Moi et FURIA, on en est plus à une déception près. Ce groupe si particulier qui avait défrayé la chronique avec son tryptique musical A La Quête Du Passé (CD - 2001) / Un Lac De Larmes Et De Sang (CD – 2003) / La Source Noire (DVD – 2004), est depuis retombé du côté obscur de la génialité avec Kheros (CD – 2005). Envolée la facette Black/Death et l’imagerie fantastique conceptuelle qui leur collait à la peau. Les mâconnais ont désormais mués pour laisser place à un son plus concis, massif. On serait presque tentés de dire efficace, si l’efficacité était au rendez-vous. Il n’en est rien. FURIA s’oriente désormais vers un Death/Thrash aux allures de Stoner Metal où les froufrous et les pirouettes n’ont pas de crédit. Après trois ans d’absence, s’il y’a bien un retour qui était attendu, c’était celui-ci. Et s’il y’avait une chose, une seule qui était plus attendue que Blast’N Fuck en lui-même… c’est bel et bien les réponses qu’il aurait du apporter.
Hélas, de réponses, il n’en apporte aucune. Juste celle que FURIA confirme sa nouvelle orientation à tous les niveaux. Avouez que « A la quête du passé », ça en jette quand même plus que « Blast’N Fuck »… Avouez qu’une pochette comme celle de La Source Noire, ça en jette quand même plus que celle-là… Avouez qu’un son comme sur Un Lac De Larmes Et De Sang, ça en jette quand même plus qu’ici… Et voilà le nouveau visage du quatuor français, qui semble préférer rentrer dans le rang. L’introduction n’a pas vraiment de sens. C’est un sample où on entend une voiture se garer, quelqu’un en sortir, rentrer dans un local et tâter quelques instruments comme une batterie et une guitare avant d’entamer un petit riff qui sera le thème premier de « Rebirth ». Cette guitare sonne un peu rétro, old-school avant que la production ne devienne soudain limpide et que la galette commence réellement. Les grattes, parlons-en. Si les doigts des musiciens semblent échauffés, le son qui découle de leurs enchaînements s’avère beaucoup trop haché et calqué sur un modèle défini. Techniquement, le sujet est maîtrisé… il ne reste plus qu’a revoir l’inspiration. Ou il ne reste plus qu’a prendre exemple sur Damien Paquet qui met bel et bien le paquet sur ce disque (sans mauvais jeu de mot, quoique…). En effet, c’est plus ou moins le seul qui ne semble pas à court d’idée et qui utilise ses cordes vocales à bon escient. Une prestation inhérente au passé du personnage. Seulement, au fur et à mesure que les pistes défilent, aucune véritable amélioration ne pointe le bout de son nez. Pire, un fossé se creuse à partir de « See You In Hell ». Un fossé qui s’élargit et qui s’approfondit au fil des secondes. FURIA parait vraiment en panne sèche d’originalité. Les structures sont puissantes, dynamiques et pétillantes, mais manquent trop de lisibilité et de fluidité. Ce Thrash est malsain et bâtard. Il se heurte à des rythmes tribaux, martiaux, parfois groovys, toujours fades. On remarquera tout de même une utilisation intelligente de la batterie (qui ne blaste pas à-tout-va comme le laisser augurer le titre) et une présence agréable de la basse, qui s’exprime pleinement sur une proposition comme « Blast’N Fuck ».
FURIA avait apriori placé beaucoup (trop ?) d’espoirs en cet EP. Celui de revoir un jour la couronne de « futur pilier de la scène française » et toutes ces autres appellations flatteuses lui revenir sur le haut du crâne. S’il est bien une recette qu’il ne faut pas changer, c’est celle du succès. Qui va à la chasse…