ROYAL HUNT (dk) - X (2010)
Label : Avalon Records / Scarlet Records
Sortie du Scud : 21 janvier 2010
Pays : Danemark
Genre : Metal néoclassique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 50 Mins
ROYAL HUNT est certainement à ce jour le groupe le plus sous-estimé qui soit. Boudé des labels, ignoré par les promoteurs, oubliés des médias, il continue de sortir avec une belle régularité des albums de grande qualité, que même les récents et multiples changements de line-up ne parviennent à contrarier. Deux ans après un Collision Course extraordinaire, digne successeur de Paradox, le chef d'oeuvre du groupe paru en 1997, André Andersen et sa bande sortent ici leur dixième album, d'où son titre sobre et simple. Per Schelander (basse) a depuis quitté le groupe, souhaitant se consacrer pleinement à Pain Of Salvation, et c'est Andreas Passmark (Narnia, Rob Rock...) qui a repris le flambeau.
Plus question de concept pour cet opus, on a là 11 compos indépendantes dont deux instrumentales. L'originalité est ailleurs, elle consiste à un mode d'enregistrement totalement différent des précédentes productions, avec du matériel entièrement analogique, old school, sensé donné au son un parfum des 70's. Vieux amplis, tables de mixage archaïques, instruments d'un autres temps, pour conjuguer le néoclassique de ROYAL HUNT avec le vintage et l'authentique. Joli challenge quand on se souvient de « The Mission » et autre « Fear », qui sonnaient eux résolument modernes voire futuriste...
Et force est de constater que dès l'intro, on a vraiment affaire à quelque chose de différent, imprégné d'authenticité, organique, plus roots mais extrêmement soigné. La batterie est débarrassée de tout superflu et son apport est décuplé. De nombreuses parties de claviers sentent le vieil électronique, le bois ciré des premiers Moog ou du sacro-saint orgue Hammond. A ce titre, la partie instrumentale de « Shadowman » est un vrai récital. La production des guitares leur laisse l'espace nécessaire, et leur confère un son « live » diablement efficace. Là-dessus se greffe une basse très sobre qui a tout de même l'occasion de se mettre en avant, et dont les lignes accentuent à merveille l'impact de certaines rythmiques ravageuses (« Back To Square One » ou « Blood Red Stars »).
A ces finesses technologiques André Andersen n'a pas sacrifié la qualité des morceaux. L'écriture de cet album a également fait l'objet de quelques subtilités pour coller au projet. Mais les compositions de ce X ne souffrent pas du voyage dans le temps opéré en studio. Elles mêlent finesse de mélodies alambiquées et puissance de rythmiques « in your face », avec beaucoup d'intelligence et jamais de facilité. Il faut d'ailleurs plusieurs écoutes pour assimiler comme il se doit ce cd ambitieux. Le soucis du détail est une priorité chez ROYAL HUNT, et les choeurs très propres et lisses font la différences sur de nombreux titres. Maria McTurk, Kenny Lübke ou Henrik Brockmann sont bien entendu comme d'habitude à créditer d'une performance remarquable, tout comme Michelle Reitzman, qui fait une nouvelle apparition sur un solo.
Que dire alors de la prestation de Mark Boals, qui pour son deuxième album avec ROYAL HUNT, fait montre de l'étendue d'un talent hors norme. L'expérimenté chanteur américain (ex-YNGWIE MALMSTEEN, RING OF FIRE, ULI JOHN ROTH...) maîtrise les octaves à merveille, et apprivoise les plus hautes notes avec une grande facilité. Souvent offensives, ses vocalises savent se faire plus douces et coller aux atmosphères, et on lui doit toute la sensibilité d'un titre comme « The Last Leaf ». Enfin, on écoute aussi ROYAL HUNT pour la technicité de ses musiciens, leur maîtrise à toute épreuve de l'instrument, et les soli souvent monstrueux de Markus Jidell et André Andersen. Et on n'est pas déçu, car s'ils sont plus discrets et moins systématiques que par le passé, ils s'apprécient d'autant mieux et transcendent littéralement certains titres (« King For A Day » ou « The Well »).
Si l'on devait ressortir quelques morceaux : les emballants « Army Of Slaves » et « Back To Square One » qui sauront sans doute se faire une place en live, « The Well » à la structure surprenante qui offre de beaux couplets et des soli aussi techniques que bien placés, et enfin « Falling », la grosse bombe qui conclut le disque avec une rythmique enlevée et un refrain entêtant. Mais pour rendre justice à l'ensemble de l'œuvre et sentir l'atmosphère unique que Andersen, Jidell, Sorensen et les autres ont su installer au travers des 50 minutes de X, une écoute attentive voire religieuse de ces onze titres et à recommander vivement à ceux qui pensent que le néo-classique n'a plus de raison d'être.
Conjugué de cette manière, il devient exceptionnel et nouveau... si j'ose dire.
Ajouté : Mardi 20 Avril 2010 Chroniqueur : JB Score : Lien en relation: Royal Hunt Website Hits: 10032
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