Alors que nous devisions cet après midi avec ce cher Blasphy De Blasphèmar entre la poire et le fromage, du dernier album de Steve LUKATHER, le voici qui me lance tout de go, « Il est bon ce mec ! ».
C’est un excellent résumé de la carrière de cet immense guitariste.
Il ne faut pas toujours chercher midi à quatorze heures. Steve LUKATHER est un bon. Et un rapide coup d’œil à la liste de ses participations en tant que musicien de session suffit à le prouver.
Mais un génialissime musicien est il forcément un bon compositeur ? Pas vraiment, même si le contraire est aussi valable. Je connais bon nombre de monstres de la guitare incapables de créer un bon album de bout en bout. Et ne lui en déplaise, le sieur Yngwie J. MALMSTEEN en est le parangon.
Le problème des musiciens d’exception, c’est qu’ils tombent souvent dans l’auto complaisance. Ainsi, Paul McCartney avec Lennon à ses côtés, avait le bon goût, voire l’obligation, d’occulter sa facette la plus mièvre. Ce qu’il ne fit plus lorsqu’il se retrouva seul aux commandes.
C’est aussi le souci avec Steve. Car c’est un homme de ballades, de shuffles, et de digressions Jazz Rockiennes pas toujours de très bon aloi.
Mais là… Pffiou !
L’homme a rengainé son sentimentalisme et décidé de tirer à balles réelles. Et dès le premier morceau, « Darkness In My World », c’est du lourd ! Un gros riff, posé sur une mélodie imparable, c’est juste parfait !
La voix magique comme à l’habitude nous ensorcelle, laissant sa guitare faire le reste et nous achever sans que nous éprouvions le besoin de nous défendre ! Si vous ajoutez à ça un superbe solo…
« On My Way Home » n’aurait pas dépareillé sur The Seventh One de TOTO. Elastique, fantastique, elle s’envole puis part en piqué sur un refrain bien troussé.
« Can’t Look Back » reste dans une veine Pop-Rock musclée de haute volée, et une fois de plus, si l’époque était moins stérile, ce morceau serait un hit instantané, avec ses cœurs à la Richard Marx.
Et comme l’homme excelle dans les ballades, il nous le prouve une fois de plus avec le superbe « Don’t Say It’s Over », émouvant, mais pas larmoyant, avec une fois de plus un refrain à tomber à terre. On retient surtout de Steve son jeu de guitare inspiré, mais il serait franchement injuste de ne pas faire étalage de son immense talent vocal. Il fait partie de cette race rare de chanteurs capables de faire passer une multitude d’émotions par de simples modulations.
« Flash In The Pan » continue dans une veine Rock light de qualité, tandis que « Watching The World », dans un ton très ELO fait se dresser les poils sur les bras. « You’ll Remember » se hisse au plus haut des standards de qualité des albums solo du bonhomme, avec sa Pop fortement teintée de Jazz-Rock, le tout enrobé d’un solo langoureux, mais c’est assurément « Brodie’s » le moment fort de ce All’s Well That Ends Well. Un rythme chaloupé faussement nonchalant, un pré chorus un peu nostalgique, c’est le morceau le plus méchamment suintant de l’album. On arriverait presque à sentir les effluves d’alcool et de tabac froid d’un vieux club du fin fond de la Nouvelle Orléans !
Mais les traditions ont quand même la peau dure, et c’est sur un Jazz Rock torride que se clôt cet effort, et « Tumescent » le bien nommé de nous rappeler au bon souvenir des « Jack To The Bone » et autres « Dave Gone Skiing ».
Même si je ne suis pas un grand amateur de vin, je puis affirmer que certains musiciens se bonifient avec le temps. Et que ce All’s Well That Ends Well est un très bon crû 2010 de Steve LUKATHER.
Car il y en a pour tout le monde. Les amoureux de belles mélodies, les amateurs de technique pure, les puristes d’un Rock ciselé mais néanmoins efficace. Le tout joué à l’envi, avec le cœur, et pas le compte en banque en ligne de mire.
De la musique honnête et sincère, vous refuseriez ?