Quoi qu’on y fasse, Another Perfect Day, septième mouture studio marque un tournant indélébile dans la carrière de MOTORHEAD. Premier album depuis 1977 sans «Fast» Eddie Clarke, il est clair qu’en cette année 1983, une belle page se tourne pour le combo anglais. Eddie Clarke parti en cours de route lors de la tournée de MOTORHEAD aux Etats-Unis suite à une énième prise de bec avec le leader aux furoncles et au sourire édenté, MOTORHEAD amorce avec cet opus une nouvelle carrière. Et le moins que l’on puisse dire est que cet album fera polémique, notamment à cause du style vestimentaire de Robertson et de sa fâcheuse tendance à vouloir faire comme Lemmy et le copier dans ses dérives les plus trashs ! On se souviendra notamment du grand moment de solitude de Brian Robertson qui lors d’un concert de MOTORHEAD ne se souvenait plus ce qu’il devait jouer, étant assurément trop torché pour faire quoi que ce soit de sa guitare !
Considéré et de loin comme leur album le plus mélodique, les fans ne furent pas vraiment à l’écoute et réceptifs à ce Another Perfect Day qui deviendra avec le temps l’un de leurs opus les plus controversés et décriés. Un autre jour parfait disait le titre, et bien c’est raté… Pourtant, le petit nouveau, Brian «Robbo» Robertson, fait table rase du passé et apporte sa touche personnelle à cet album. Patte personnelle que l’on retrouve sur les structures et arrangements de tous ces morceaux vraiment harmonieux et ajustés qui désorientèrent un public de bœufs. Certes, moins compacte, au style coup de poing moins marqué, moins brutal en somme, ce septième opus des anglais mérite d’être replacé à sa juste valeur : celle d’un bon album du groupe qui même si le groupe lui-même estime qu’il est raté, certains fans dont je fais partie soutienne la thèse inverse. Décidément, c’est pas de bol entre Iron Fist et celui-ci, MOTORHEAD a l’impression désagréable que la chance a tournée.
Les dix pistes ne méritent en aucun cas d’être mise au pilori et d’être lapidées : quand on jette une oreille attentive à des morceaux de la trempe de «Back at The Funny Farm» et sa rythmique envolée, au monument «Dancing on Your Grave» et son mid-tempo à la sauce MOTORHEAD, le très speed «Shine», l’accablante «One Track Mind», ou encore les sympathiques «Another Perfect Day» et «Die You Bastard», on ne peut pas dire que cela soit un ratage complet. Robertson y va de ses petits soli talentueux et calibrés.
Trop en avance sur leur public conservateur et borné, cet album différent ne fut pas compris par les fans. Dommage, car cette septième livraison des britanniques n’est pas si ratée que çà contrairement à certains opus qui seront enregistrés par la suite. La période Overkill / Bomber / Ace of Spades est révolue, il va falloir que les groupies et les fans s’y fassent.


Discographie Complète de MOTÖRHEAD : Motörhead (Album - 1977), Overkill (Album - 1979), Bomber (Album - 1979), On Parole (Album - 1979), Ace of Spades (Album - 1980), Iron Fist (Album - 1998), Another Perfect Day (Album - 1983), Orgasmatron (Album - 1986), Rock'n'Roll (Album - 1987), 1916 (Album - 1991), March Or Die (Album - 1992), Bastards (Album - 1993), Sacrifice (Album - 1995), Overnight Sensation (Album - 1996), Snake Bite Love (Album - 1998), We Are Motorhead (Album - 2000), Hammered (Album - 2002), Inferno (Album - 2004), Stage Fright (DVD - 2005), Kiss Of Death (Album - 2006), Motörizer (Album - 2008), Bad magic (Album - 2015)