"Dylath-Leen, avec ses tours angulaires, semble s'étirer à l'infini telle la Chaussée des Géants, ses rues sont sombres et hostiles. On y trouve beaucoup de bars mal famés à proximité de la myriade de quais, toute la ville étant peuplée d'étranges marins venus du monde entier et d'autres qui, dit-on, ne seraient même pas de notre monde."
Ces quelques lignes décrivent ainsi Dylath-Leen, ville fiction imaginée par le plus grand écrivain d'épouvante du vingtième siècle, Howard Phillips Lovecraft, dans "The Dream Quest Of Unknown Kadath" (1926). Pour ceux souhaitant découvrir l'auteur, une lecture de "L"Appel de Cthulhu" s'impose (*). DYLATH-LEEN, groupe français originaire de Cambrai, n'a jamais caché son admiration pour Lovecraft, allant même jusqu'à se baptiser ainsi pour lui rendre hommage. Semeïon, son deuxième album, traite d'un sujet cher à Lovecraft : les maladies mentales, l'aliénation, la folie humaine.
N'y allons pas par quatre chemins, cet opus est une réussite. Il n'y a pas musique plus appropriée que celle de DYLATH-LEEN pour exprimer la démence. Basé sur un Death Metal technique et complexe (évoquant tour à tour le DEATH de Spiritual Healing et MORBID ANGEL), DYLATH-LEEN sait donner de l'ampleur à ses compositions, par le biais de voix claires idéalement positionnées et d'un clavier tantôt discret, tantôt évident. On constate d'ailleurs que ces deux rôles sont tenus par des femmes, la jolie Magali Seguy (claviers) et la très jolie Kathy Coupez (guitares, voix claires, growls).
Malin, le groupe nordiste fait en sorte de ne pas tomber dans la routine, et alterne titres hyper agressifs ("Buy Me A Smile", "Contain") avec d'autres plus profonds (le désespéré et progressif "Frozen Reflect In A Broken Mirror"). La succession de growls (également assurés par l'autre guitariste, Igor Landorique) et de lignes vocales plus douces a son importance lorsque DYLATH-LEEN se veut plus ambiant.
Boosté par la production résolument puissante de Bertrand Charlet et Tiéri Farasse (membres de DAZY), Semeïon confirme aussi que Stéphane Buriez (LOUDBLAST) sait comment mixer un album de Death. Un album peu accessible pour les non initiés au genre. Mais sûrement un futur classique pour les habitués.

(*) : les références à Lovecraft sont nombreuses dans le Metal : METALLICA ("The Call Of Ktulu", "The Thing That Should Not Be"), THERION ("Call Of Dagon"), MERCYFUL FATE ("Kutulu"), BLACK SABBATH ("Behind The Wall Of Sleep"), SAMAEL, NILE, DARKTHRONE, CRADLE OF FILTH, etc .... Il est, avec J.R.R.Tolkien, l'un des romanciers les plus influents du Metal lourd.