Si PARZIVAL évolue aujourd’hui dans un style où les rythmiques Indus, voire New Wave/électro, dominent (AD, Debus Nomiscum), sur Blut Und Jordan, paru en 2004, la part belle est encore offerte aux sonorités médiévales. Il est vrai que le thème de l’album, mêlant vocaux en allemand et en latin, s’y prête. Le chant, rapidement identifiable, est toujours aussi grave et profond, soutenu par de nombreux chœurs aux allures de pérégrinations liturgiques. Il faut dire que la démarche des Danois, avant d’être musicale, se veut autant métaphysique qu’ontologique : à travers le Parzival Order, réunissant PARZIVAL et d’autres formations, le groupe entend faire de la musique le rempart moral ultime contre le chaos et la décadence, une musique mise au service des valeurs plutôt que du nihilisme. Il n’en reste pas moins qu’il est difficile parfois de prendre cette démarche bien au sérieux et le rendu frôle le grotesque par moments (« Baltazar »), au détriment de la solennité du sujet abordé, notamment quand PARZIVAL reprend, à dessein ou non, des extraits de la liturgie identiques à ceux scandés par cette procession de moines dans Sacré Graal des Monty Python (« Volto »). Blut Und Jordan, avec ses orchestrations – notamment ses cuivres – et ses chœurs, conserve toutefois un côté imposant et même envoûtant, avec un résultat presque cinématographique (« Taüfer »). PARZIVAL évoque SAVIOUR MACHINE période Legend, THE VISION BLEAK, mais aussi RAMMSTEIN (« Vada Solomecum »), mais pour un résultat plus direct, pour ne pas dire moins travaillé. Blut Und Jordan n’en reste pas moins un album à découvrir. Et si vous aussi, vous trouvez que dans la société actuelle, c'est un peu le bordel et que ça mériterait un certain retour à l’ordre, prenez exemple sur les gars de PARZIVAL : remettre de l’ordre, ça veut déjà dire être bien sapé et coiffé, bandes de petits merdeux avec vos cheveux longs et vos vestes à patchs…