POWERWOLF (de) - Blood Of The Saints (2011)
Label : Metal Blade Records
Sortie du Scud : 2 août 2011
Pays : Allemagne
Genre : Heavy Metal orchestral
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 42 Mins
Comme de coutume, une chronique de POWERWOLF débute par un fou rire. Fou rire parce que pour ce quatrième album studio, comme pour tous les autres, les allemands ont à nouveau sorti leurs soutanes, leurs crosses, leurs mitres, leurs crucifix et toute la bibelote ridicule qu’ils nous infligent inlassablement. Voilà bientôt une décennie que ces mecs se prennent pour des authentiques loups-garous des Carpates sans que ça ne choque personne. Et ils insistent, dans un concept de lycanthropie vampirique religieuse légèrement ringardisée par la popularisation du style via la saga Twilight et ses infects dérivés. C’est ce détail, cette persévérance, doublée d’un Heavy Metal héroïque et fantasque pour l’époque, qui fait prendre conscience de la réalité des choses. Il y a beaucoup de second degré chez POWERWOLF. En plus d’être d’excellents musiciens, ils sont aussi d’excellents acteurs, se jouant de leur monde avec un cynisme fabuleusement drôle. Mais ils peuvent se le permettre, car ils savent pertinemment que musicalement, ils font mieux que de simplement tenir la route, et ils le prouvent encore en cette année 2011 avec Blood Of The Saints.
Ce petit dernier reprend au gramme près la recette qui avait fait le succès de Bible Of The Beast. Après une intro sans réel impact comparée à la précédente résonnent les premières envolées lyriques de l’inimitable Attila Dorn sur « Sanctified With Dynamite ». A grands renforts d’alléluias, de latinismes en tous genres, notre ami en fait des tonnes comme il a toujours fait. Opérant dans un registre démesurément théâtral, bariolé de postures baroques, d’orgues grandiloquents, des chœurs cathédraliques, d’atmosphères exsangues et d’orchestrations gothiques, la musique de POWERWOLF est le meilleur exemple possible pour faire déchanter ceux qui ne voient aucun intérêt à l’ajout de matériel symphonique dans le Heavy traditionnel. La plupart du temps, les compositions sont simplement rafraichissantes, édulcorées. Mais parfois, ce sont juste des bombes à retardement, qui vous explosent à la tronche en faisant les dégâts que seul un bon Heavy de derrière les fagots peut provoquer. « We Drink Your Blood » en fait partie avec sa petite intro au son d’une boîte à musique et son riffing titanesque appuyé par des orgues enflammés, sans oublier le refrain entêtant, une de leur marque de fabrique, avec exactement la même perspicacité que ceux de LORDI par exemple. « All We Need Is Blood », une révérence à peine guindée aux BEATLES, fait également preuve d’une grande efficacité, dans des tempos encore plus soutenus et des ambiances encore plus orchestrales. Pourtant, je ne peux m’empêcher de trouver que POWERWOLF a trop cherché à faire dans la continuité de Bible Of The Beast, sauf que sur ce coup, l’effet de surprise est quasiment absent. En étant lucide, il faut aussi avouer que les meilleures compositions jamais crées par nos allemands ne se trouvent pas sur ce disque, qui n’arrive pas loin derrière son grand-frère… mais derrière quand même ! L’exemple le plus frappant étant l’outro : « Ira Sancti (When The Saints Are Going Wild »). Composée dans un mid-tempo solennel et très romantique, exactement comme « Wolves Against The World » qui concluait Bible Of The Beast, cette fermeture, bien qu’intelligemment écrite et bien interprétée, n’arrive pas à la ceinture de sa jumelle, qui avait davantage de classe à mon goût.
Malgré un léger manque de tact, on ne peut guère bouder son plaisir à entendre un Heavy Metal aussi couillu près de trente ans après son apogée. On ne reprochera pas non plus à POWERWOLF de proposer un travail cohérent, qui s’inscrit dans la durée et qui, en partenariat avec l’opus précédent, occulte totalement la première période plutôt quelconque du groupe qui s’étalait entre 2005 et 2009 au profit d’un Metal lycanthrope peut-être un peu pompeux, mais grande méchanceté et toujours ciselé dans le marbre luxueux de nos plus beaux autels.
Ajouté : Mardi 15 Novembre 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Powerwolf Website Hits: 9608
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