GOROD, ex-GORGASM.... Je n'avais pas entendu parler d'eux jusqu'à dernièrement. Pourtant le parcours de ces bordelais est plutôt joli à regarder : lancement du groupe en 1997, un peu de flottement dans le line-up, puis sortie du premier album Neurotripsicks en 2004 chez Deadsun Records. Depuis tout s'enchaîne : concerts, deuxième album, festivals... Après un changement de batteur, GOROD est prêt à sortir son troisième opus sous le label Listenable.
Et quel album!!! Voilà quelques temps déjà (depuis Identisck de BENIGHTED) qu'aucun groupe français ne m'avait interpellé de la sorte. A l'écoute de « Disavow You God », j'ai ressenti les mêmes choses. Le cœur qui s'emballe, la joie d'écouter le renouveau de la scène française, et de la meilleure qualité qui soit! GOROD œuvre dans le technique. Pas de soli à rallonge genre SYMPHONY X, mais des rythmiques intelligentes et percutantes à la fois, un jeu d'harmonie plein d'émotions, des mélodies qui sortent de tout ordinaire auquel on aurait pu s'habituer.... Ce Process Of A New Decline remet en question les fondements du Metal Technique et Extrême français.
Vous l'avez compris, j'adore cet album. Tout y est travaillé dans le détail. Pas de fioritures (ni claviers ni arrangements, excepté sur « The Path »), simplement la musique brut de fonderie, sans artefacts sonores. 2 guitares, une batterie, une basse un chant voilà tout. Et pourtant la musique produite est pleine, riche, complexe à souhait, mêlant avec une humble arrogance mélodies géniales et un groove implacable. Pour le côté groovy des morceaux, cela m'a rappelé TREPALIUM. Et on pense autant à NECROPHAGIST qu'à DREAM THEATER pour le côté technique. GOROD a su rester brutal sans négliger les mélodies. Des chansons se dégagent une quantité surprenantes de nuances, d'émotions variées et précises, dans la veine de ce qu'OPETH sait faire. Il est rare de pouvoir penser à tant d'artistes différents à l'écoute d'un seul album, c'est la force de GOROD. Et si la musique est résolument Death, j'ai préféré me contenté de la désigner comme du Metal Technique, pour rendre compte de la largeur de champ explorée par cet album.
Pourquoi un 9/10 seulement alors ? Je vous rassure, le son est impeccable, il est inutile de chercher la petite bête par là. Le souci pour moi est le chant : J'adore les growls puissants, mais ils manquent un peu d'inspiration. La voix est sûre et bien placé, mais rapidement elle se résume à : absente ou présente. Le timbre sombre et grave, le débit quasiment linéaire et le manque de nuances dans les hurlements nous font bien vite oublier que Guillaume tient le micro. Peut-être qu'il n'en est pas ainsi en concert, mais quand on écoute l'album, les instruments dévoilent trop de richesse pour qu'on focalise notre attention sur le chant. Seuls quelques mots sur « Watershed » (un clin d'oeil au dernier opus d'OPETH ?) explorent d'autres voix, quelles dommage de ne pas retrouver cela sur le reste de l'album! Cela peut sembler insignifiant, mais apporte beaucoup d'aération dans une musique si dense que le Death Metal Technique. D'ailleurs Process Of A New Decline ne s'écoute pas en sirotant une bière avec ses amis. Suivre la musique et est un processus actif de tous les instants. Les structures sont originales sans être déroutantes, mais additionnées à la richesse mélodique, on peut s'y perdre si l'on n'y prend pas garde.
Curieux de nature, je me suis empressé d'écouter quelques morceaux antérieurs. L'évolution de GOROD est indéniable sur cet album, les mélodies autrefois un peu « bateau » n'existent plus, et le groove est encore plus présent. J'espère que GOROD n'est pas encore arrivé au sommet de son art, et qu'il pourra encore nous éblouir et devenir un des acteurs principaux de la scène extrême française.