BRUTAL TRUTH (usa) - End Time (2011)
Label : Relapse Records
Sortie du Scud : 27 septembre 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Grind Core
Type : Album
Playtime : 23 Titres - 56 Mins
Il en va des albums de musiques extrêmes comme des attaques militaires. Il y a la méthode dite du Blitzkrieg, qui défonce tout sur son passage en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Aïe, j’ai mal ». On peut aussi la jouer Wehrmacht vs Front Russe. Ca charcle au début, et puis ça s’enlise, avant de devenir une catastrophe. Le Hiroshima/Nagasaki offre l’avantage de faire un max de bruit et de tout détruire. Mais le plus fin, le plus raffiné, reste quand même la dite « Frappe Chirurgicale », qui ne détruit que l’objectif, sans que celui-ci ait la moindre chance, tout en préservant les innocents.
Et puis, il reste aussi le cas de la méthode globale, qui résume un peu toutes ces techniques. C’est rusé, fin, mais aussi extrêmement violent, tout en ayant l’air de ne pas y toucher.
On appelle ça l’école BRUTAL TRUTH.
Ok, les ricains font du boucan, je ne vais pas le nier. Et les presque seize minutes du final cauchemardesque « Control Room » sont là pour le prouver. C’est inaudible pour le commun des mortels, et ferait passer les expérimentations de PSYCHIC TV et TROBBING GRISTLE pour une gentille ballade d’Hervé Vilard. Seulement voilà, si Capri, c’est fini, Dan Lilker et sa bande ont encore fait Ford (dépêchez vous de lire cette blague, elle va fondre dans quinze secondes), et à l’instar du reste de leur discographie, End Time est bourré ras la gueule de fonderies sonores en tout genre, qui raclent la gorge et laisse un étrange goût de sang dans le palais. Mais Dieu que ce groupe joue intelligemment…
Avec ce son de basse si caractéristique et irrésistible, le gosier ô combien grave de Kevin Sharp, les riffs dissonants de Erik Burke, et le jeu de batterie inventif de Richard Hoak (bah oui, en même temps, quand on joue dans TOTAL FUCKING DESTRUCTION, ça laisse des traces), il n’y a guère tromperie sur la marchandise. Et même si l’affaire commence avec le très glauque « Malice », qui sonne comme une fécondation in vitro d’un ovule de FETISH 69 avec le sperme des SWANS, tout s’emballe assez rapidement, et la vitesse de croisière prend rapidement des airs de vols à Mach 3. Mais même si les morceaux ne dépassent que très rarement les deux minutes, il n’est pas question ici de Grind gratos sans queue ni tête, mais bien d’un subtil alliage en fonte brute d’Indus, de Death sombre, de Hardcore opportuniste, et de ruines de Crust encore fumantes.
Pour vous en convaincre, écoutez les déflagrations inestimables que sont « Warm Embrace Of Poverty », et son atmosphère poisseuse comme une bonne crise économique, « Simple Math », qu’un 1349 franchement possédé aurait pu composer, et complétez le tout avec un « Gut-Check » qui doit autant aux RIGHTEOUS PIGS qu’à PSYOPUS, et vous aurez un aperçu de ce qui vous attend sur cet énorme pétard mammouth qu’est End Time.
Mais attention, aussi brutale et chaotique que soit la musique qui anime cette rondelle, rien ici n’est gratuit ou surfait. Cet album agit comme une agression incroyable de violence, un débordement de haine, mais canalisé, préparé à outrance, et donc contrôlé de A à Z.
Et c’est pourquoi, même si l’on est parfois débordé devant tant de violence instrumentale, on a toujours un garde fou sur lequel se reposer un instant.
Ce qui est la marque des vrais tarés, qui gardent toujours un pied solidement ancré dans la réalité.
End Time est une boucherie stérile, mais pas clinique. De quoi partir en laissant un beau tas de cadavres derrière soi, mais les mains propres.
Ajouté : Mercredi 21 Septembre 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Brutal Truth Website Hits: 14510
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