En 1987, pendant que Mickael Jackson enflammait les dance floor avec son tube «Bad» et que dans notre cher et beau pays les jeunes s’échinaient sur le tube «Boys» de la plantureuse et aguicheuse italienne Sabrina, (cette année là, l’affluence dans les piscines battit tous les records) et bien, de l’autre côté de l’atlantique, à New York pour être précis, le trio animal au doux nom de CARNIVORE finissait son second album Retaliation. Après le succès de sa première galette sentant le souffre et le napalm à tout va, Peter Steele et ses deux acolytes remettaient une couche de gaz sarin.
Cette fois ci, l’opus est clairement plus axé sur le nihilisme, un sentiment anti religieux planant au dessus de cette œuvre, au même titre que le racisme, le cynisme et un langage clairement familier pour le plus grand plaisir de nos oreilles ! Rien que d’entendre des morceaux emblématiques tels que «Jesus Hitler», «USA for USA» ou encore «S.M.D.» pour Suck My Dick, le disque vaut le détour. Un peu à l’image d’un S.O.D., CARNIVORE savait allier humour, Thrash et ambiance grossière et bestiale. Mais, résumer CARNIVORE à cela serait trop réducteur. Bien plus Hardcore que son prédécesseur, tant sur le contenu que sur la forme, Retaliation se démarque aussi par une puissance plus brutale engendrés par des riffs plus corrosifs. Les vocaux de Steele, rageur au possible, dépeigne parfaitement le ton donné aux morceaux. Les lignes de basse, pachydermiques, accouplées aux plans de batterie de Beato insistent sur cette sensation d’étouffement et d’écrasement. Une écoute assidue à des titres monstrueux tels que «Sex & Violence» ou «Technophobia» conforte cette impression. Et puis, commencer un album par une intro de cinquante secondes où l’on entend un type dégobiller sa pizza et son whisky dans la cuvette de chiottes, on sait tout de suite que nous sommes en présence de poètes et de gentlemen de la haute société new-yorkaise. Cœurs sensibles, s’abstenir ! Pour les plus coriaces, vous pourrez poursuivre l’aventure en vous tapant les impressionnants et virulents «Inner Conflict» ou «Ground Zero Brooklyn» dans le désordre.
On trouvera également dans la rondelle une version hautement personnelle de «Manic Depression», le hit de Jimi Hendrix ! Tout comme sur la réédition de Carnivore, Retaliation sera réédité en deux versions en 2001 et en 2007 où l’on aura le loisir d’entendre les Démos de trois titres contenus sur le précédent album ainsi qu’une piste qui annoncera plus tard le style si spécifique de TYPE O NEGATIVE, «The Subhuman». Un excellent album de CARNIVORE qui fera d’eux un des plus grand porte étendard du Thrash Crossover de ces vingt cinq dernières années, c’est dire que ce chef d’œuvre n’a pas pris une seule ride. Culte !