorsque l’on jouit d’une certaine popularité, relève de la prise de risque qui mène soit à l’aliénation d’une bonne frange de son public, soit à la consécration totale de leader par l’ensemble de la communauté.
En dehors de ces considérations préambulaires, We Love You All se pose t’il en tant que clé de voûte d’une renaissance musicale, ou seulement en tant qu’expérimentation nécessaire à l’évolution d’un groupe qui refuse de se laisser enfermer dans de petites cases bien dessinées ?
Les deux hypothèses semblant plausibles, je me refuse à en privilégier l’une par rapport à l’autre. Abordons simplement cet album pour ce qu’il est, un creuset d’influences digérées et régurgitées pour au final constituer le ferment d’une culture personnelle.
Deux CDs, un DVD, un bloc indissociable, qu’il faut avaler d’un trait sous peine de voir les effets secondaires se manifester trop tôt. Des morceaux qui s’étirent parfois au-delà des 10 minutes, des transitions, des intros, des ambiances…Un buffet à volonté, mais dosé pour ne pas risquer l’indigestion. Au petit jeu du single qui tue, le perdant sera toujours l’auditeur, puisqu’il en a été voulu ainsi.
Le premier des deux CDs est riche, jeu de piste improbable ou la sortie n’existe pas. Claustrophobie sonore qui dure le temps des quatre premiers morceaux, ou Devin TOWNSEND croise le fer avec Black FRANCIS, managé par Robb FLYNN. L’accalmie revient, mais les harmonies doucereuses de « En Vivre Libre Ou Mourir » peinent à cacher la violence du discours, où quand les mots prennent la relève des instruments.
« Rétroaction » clôt les débats, comme ils avaient commencé, violence étouffée, prête à exploser à la moindre provocation.
Le second CD, met les choses au point dès le début, « La Vie Dont Vous Êtes Le Héros » se chargeant de prévenir les auditeurs égarés qu’il vaut mieux qu’ils sachent pourquoi ils sont là. « My Toy, My Satan » reprend les choses où le CD 1 les avait laissées, tant au niveau de la structure que du développement. Multiplicité des climats, riffs lourds, arpèges aériens, chant caressant puis menaçant, la panoplie fatale d’un combo sur de lui et de son identité.
Les breaks inopinés de « Here Come The Waves », tantôt jazzy, tantôt indie, évoquent un monde où le repos n’est pas de mise, où l’état d’alerte est permanent, comme si une menace latente pesait sur les épaules d’un peuple trop souvent malmené.
Le dernier volet de « La Vie… » achève l’œuvre sur une note amère, comme si les STONE TEMPLE PILOTS se réveillaient d’un mauvais rêve, et tentaient de nous le narrer.
PSYKUP vient de jeter un pavé dans la mare. On les savait capables d’accoucher d’une telle pièce, la question est maintenant de savoir si vous allez les suivre dans ce dédale d’idées qui pourra rebuter le non initié en quête d’émotions faciles et factices.
Si vous appréhendez la musique comme un univers où tout est permis, même les fantasmes les plus fous, les idées les plus absconses, We Love You All est fait pour vous. Si vous n’êtes que baladeur MP3 et SMS gratuits, partez en courant, vous risqueriez l’apoplexie.
La musique est aussi une question d’ambition. PSYKUP en a à revendre.
En aurez vous assez ?