Voilà encore une fois un combo dont le nom n’a pas fini de faire parler de lui. « Manimal », souvenez-vous, c’était Jonathan Chase (interprété par Simon McCorkindale), un scientifique qui pouvait se transformer en panthère noire, en aigle ou en serpent quand il regardait très fort la lune, repliait ses grands doigts et gonflait ses narines … Si cette série n’a pas fait long feu (8 épisodes) et incarne aujourd’hui le kitch du kitch dans le genre nanard ringard des années 80, en revanche l’habile jeu de mot conciliant les mots « man » et « animal » continue d’inspirer des groupes de Metal, puisque MANIMAL c’est le nom de Death métalleux français qui sortent leur nouvel opus, Succube, avec Joe Duplantier de GOJIRA en guest (les mecs, pour la promo, on fait comme on a dit, et en chèque de banque).
Mais ici, c’est d’un MANIMAL suédois dont on parle. En effet, The Darkest Room représente le premier accouchement discographique de Samuel Nyman (chant), Henrik Stenroos (guitares), Pether Mentzer (basse) et Richard Mentzer (batterie). Et autant vous le dire tout de suite, pour un premier album, MANIMAL « made in sweden » nous offre un disque à la maturité surprenante. Il faut dire que les natifs de Göteborg comptent déjà plusieurs démos à leur actif, et ont certainement eu l’occasion de travailler et peaufiner leurs compos. Leur Power Metal, bénéficiant d’une excellent production, est aussi respectueux de la tradition Heavy Metal qu’audacieux lorsqu’il s’agit de bouleverser un peu les règles trop figées du genre.
Seul le dernier KAMELOT, Ghost Opera, plutôt sombre et hors-norme dans la carrière des Youngblood et consorts, peut se rapprocher du style de MANIMAL. A la limite, certains titres de The Darkest Room poussent même le bouchon plus loin : sur « Spinegrinder » se succèdent voix robotiques, grattes hyper saturées et sons trafiqués de toutes sortes, à la frontière de l’Indus. Le groupe sait durcir le ton et nous secouer violemment, comme ce « Living Dead », rentre-dedans, agressif, muni d’une section rythmique dynamique et efficace. Les deux Mentzer font également preuve de l’étendue de leur talent avec « Human Mature ». Et parfois, MANIMAL sait être plus subtil, plus technique, avec des instrumentations typiques de Metal progressif (« Ordinary Man »).
Les trois musiciens se mettent assez facilement en avant, il ne faut pas oublier le chanteur Samuel qui s’en sort avec les honneurs. Le chant haut perché du bonhomme finit parfois par irriter, mais lorsque MANIMAL évolue sur ses terres, un bon Power mélodique accrocheur, Nyman excelle. Et quand tout ce beau monde synthétise ses points forts, ça donne « I Am » : parties très Heavy aboutissant à un super refrain de plusieurs voix, voilà un single en puissance tout trouvé ! Et que dire de ce « Dreamers And Fools » exécuté à pleine vitesse ? Il démontre que si MANIMAL ne nous bourre pas le disque d’un Speed Metal envahissant trop convenu, il sait garder ses forces pour envoyer la sauce quand il le faut.
Il faudra certainement compter sur MANIMAL dans les mois qui viennent …