BLACK COUNTRY COMMUNION (usa/uk) - 2 (2011)
Label : Mascot Records
Sortie du Scud : 13 juin 2011
Pays : Etats-Unis / Angleterre
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 69 Mins
Ce que j’aime avec les règles, c’est qu’il y a toujours une, ou plusieurs exceptions. Et lorsque l’on tombe sur une exception majeure, le plaisir de la transgression n’en est que plus grand. Car si je vous dit supergroupe, vous allez me répondre « superchiant ! », et vous serez assez proche de la vérité. Mais biaisons…
Laissez moi vous présenter une brochette de musiciens. A la batterie, le fils de, l’ex de, ancien membre de, Jason Bonham. Au clavier, un ancien adhérent du théâtre du rêve, Derek Sherinian. A la guitare et au chant, le moins connu mais brillantissime Joe Bonamassa. Et à la basse et au chant, le légendaire, que dis je, le mythique Glenn Hughes, précédemment, et est ce bien utile de le préciser, membre de DEEP PURPLE, TRAPEZE, et au CV en solo quasi exempt de faux pas.
De ce postulat émergeront deux éventualités. Soit vous ne connaissez pas BLACK COUNTRY COMMUNION, et vous me direz que l’accumulation de pointures n’a jamais donné le meilleur magasin de chaussures.
Ou alors, vous connaissez déjà. Et vous savez de quoi je veux parler, avec un petit sourire en coin qui en dit long.
Alors. N°2 aussi bien que N°1 ?
Non.
Mieux.
Si la quintessence du Hard Rock cherchait son illustration depuis des perles comme IV, In Rock, Back In Black ou Rocks, gageons qu’avec ce 2, le collier serait enfin terminé.
Mais attention, je vous parle là de VRAI Hard-Rock, celui qui vient du Rock, et donc, par extension, du Blues. Et Dieu sait si M.Hughes a déjà payé un lourd tribut à ce style au travers de sa carrière. Alors retrouver sa voix, une fois de plus, sur des brûlots, des pavés suintants, des ballades gorgées de feeling, et de furia épidermique, c’est un plaisir que rien ne saurait gâcher.
Allez, on va la faire courte et claire, BLACK COUNTRY COMMUNION 2 est l’album du printemps, un point c’est tout. Après en avoir fait le tour, traversé les parois, scruté les moindres détails, je n’ai pas trouvé la moindre lézarde dans l’édifice. C’est parfait, juste parfait, et de bout en bout. Un petit miracle. A l’ère du clinquant et du superficiel, c’est la victoire de l’authenticité sur le tape à l’œil.
Si LED ZEP était tombé dans une faille spatio-temporelle en 1974, et émergé en 2011, avec pour obligation d’enregistrer ce qui aurait du être Physical Graffiti à l’époque, le résultat eut été le même.
Rien que la triplette d’intro justifie l’achat de cet album. Ca démarre sur les chapeaux de roues avec un « The Outsider » qui ne laisse aucun répit, Rock jusqu’à l’os, avec un orgue Hammond plus brut que celui de John Lord, puis « Man In The Middle » et sa syncope lourde place les débats sur le terrain de la hargne biaiseuse, tandis que « I Can See Your Spirit » sort un riff plus Page que nature, pour une démonstration d’énergie non bridée si jouissive qu’on bouge la tête sans s’en rendre compte.
« The Battle For Hadriana’s Wall » ne doit pas son analogie sémantique avec « The Battle Of Evermore » pour rien. C’est épique, fiévreux, ça prend aux tripes et ça ne relâche la pression qu’au bout de cinq minutes bien tassées.
« Save Me » n’est rien d’autre que l’engeance cachée de « Kashmir » et « Immigrant Song ». Avec sa longue intro onirique, débouchant sur un lick de guitare qui ferait se lever la nuit Tom Morello, c’est le premier pavé de l’album. Un refrain majestueux, suivi d’arrangements de clavier venus d’ailleurs, le tout accompagné d’un solo si inspiré qu’on a du mal à le recracher, et le tour est joué, l’affaire quasiment pliée.
Plus intimiste, « Cold » mérite tout sauf son titre, tellement cette ambiance feutrée vous réchauffe. C’est soyeux, c’est heureux, et l’émotion monte aux yeux.
Mais « Smokestack Woman » repart de plus belle, et Jason de marteler comme il sait si bien le faire, tandis que le gosier recrache toutes les rancunes passées. Groovy, Heavy, il redonne la pêche et gonfle les batteries.
Petite pause agréable, avec sa mélodie un peu bancale, « Faithless » détend autant qu’il enchante, avec une fois de plus un superbe refrain en exergue.
Car il faut ensuite engloutir les presque huit minutes de l’irréel « An Ordinary Son », qui n’a d’ailleurs d’ordinaire que le titre. Cette longue épopée réussit la gageure de nous tenir constamment en haleine, en jouant sur une alternance diabolique entre les passages tempérés et les bourrasques subites, appuyées par des lignes de chant dantesque, venant du plus profond des tripes. Une autre pierre angulaire.
Le shuffle « Little Secret » est pesant, très pesant, et pourtant cristallin. Et cette voix, encore une fois, cette voix… Les frissons parcourent l’échine à la recherche d’un millimètre carré de peau encore vierge de toute réaction épidermique, en vain.
Les dix minutes restantes ferment l’histoire comme elle a débuté. « Crossfire » tue, et « Crawl » dissimule le corps. Plié, rangé, tout le monde est rentré, et on reste là, hébété, incrédule, devant ce qui sera, à n’en point douter, une réussite dont on se souviendra encore dans quinze ans.
En fait, les plus belles histoires sont souvent les plus simples. Des gens dont le talent n’a d’égal que l’envie et la créativité, la simple volonté de partager une musique qu’ils ressentent au plus profond d’eux-mêmes. Et qui ne se mettent aucune barrière, qui n’autorisent aucun feu rouge ni stop.
Qui ne respectent aucune règle. Parce qu’ils en sont l’exception, de toute façon.
Ajouté : Mardi 05 Avril 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Black Country Communion Website Hits: 17924
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