SIRE CEDRIC (FRA) - Écrivain (Mai-2009)
Auteur incontournable pour tous les amateurs de frissons, de surnaturel et de poésie délicieusement macabre, Sire Cédric nous fait l'honneur de nous éclairer un peu plus sur lui et son univers envoûtant à travers ces quelques lignes. N'hésitez pas à vous plonger corps et âmes dans cet « entretien avec un vampire » de l'écriture...
Bibliographie : Déchirures (Editions Nuit d'Avril - 2005), Dreamworld (Editions Nuit d'Avril - 2007), Angemort (Editions Nuit d'Avril - 2006), L'enfant des Cimetières (Editions le pré aux clercs - 2009)
Metal-Impact. Bonjour ! Je te remercie de nous accorder un peu de temps pour répondre à ces quelques questions ! Dans un premier temps, pourrais-tu te présenter brièvement ?
Sire Cédric. Je suis juste un éternel adolescent. J’écris des livres avec des monstres dedans. Le dernier en date s’appelle L’enfant des cimetières.
MI. A l’occasion de cette sortie, tu signes un nouveau départ avec les Éditions Le Pré aux Clercs. Comment s’est déroulée cette collaboration ?
Sire Cédric. En effet, je fais désormais partie de cette prestigieuse maison. Les choses se sont décidées l’an dernier, suite à plusieurs discussions avec le directeur de collection, Édouard Brasey, qui recherchait un auteur sortant un peu des sentiers battus. Je lui ai proposé un projet, qu’il a fait remonter jusqu’à la directrice, on en a discuté tous ensemble, mon idée de thriller surnaturel les a intéressés, et voilà…
MI. Peux-tu nous détailler ton processus d’écriture : comment te vient une idée, ton mode de recherche, tes conditions de travail, un lieu de prédilection favorable à ton inspiration ?
Sire Cédric. J’écris habituellement chez moi, à mon bureau, face à une baie vitrée qui donne sur des espaces verts, et en buvant beaucoup de café ! Le reste du temps je sors, je voyage, j’essaie de me promener dans des lieux que je ne connais pas, de rencontrer de nouvelles personnes, c’est cette émulation constante qui me donne des idées pour écrire. Au final, je m’inspire d’un peu tout ce qui m’entoure, des gens que je croise ou des discussions que je peux avoir ici ou là… mais je ne peux pas te dire d’où viennent précisément ces idées, elles sont juste là, dans ma tête. Quand j’ai besoin d’informations précises (ça a été le cas notamment pour les descriptions des bureaux de la police, des compositions des groupes d’investigation, etc.), je prends rendez-vous avec des spécialistes et je leur pose tout un tas de questions. Ils sont toujours ravis de parler de leur métier. Ensuite, je passe des heures et des heures devant mon clavier, à écrire, à effacer, à corriger, à mettre tout ça en forme pour donner des histoires qui puissent à leur tour faire rêver les autres.
MI. Lors de ma lecture de L’enfant des Cimetières, j’ai été fortement impressionnée par ton écriture imagée, simple et pénétrante : je me suis retrouvée projetée dans l’action et ai eu la sensation d’être un spectateur invisible de l’histoire, comme si j’étais « sur place » ! Comment réussis-tu à donner cette dimension réaliste à tes écrits ? On a le sentiment que c’est simple pour toi de coucher les mots sur le papier et de donner vie à ton intrigue…
Sire Cédric. Merci pour le compliment ! Mon but, quand j’écris, c’est vraiment ça, que le lecteur puisse oublier qu’il est en train de lire, et qu’il voie des images, qu’il se retrouve entièrement plongé dans l’histoire, qu’il sente les ombres ramper sur le mur dans son dos. Je retravaille donc mon texte jusqu’à atteindre cette impression de naturel et de fluidité, en jouant avec le style, les points de vue. Parfois ça coule de source et j’y arrive du premier coup, mais parfois je dois réécrire une simple page plus d’une dizaine de fois avant de trouver le truc, l’angle idéal.
MI. Tu cites Stephen King à un moment donné dans l’histoire. Est-il un mentor pour toi ? Par ailleurs, quels sont tes auteurs phares ? Un en particulier a-t-il insufflé en toi cette fibre littéraire et ce goût pour l’écriture ?
Sire Cédric. King, Lovecraft, Barker, Brussolo, Masterton, pour citer ceux qui me viennent le plus naturellement à l’esprit. Sans eux, je n’écrirais pas aujourd’hui ce que j’écris, c’est certain ! Et parmi eux, Clive Barker demeure l’auteur que je vénère le plus. Avec ses Livres de Sang, il m’a fait comprendre ce qu’était le fantastique. Mis à part David Lynch au cinéma, je crois qu’aucun autre auteur n’a fait mieux.
MI. Lors d’une interview réalisée par Arsenik_ pour les Chroniques de l’Imaginaire, tu dis, je cite : « chaque nouveau livre est pour moi l’occasion d’essayer quelque chose de différent ». On peut espérer, pour ton prochain livre, te voir prendre une toute autre direction ? As-tu déjà une petite idée pour ton futur projet ?
Sire Cédric. L’Enfant des cimetières vient de sortir, il est encore un peu tôt pour parler de la suite. (Sourire.) Mais oui, chaque livre est un pas de plus dans ma vie, dans ce que je suis et ce que je deviens, cela doit rester à chaque fois une expérience nouvelle, et un défi aussi. C’est très important pour moi. Faire deux fois la même chose ne m’intéresse pas.
MI. La musique semble avoir une grande importance dans ta vie. Que t’apporte-t-elle ?
Sire Cédric. Un flot d’images, de sensations, d’énergie, de rythme. Je ne pourrais me passer de musique, j’en écoute à longueur de journée. Et dès que j’ai un peu de temps, j’en fais, aussi.
MI. Quels sont tes groupes favoris ? J’ai par ailleurs lu, dans diverses sources, que tu écoutais SATYRICON. Que penses-tu justement de leur dernier album qui s’éloigne de l’univers Black de leurs débuts ?
Sire Cédric. Tu crois vraiment qu’il s’en éloigne ? Comme je le disais à l’instant au sujet de mes livres et, au-delà, pour notre propre existence, il n’est pas sain de tourner en rond ! Je suis un fan de SATYRICON depuis leur premier album : à l’époque, l’avènement du Black Metal était une révolution musicale et culturelle, et SATYRICON ont fait partie des gens, à l’instar des BURZUM, BATHORY ou encore MAYHEM, qui ont posé les bases de ce genre, qui ont tout inventé. Ils étaient des briseurs, des défricheurs et des anticonformistes, mais dans leur sillage des milliers de groupes se sont mis à les copier, à les cloner littéralement, l’anticonformisme devenant une norme, la magie sauvage devenant un dogme strict. Ça m’a toujours amusé. Mais pendant ce temps, les « vrais » artistes ont continué de progresser, de creuser leur propre voie sans se soucier de cette nouvelle mode, de développer leur propre univers, de repousser les frontières et de réinventer les règles. SATYRICON sont encore aujourd’hui à l’avant-garde, défrichant avant les autres les nouveaux territoires du Metal, et ce qu’ils font avec l’expérience est, forcément, bien meilleur que ce qu’ils faisaient quand ils avaient 17 ans, à l’époque où ils n’avaient ni expérience ni matériel digne de ce nom. Mais je dirai la même chose de bien des groupes de cette période : BEHEMOTH, MARDUK, MOONSPELL, ULVER, etc. Ils n’ont jamais cessé de progresser et de faire progresser les choses.
MI. Puisque l’on parle musique, abordons plus en profondeur ANGELIZER, groupe dont tu es le vocaliste. Parle-nous un peu de vos débuts et de vos projets à venir ?
Sire Cédric. ANGELIZER est un groupe de Death mélodique, très influencé par le Heavy Metal. Nous avons sorti un premier CD 4 titres, Poison Dreams, et effectué quelques concerts en première partie de groupes tels que MISANTHROPE, DESTINITY ou encore CADAVERIA. A la rentrée 2009 nous comptons enregistrer notre premier album digne de ce nom et repartir sur la route pour faire découvrir notre musique.
MI. Grand dilemme : et si tu devais choisir entre le chant et l’écriture ?
Sire Cédric. Oh, ce n’est pas un dilemme, l’écriture est mon truc avant tout le reste. Le chant, c’est un défouloir, une manière différente de m’exprimer si tu préfères. Ce dont je ne pourrais me passer, c’est d’écouter du Metal, et fort heureusement la question ne se posera jamais ! (Rires)
MI. Cette série de questions touche à sa fin. Connaissais-tu notre webzine ?
Sire Cédric. J’y étais déjà passé plusieurs fois, oui, pour lire des chroniques et des live reports. Il est très riche en la matière !
MI. Je te remercie grandement pour ta disponibilité ! Pour finir, un petit mot pour nos lecteurs ?
Sire Cédric. Rendez-vous au Hellfest, et venez boire une bière avec moi sur le stand librairie de l’Extrem Market, j’y serai pour dédicacer mon roman L’enfant des cimetières ! Et d’ici là, écoutez de la bonne musique !
Ajouté : Dimanche 14 Juin 2009 Intervieweur : Karmilla Lien en relation: Sire Cédric Website Hits: 16787
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