Quand je suis tombé sur le curriculum vitae des mecs de MASACHIST, je me suis sérieusement demandé de quelle planète je venais pour ignorer l’existence de cet all-star band du Death Metal. Jugez plutôt : Pig au chant (issu de la première mouture de DECAPITATED), Aro et Thrufel à la guitare (des ex-membres de YATTERING et AZARATH), l’immense Heinrich de VESANIA à la basse et pour finir, le mignon Daray à la batterie, ex-frappeur live pour DIMMU BORGIR et session pour VADER. Que du lourd ! Si avec ça, ce premier album, intitulé Death March Fury (rien que ça…) ne nous la met pas profond, c’est à plus rien n’y comprendre. Franchement, ces polonais auraient sérieusement de quoi se la jouer rock stars, et ils auraient bien raison. Quand chaque musicien a un tel niveau de compétence sur son instrument, quand toutes les conditions sont réunies pour faire un carnage à la norvégienne, comment ne pas s’attendre à autre chose qu’à un violent massacre, un bain de sang dans lequel on suffoquera jusqu’à ce que mort s’en suive ?

Ce Death March Fury est un premier album, certes. Mais il aurait pu être un deuxième, troisième, dixième ou vingtième qu’on ne le remarquerait pas. Quand on fait du Death brutal, aussi poussé que celui de MASACHIST, on juge le degré de maturité du groupe par rapport à son rapport avec l’auditeur. D’albums en albums, les claques doivent être plus fortes, faire plus mal. Qu’importe s’il y a davantage de solos, si le chant est plus guttural ou si Daray augmente son flux de 3 ou 4 bpm ? Vraiment, qu’importe ? Dans dix ans, les polonais nous sortiront le même type de disque, vorace et dévastateur. C’est ainsi, on ne se refait pas. Alors voilà, vous connaissez peu ou prou les quelques références citées au-dessus ? Mettez-les dans un Blender avec dix grammes de Vaseline et mixez finement. Vous obtiendrez un lubrifiant idéal pour soulager vos muqueuses endolories. Ce Death Metal est cliché jusqu’à la moelle. Mais qu’est ce que c’est bon ! Qu’il est doux d’entendre deux guitares rythmiques pondre des riffs en béton armé pendant que Pig, de sa voix rocailleuse vomit sa bile sur des dépouilles impuissantes. On l’entendrait presque intimer l’ordre de se relever au Dormeur du Val. Bien entendu, les compositions sont archi-carrées et foutrement insipides. Elles font tressaillir les tripes et vibrer les oreilles. Le cœur n’a pas sa part du gâteau. Le gros coup, sur cet album, aura été de faire venir Ross Dolan, le Dieu qui officie sobrement au sein d’IMMOLATION depuis 1988 sur « Open The Wounds ». Il eut cependant fallu que sa présence soit mentionnée à l’écrit pour qu’on la remarque, tant son timbre et celui de Pig se mêlent dans un verjus piquant et âcre. On notera également des soli absolument démentiels sur « Malicious Cleansing », histoire de faire un minimum « tapette ». Ce sera d’ailleurs le seul écart de conduite pour le combo, qui ne cessera pendant trente minutes de frapper fort (trop fort ?) et de broyer les pensées les plus innocentes de ses auditeurs.

On peut légitimement s’interroger sur l’avenir qu’aura ce groupe, car ce disque, bien qu’impressionnant, ne se démarque pas foncièrement des autres. Il fait beaucoup de bruit, c’est une certitude. D’ici à lui trouver un réel intérêt artistique, j’hésite encore. MASACHIST aura fait du boulot propre avec ce Death March Fury. Un disque néanmoins recommandable pour les petites gens désireux de se vider la tête à l’abri des regards indiscrets ou de canaliser leur trop plein d’émotion après une journée de dur labeur. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse.