Dire que sans toutes les péripéties qui ont retardé la sortie du deuxième album des français de BRAN BARR, on aurait pu se retrouver avec Sidh dans la platine depuis quelques temps déjà… C’est en juin de l’année 2005 que nos guerriers celtes envahissent les studios pour se lancer dans l’enregistrement de ce nouveau dessein. Prévu à la base pour la fin de 2007, la livraison fut repoussée à 2009 en vue d’une collaboration avec le label Det Germanske Folket. Collaboration qui n’eut finalement pas lieu, pour des raisons purement financières à en croire les ragots de caniveau. Puis les revoilà ! Janvier 2010, Trollzorn Records s’est jeté sur l’occasion d’étoffer encore un peu plus son (excellent) catalogue d’artistes Pagan, Folk, Celtic avec un fier représentant du mouvement en France ; les p’tit gars de BRAN BARR qui livrent pour l’occasion, un second opus considéré comme la suite logique de la fabuleuse épopée narrée il y a dix ans sur Les Chroniques De Naerg.
Première compo, premier coup de chaud. « Origin - The Birth Of Fearg » est une introduction vraiment prenante et débordante de celtitude. Si avec ces deux petites minutes de pure culture celte, vous n’êtes toujours pas immergé dans le bain bouillonnant préparé avec soin par BRAN BARR, c’est que vos nerfs sont trop à fleur de peau pour vous laisser vous imbiber comme il se doit de cette essence magnétique. Vous feriez alors erreur de tenter d’apprécier l’offrande immédiatement. Pour les autres, laissez-vous envahir. Laissez-vos pieds se détacher du sol, laissez-vous porter le kilt et faire respirer vos couilles velues. Laissez-les faire, car ils savent ce qu’ils font. Certains feront la relation avec ELUVEITIE. Un peu facile… A mon sens, les deux n’ont de commun qu’un vague rapprochement stylistique. Là où les suisses font dans la productivité bête et méchante, BRAN BARR m’a l’air de creuser un peu plus son sujet, de fouiller un peu plus ses histoires, d’être largement plus concerné par sa thématique. A l’instar de NYDVIND, qui a eu le bon gout de sortir également son deuxième album le même jour, sur le même label, la base principale des compositions est un Metal épique et fantastique. Il s’articule autour d’un duo vocal composé d’une voix criarde « à la Black » et de nombreux chœurs masculins pour un rendu incitant à la glorification des richesses de la terre de nos aïeuls. Ce duo est parfois complété par des chants traditionnels celtes, comme sur l’hypnotique « Profedïez » qui vous décrochera forcément un sourire avant de vous mettre un grosse claque de par sa solidité. Le sextet réussit l’alliage le plus pur entre la dureté d’un Metal des plus authentiques et la légèreté des instruments exotiques comme la cornemuse, le bodhran ou la bombarde. Si le résultat peut paraître déjà entendu, c’est la faute à cette propagation aléatoire de groupes de Pagan ou Celtic Metal, qui, à l’insu de BRAN BARR, ne savent pas toujours de quoi ils répondent. En écoutant Sidh d’une oreille attentive, on fera la différence entre les usurpateurs et les vrais passionnés. Des plages aussi chaleureuses que profondes telles « The Call - Gathering The Tribes », « Fury – Exile Of The Orphan » (et son solo très Heavy dans l’âme) ou la reprise de l’« Ode Aux Lointains Souvenirs » de STILLE VOLK sont des signes qui ne trompent pas. Petite mention également à l’instrumentale « Passage – The Curse Of The Manimal » qui emprunte plus qu’il n’y parait à « The Bard’s Song » de BLIND GUARDIAN.
Le point fort de Sidh demeure donc pour moi sa diversité. Un compromis exemplaire entre violence et tradition. Et si la comparaison avec ELUVEITIE sautera aux yeux d’une grande majorité, elle ne rend cette théorie que toujours plus obsolète, écoute après écoute. BRAN BARR n’a besoin de personne pour défendre ses valeurs et matérialiser en musique sa conception de la vie. Ces messieurs font partie d’un groupe dans lequel nous pouvons avoir entière confiance.