A mi-chemin entre un nom de médoc’ et une marque de croquettes pour chien, le mot CARNIFEX est, de nos jours, bien plus connu pour être le patronyme choisi par une bande de cinq californiens ayant grandi musicalement dans une région du globe très inspirée en matière de Deathcore puisque AS BLOOD RUNS BLACK ou encore SUICIDE SILENCE y ont vu le jour. A l’écoute de leur troisième méfait, Hell Chose Me, l’évidence de leur géo-localisation se fait jour. Les américains possèdent définitivement une façon de tourner leur Deathcore dans une direction identifiable entre milles. Tout comme ses petits copains cités plus haut, les mecs de San Diego montent à bord d’un train de vie consistant à se détacher progressivement de ses racines Core pour arriver à un Death brutal mais pas tout à fait Brutal Death. Vous voyez la nuance ? Ce choix de carrière a fait les beaux jours d’autres alors pourquoi pas eux ? Je me permettrais donc de qualifier le son CARNIFEX de Deathcore héliotrope.

Et en général, il ne fait pas toujours bon jouer le mouton de Panurge, tant cette attitude peine à trouver des fidèles et des pèlerins. Mais à mon grand étonnement, et à l’insu du dernier SUICIDE SILENCE, le quintet emmené par Scott Lewis au chant n’a pas régressé au moment où l’on s’y attendait le plus. Hell Chose Me est une des sorties Deathcore les plus marquantes de l’année. Pas seulement parce que CARNIFEX s’est forgé une solide réputation dans le milieu, mais surtout parce que le contenu de ce troisième full-lenght est à la hauteur des espérances des uns et des craintes des autres. Loin de révolutionner leur propre discographie, le brulot s’inscrit dans la continuité de The Diseased And The Poisoned. Certains regretteront surement la période « Lie To My Face » où le groupe nous gratifiait d’un Deathcore violent mais épuré. Qu’ils se rassurent, les compositions ici présentes sont du même acabit d’un point de vue intensité. Hell Chose Me est un rouleau compresseur. Très expéditif, il vous lamine, vous broie de l’intérieur et déstructure vos pensées les plus religieuses. Votre comportement devient pernicieux sans que vous sachiez réellement pourquoi. Votre ciel radieux s’assombrit et vos idées s’enveniment. CARNIFEX parvient à instaurer un climat détestable et malsain autour de vous. La faute à des créations dictées par le génie musical d’un schizophrène et interprétées de main de maitre par des musiciens dévoués et hargneux. La voix de Scott est un sombre appel à l’homicide qui infuse tranquillement votre esprit. Pas étonnant que ce mec soit le gourou de toute une génération de coreux. Il alterne growls caverneux et screams « Luckeriens » en une fraction de seconde. Derrière lui, ses petits copains ne sont guère plus innocents. L’orientation musicale se fait davantage Death extrême, avec régulièrement, quelques relances new-yorkaises comme sur « The Liar’s Funeral ». Les rares tentatives de cessez-le-feu (avec en tête la sournoise « Heartless ») ne sont que des illusions pour enfoncer le clou. On ne retient pas grand-chose de Hell Chose Me sur le fond, tant l’œuvre est opaque et sans relief artistique. Mais sur la forme, CARNIFEX nous secoue d’une décharge de Taser à réveiller les morts. Vous ne serez probablement pas ébloui devant tant de musicalité. Par contre j’en connais pas mal qui resteront bouche bée face à nos gorets.

Les américains, avec le troisième de leur enfantements, que j’espère nombreux et du même calibre vous calment direct. A une époque où l’on s’émerveille des vertus cathartiques, du Metal et des ses bienfaits, que la masse de béni-oui-oui accros à la télé-poubelle de nos chaines privées ne soupçonnent même pas, j’ai rarement eu affaire à un meilleur maître que CARNIFEX. Si après ce Hell Chose Me, vous avez encore besoin d’extérioriser, consultez… Le Malin a fait son choix.