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KATATONIA (se) - Jonas Renske (Juin-2012)


KATATONIA appartient à une espèce très rare dans le petit monde Metallique : le club très fermé des groupes capables au fil des années de se métamorphoser d’une manière impressionnante et de proposer une musique qui se situe à des années lumières de leur style originel et ceci tout en réussissant l’exploit de garder les fondamentaux basiques qui ont permis la naissance du combo. Une transformation si démentielle qu’elle les amène vers de nouveaux horizons musicaux totalement inimaginables aux vues du début de leur carrière. On pourrait aisément rapprocher le parcours de nos suédois de celui des petits gars de Birmingham : ANATHEMA. Le parallèle est assez facile tant les similitudes au niveau de l’évolution sont flagrantes. Bien sûr, le style est différent, KATATONIA ayant un coté dark et mélancolique nettement plus prononcé agrémenté d’un coté heavy très puissant issu tout droit de leurs racines. Mais la démarche reste la même, repousser les limites en essayant d’aller encore plus loin album après album. Depuis Night Is The New Day le groupe s’est engagé dans une nouvelle ère nettement plus rock progressif qui semble n’être que le début d’un processus créatif résolument innovateur qui leur a permis en moins de deux ans d’atteindre un niveau international très envié. Steven Wilson (PORCUPINE TREE) a d’ailleurs été tellement envoûté par cette galette qu’il l’a classée comme une des meilleures réalisée depuis une dizaine d’années ! De quoi les encourager à persévérer dans cette voie. Pourtant, tout était loin d’être gagné, car au moment de sa réalisation le groupe traversait alors une grave crise d’inspiration. Anders Nyström le guitariste étant très démotivé ne participa pratiquement pas à l’écriture qui fut confiée entièrement à Jonas Renske. Le bougre se vit contraint de se charger de pratiquement toute la composition de A à Z, un travail titanesque qui faillit avoir raison de ses forces. Le résultat fut exceptionnel, le gang de Stockholm nous délivrant un opus tout bonnement hallucinant ! Prouvant ainsi que sa dextérité ne semble avoir aucune limite. Pour bien cerner le combo, il faut faire un retour de quelques années en arrière car même si nos lascars ne sont pas encore des vétérans, ils sont presque en phase de le devenir. Il faut dire qu’ils affichent tout de même vingt bonnes années de long et loyaux sévices pour la cause du Metal. Les bougres ont débuté en 1991, époque où ils pratiquaient un Death/Doom Metal des plus puissant à mille lieux de leur nouvel album Dead End Kings qui s’avère être une suite logique à leur chef d’œuvre Night Is The New Day ! Leurs thèmes favoris, la mort, le suicide ou la dépression. Un programme à ne pas mettre entre toutes les oreilles, cette tendance semble d’ailleurs perdurer au fil du temps même si le combo évolue désormais dans un registre nettement plus rock. L’émotion, la mort et la dépression restent imprégnés au plus haut point dans l’esprit torturé des deux fondateurs de KATATONIA ! Après Night Is The New Day, il semblait totalement impossible de relever le défi tant nos Killers avaient placé la barre haut ! Que nenni, nos valeureux gaillards ont réussi à aller encore plus loin dans leur nouvelle optique atmosphérique qui semble leur aller comme un gant. De quoi faire frémir de nombreux combos qui nous servent éternellement la même recette sans prendre le moindre risque ! Il devenait impératif pour Metal Impact d’en savoir un peu plus sur KATATONIA et son étrange univers. Profitant de leur passage à Paris, votre serviteur se mit en quête du graal en soumettant à la question Jonas Renske, un chanteur très sympathique et enthousiaste quand il s’agit de parler de son nouveau bébé Dead End Kings ! Magnéto Jonas !

Line-up
: Jonas Renske (chant), Anders Nyström (guitare), Per Eriksson (guitare), Nikdas Sandin (basse), Daniel Liljekvist (batterie)

Discographie : The Revival (EP - 1992), Dance O December souls (Album - 1993), For Funerals to Come (EP - 1995), Brave Murder Day (Album - 1996), Sounds Of Decay (EP - 1997), Discouraged Ones (Album - 1998), Tonight’s Decision (Album - 1999), Teargas (EP - 2001), Last Fair Deal Gone Down (Album - 2001), Viva Emptiness (Album - 2003), The Great Cold Distance (Album - 2006), Live Consternation (Album - 2007), Night Is The New Day (Album - 2009), The Longest Year (EP - 2010), Dead Ends Kings (Album - 2012)



Metal-Impact. Salut et bienvenu à Paris avec le beau temps ! (ndi : Il pleut des cordes) Que vous nous ramenez ? [Rires]
Jonas Renske. Oui, on l’a ramené directement de Suède ! [Rires]

MI. Vous existez depuis 20 ans. En décembre 2011, vous avez fait un concert pour commémorer l’événement. Quel souvenir en gardes-tu ?
Jonas. C’était super en fait, on a fait plusieurs shows au niveau européen pour fêter nos 20 ans et ce au cours de toute l’année. On a même fait un show à Paris. Mais celui de Stockholm était exceptionnel parce qu’on en a profité pour inviter des anciens membres de KATATONIA qui on fait partie de notre histoire. Ca a été une grande fête, une vraie célébration et nous sommes vraiment contents d’avoir pu traverser toutes ces années et être encore là, 20 ans après. Ca m’a permis de me souvenir des débuts du groupe quand j’étais jeune, maintenant je suis un vieillard !!! [Rires] … Heureusement, grâce à KATATONIA, je reste jeune, la musique te permet de garder un état d’esprit d’adolescent pratiquement permanent !

MI. Comment se sont passé les retrouvailles avec tous ces musiciens qui ont fait partie du groupe à un moment ou un autre ?
Jonas. C’était génial, tout spécialement les retrouvailles avec notre premier bassiste, il n’est pas revenu dans le groupe depuis 1983 et il est venu une journée avec nous pour jouer sur un morceau. Il est d’origine française, il s’appelle Guillaume Le Huche, c’est un type très sympa et ça a été quelque chose d’exceptionnel de rejouer avec lui après tant d’années. Il vit en Suède mais ses parents sont français je crois, il a joué sur le premier album Dance Of December Of Souls. Après il a voulut quitter le groupe pour travailler dans l’industrie, avoir un job stable et vivre normalement. Mais on est resté de très bons amis et de le voir remonter sur scène après tant d’années ça a était un très grand moment.

MI. Avez-vous filmé le concert en vue d’un futur DVD ?
Jonas. Oui mais actuellement on travaille sur un autre DVD qui devrait bientôt sortir, on a filmé un concert dans une superbe salle (le Koko à Londres) l’année dernière. On aimerait utiliser le concert de Stockholm comme bonus parce que c’est un show différent avec pleins d’invités, et qu’il y avait un coté très émouvant lors de ce concert. J’espère qu’on pourra proposer aux fans français tous ces concerts dans notre futur DVD.

MI. Comment s’est passé l’enregistrement de ce nouvel album ?
Jonas. On est rentré en studio en janvier et ça a été très long pour venir à bout de cet opus. On a travaillé sur la composition et l’écriture des morceaux l’été dernier. On est ensuite partis en tournée histoire de prendre un peu l’air, puis en revenant on a continué à écrire et on a commencé à travailler sur l’enregistrement à partir de janvier. En fait, on y est resté jusqu’en mai c'est-à-dire le mois dernier. Pour nous Dead End Kings est encore tout frais, nous n’avons pas de recul du tout sur ces nouveaux titres, ce que je peux dire c’est qu’on s’est énormément investi et que l’on est tous très satisfait du résultat. Maintenant on est curieux de voir les réactions de la presse, des journalistes. Pour l’instant les retours sont très positifs.

MI. Vous avez passé beaucoup de temps en studio !
Jonas. Oui car l’enregistrement était très prenant et intense. Toutes les prises on été faites dans un studio qui s’appelle le Ghost Ward et on a travaillé dans une salle de répétition qui nous appartient. Cela nous a permis de tout préparer en prenant notre temps, répéter, arranger et faire tourner les morceaux afin d’être fin prêts pour les sessions d’enregistrement.

MI. Aimes-tu être en studio et enregistrer un nouvel album ?
Jonas. J’adore ça, à part lors des dernières semaines car j’étais très fatigué, mais ce qui me plait vraiment c’est de voir naître une chanson, c’est totalement magique. Tu commences par les prises de batterie et petit à petit tu ajoutes des instruments et à la fin tu as un titre complet. Ensuite tu accumules les morceaux, un par un, et j’adore assister à tout ce procédé qui au final te donne un album complet, c’est comme une sorte d’accouchement en quelque sorte. J’aime suivre l’évolution de toutes ces chansons pour arriver finalement à créer une sorte d’univers particulier qui donnera la couleur de l’album et que tu peux écouter d’une seule traite. C’est pour ça que la sélection des morceaux est très importante pour qu’au final tu gardes une unité globale qui puisse emmener l’auditeur dans un monde qui sera le fruit de son imagination.

MI. Vous avez retravaillé dans le même studio que pour le dernier album, qu’est ce qui vous plait dans ce lieu ?
Jonas. Tout d’abord, ce qui est important c’est que j’aime travailler avec l’ingénieur du son David Castillo. C’est un petit studio éloigné de tout. Il est situé dans une banlieue pas très accueillante, c’est un endroit pas très drôle qui est propice au travail et à la concentration. Mais David est un très bon ingénieur du son et c’est très agréable de travailler avec lui.

MI. Le fait que vous étiez un peu perdu au milieu de nulle part est un avantage ?
Jonas. Oui, je pense que si nous avions enregistré ailleurs, cela aurait été encore plus long à cause certainement des distractions qui auraient pu nous tenter. Si tu es dans un studio confortable et luxueux, tu te déconcentres très rapidement en ayant des activités qui n’ont rien à voir avec la musique comme regarder la TV ou jouer à des jeux vidéo. Dans celui là, c’est si petit qu’il n y’a rien d’autre à faire que de travailler, ce qui est très bien pour nous.

MI. Le dernier album vous a permis de passer un cap et a eu beaucoup de succès, dans quel état d’esprit étiez-vous pour l’écriture de ce nouvel album ?
Jonas. Je pense qu’avant de commencer l’écriture des chansons on était sous pression car nous n’avions rien, mais quand on a commencé à composer, tout le reste est devenu secondaire, on a totalement ignoré ce qui se passait autour de nous. On écoutait plus les avis extérieurs, ce que pensaient les gens de ceci ou de cela ne nous intéressait pas. Seule la musique comptait, le stress et la pression n’ont existé que juste avant le travail d’écriture, ensuite tout ça à totalement disparu. On croit en nous même et on sait qu’on est capable d’écrire de bons morceaux et il n’y a que ça qui compte en définitif.

MI. J’ai l’impression qu’avec Dead End Kings vous avez décidé d’aller encore plus loin que sur Night Is The New Day ?
Jonas. Oui complètement, aller de l’avant est toujours notre philosophie, je dirais même que c’est devenu notre marque de fabrique en quelque sorte. On essaie toujours de progresser et évoluer et voir jusqu’où la musique peut nous conduire et ceci sans aucun compromis. On n’essaye pas de changer pour changer, on ne veut pas que les gens soient perdus et ne nous reconnaissent plus. On veut rester KATATONIA avec tout ce que cela comporte mais on évolue en permanence, il est important pour nous de garder ce côté noir et mélancolique qui est notre raison d’être musicalement et que l’on continuera toujours à avoir. Tout ce que l’on peut trouver d’intéressant et que l’on peut intégrer à notre musique est important à nos yeux, mais cela doit tout de même rester dans l’esprit de KATATONIA.

MI. Vous avez appelé cet album Dead End Kings, qui sont les rois ?
Jonas. C’est nous les rois !!! [Rires] … Comme je disais dans une autre interview, cela fait 20 ans que nous sommes là, ça a été un long chemin, on à eu des moments extraordinaires, des passages à vide, des problèmes importants et on a jamais baissé les bras. On n’a jamais couru après le succès, on a juste voulut être nous même, KATATONIA est notre raison de vivre. Cela aurait pu se terminer bien des fois et c’est pour ça qu’on est des rois, on a toujours cru en notre musique dans notre style de vie. On est les rois dans le sens où on a réussi à toujours continuer et avancer malgré tout ce qui peut arriver dans la vie d’un groupe de Metal.

MI. Penses-tu qu’avec Dead End Kings c’est le début d’un nouveau chapitre ?
Jonas. Je ne sais pas, j’espère seulement qu’on continuera à grandir artistiquement, que d’autres personnes découvriront notre univers. Musicalement, c’est un nouveau monde que nous n’avions pas encore exploré auparavant, et si on y réfléchit bien on peut dire alors que chaque album est un nouveau commencement, une nouvelle naissance. Je pense qu’on a notre style et qu’on sait où on veut aller et notre objectif c’est de convaincre le reste du monde ! [Rires]

MI. Quand on compare Dance Of December Souls et Dead End Kings, on a l’impression d’entendre deux groupes différents, comment expliques-tu cette évolution ?
Jonas. Je pense que c’est le temps qui est responsable de ce changement, au fil des années tu changes, que ce soit en tant que personne ou en tant que musicien. Tu deviens meilleur chanteur ou guitariste et en tant qu’être humain tu penses et tu agis différemment. Quand on a enregistré notre premier album on avait 18 ans et maintenant on en a presque le double et bien évidemment on est plus les mêmes. On a énormément progressé musicalement, on écrit beaucoup mieux, on a de meilleures idées aussi je pense. KATATONIA a suivit en faite une évolution très naturelle. Si tu compares Dance Of December Souls et Dead End Kings, c’est vrai que c’est totalement différent. Mais si tu écoutes tous les albums à la suite, tu pourras voir comment KATATONIA a évolué au fil des années et que tout s’est fait petit à petit, album après album, c’est une lente mais permanente évolution.

MI. Mais est ce qu’à un moment il y a eu un déclic au sein de KATATONIA, un événement particulier ou autres choses qui ont provoqué ce changement radical ?
Jonas. Oui, c’est possible, je crois que le fait qu’on s’est mis à faire de plus en plus de concerts a joué un rôle déterminant, parce qu’avant on ne jouait pas très souvent en live et je pense que c’était un frein à notre évolution. On avait des problèmes pour obtenir des concerts et pouvoir jouer en public. Petit à petit tout cela s’est arrangé et on a découvert de nouvelles sensations et cela nous a permis de grandir, et c’est à partir de ce moment là qu’on a changé.

MI. Vous avez toujours eu des problèmes de stabilité à l’intérieur du groupe et cette fois-ci encore vous avez deux nouveaux musiciens ?
Jonas. Oui, on a deux petits nouveaux Per Erikkson (guitare) et Niklas Sandin (basse) mais ils sont avec nous depuis 2 ans, on a fait toutes les dernières tournées avec eux. Du coup, on les connaît bien maintenant, ce sont de très bons musiciens, et ce sont aussi des types très bien humainement. J’espère que cette fois-ci on a trouvé le line up idéal et que les problèmes sont terminés.

MI. Je croyais que vous étiez des tyrans !? [Rires]
Jonas. [Rires] !!! Non pas vraiment je crois que c’est seulement dû à des problèmes d’argent. Anders, le guitariste, et moi on est là depuis le début et on n’a jamais essayé de faire des études, de trouver un job. Tout ce qu’on voulait faire c’était être musiciens et jouer notre musique. Bien évidemment, tu ne roules par sur l’or quand tu fais du Metal plus ou moins extrême. Au début on a fait plein de petits boulots juste pour survivre et continuer à vivre notre passion à fond. Aujourd’hui, on gagne de l’argent avec notre musique. Mais cela nous permet juste de payer notre loyer et de vivre correctement pas plus. La plupart des gens ne sont pas prêts à faire de tels sacrifices pour vivre leur passion. L’argent est tellement important pour la majorité de nos congénères qu’ils ne sont pas prêts à assumer ce en quoi ils croient réellement. Depuis nos débuts, on n’a jamais vraiment eu d’argent mais on s’en fout. Si un type nous rejoint et qu’il quitte un bon job pour partir en tournée avec nous, il réalise très vite qu’il ne va pas gagner beaucoup d’argent avec nous, du coup, il quitte le groupe et va reprendre un travail classique dans la société et il va nous dire : « non merci les gars mais cette vie là, c’est pas pour moi ». Ils préfèrent rentrer dans le rang et avoir une vie normale comme la majorité de la population.

MI. Tu veux dire que finalement la passion n’est pas assez forte comparée au confort matériel ?
Jonas. Exactement ! Il y a énormément de gens qui rêvent de faire de la musique et de devenir musicien, mais quand ils réalisent que le monde de la musique est difficile et parfois très cruel, ils jettent rapidement l’éponge. Ils se rendent compte qu’il n y’a pas beaucoup de MOTLEY CRUE, qu’on ne devient pas un groupe de stade comme ça et qu’avant tout il faut aimer jouer encore et toujours. Dans les années 80, il y a eu beaucoup de groupes qui ont vendu des millions d’albums mais aujourd’hui tout ça c’est terminé, ces gens là déchantent très rapidement. Pour moi ce n’est pas un problème car je vis pour la musique et cela fait des années que ça dure, je suis habitué à ne pas avoir beaucoup d’argent, mais je fais ce que j’ai envie de faire, j’ai trouvé ce qui me plait et je continuerai toujours ainsi. Je fais des sacrifices en permanence mais ce n’est pas important pour moi, cela ne me gène pas, j’ai toujours vécu comme ça, c’est mon style de vie et ça le restera toujours !

MI. Tu t’es mis à la production depuis quelques années, que retires-tu de cette expérience ?
Jonas. Oui et j’adore ça, c’est quelque chose que je fais maintenant depuis quelques albums. Nous n’avions plus envie que quelqu’un s’introduise dans notre monde musical et donne son avis à tout bout de champs et nous indique ce que l’on doit faire ou pas. Maintenant on sait ce que l’on veut et on ne veut pas se battre sur chaque morceau, chaque détail qui ne conviendrait pas à quelqu’un d’extérieur. Peut être que dans le futur on retentera l’expérience, mais pour l’instant nous n’en ressentons pas le besoin.

MI. Quelles seraient les qualités d’un bon producteur pour KATATONIA ?
Jonas. On en a discuté entre nous il n’y a pas très longtemps et on aimerait bien travailler avec Steven Wilson, de PORCUPINE TREE. On le connaît bien, c’est un super musicien et il a écrit de très bons morceaux avec son groupe et aussi en solo, ça pourrait vraiment être intéressant de travailler avec lui, mais pour l’instant on n’en a pas vraiment envie.

MI. C’est marrant que tu me cites Steven Wilson parce que je lisais une interview de lui où il disait que Night Is The New Day faisait partie de ses cinq albums préférés !
Jonas. Whao, c’est super, ça fait plaisir d’entendre ça ! C’est très flatteur, Steven est un grand musicien très talentueux et un type très amical. J’espère qu’il aimera autant Dead End Kings.

MI. Vous avez tournez avec PORCUPINE TREE, ça s’est passé comment ?
Jonas. C’était vraiment bien, les deux groupes allaient bien ensemble. PORCUPINE TREE est très bon sur scène et ça a été un honneur pour nous d’ouvrir pour eux.

MI. Vous jouez de plus en plus avec des groupes Progressifs que ce soit en tournée ou lors de festivals ?
Jonas. Oui et c’est très intéressant parce que ces groupes ont de très bonnes idées musicalement et nous adorons écouter ce style de musique. En particulier les vieux groupes comme KING CRIMSON. Ce genre de formation pratique un style très différent de ce que l’on peut entendre aujourd’hui, mais ils ont énormément de talent et ont toujours de très bonnes idées en ce qui concerne la composition, l’écriture et la structure des morceaux. Cela ne me dérange pas du tout de jouer dans des festivals progressifs si les gens nous apprécient, tant mieux, c’est ce que nous voulons.

MI. Penses-tu capter un nouveau public depuis quelques temps ?
Jonas. Oui totalement parce que les deux derniers opus ont changé la donne. Nous avons évolué c’est devenu nettement plus progressif et forcément nous avons attiré un nouveau public et c’est très bien. On a envie d’élargir notre audience, c’est important pour un groupe de se développer et de ne pas stagner.

MI. Vous êtes toujours autant attiré par les USA, malgré tous les problèmes que vous avez eu à une certaine époque avec votre label ?
Jonas. Oui complètement. Maintenant, nous avons solutionné nos divergences avec Peaceville, ces soucis font partie du passé. Mais on reste très prudents. On a pu jouer aux Etats-Unis et tout le monde est satisfait de la manière dont les choses se sont déroulées. On a fait quatre ou cinq tournées et ça nous plait vraiment, on a hâte d’y retourner. Aux States, le public est plus enthousiaste et te montre immédiatement qu’il t’apprécie. C’est très différent de l’Europe où le public est plus réservé, je trouve. Pour nous qui sommes suédois, c’est très agréable de ressentir cela car on n’est pas habitué à ce genre de réaction. J’adore ce pays, c’est fabuleux ! Les réactions sont très étranges car elles peuvent varier en fonction des Etats, il y a tellement de différences entre le Nord, le Canada et le Texas ou l’Arizona. C’est deux mondes qui n’ont rien à voir entre eux ! Ça change totalement du Nord au Sud. C’est l’aventure quand tu joues là bas. Tu rencontres des gens totalement différents, tu as l’impression d’être dans un autre pays à chaque fois que tu changes d’Etats. Les distances sont énormes, donc du coup tu découvres une culture et des mentalités différentes dans chaque ville où tu passes.

MI. Est-ce que tout ce que tu découvres en tournée t’inspire au niveau des textes ?
Jonas. Complètement, je suis comme une éponge, j’absorbe tout. Mais on n’écrit jamais sur la route, on a essayé mais ça n’a pas fonctionné. On garde en nous tout ce qu’on voit et qui nous inspire et lorsqu’on rentre à la maison on essaye de retranscrire tout ça en musique.

MI. Quand on découvre Dead End Kings on a l’impression de voyager au coeur un monde à part, est ce qu’il y a un concept derrière tout ça ?
Jonas. Non, ce n’est pas un album concept à proprement parler. Mais je comprends ce que tu veux dire. Le disque a été entièrement conçu dans cet esprit, c’est une longue progression qui à travers chaque titre t’emmène de plus en plus loin pour pénétrer dans notre galaxie. Les textes, la musique, la pochette, tout est fait pour que tu puisses t’immerger dans notre univers. Je réfléchis énormément à chaque détail car je sais qu’une fois que l’album est terminé, il sera là pour toujours et nous survivra. Cette idée nous pousse à continuellement composer, et nous avons envie de partir jouer tous ces titres partout ou l’on voudra de nous. Tout ça nous inspire et nous pousse à aller toujours de l’avant.

MI. Comment décrirais-tu l’univers de Dead End Kings ?
Jonas. C’est un monde très noir et occasionnellement on a envie d’y être. C’est créatif et très perturbant. C’est quelque chose qui nous plait et dont on à besoin, c’est ce qu’on aime.

MI. Qu’est ce qui t’attire dans ce côté sombre de la vie ?
Jonas. C’est très dur à expliquer ! Ca m’arrive c’est tout, c’est en moi. Une des raisons majeures qui m’attire vers cette noirceur, c’est que ça me fait réfléchir. Je n’ai pas envie de passer ma vie à faire la fête et m’amuser en permanence car si tu as ce genre d’attitude, tu ne t’interroge pas, tu ne pense a rien d’autre que d’avoir du bon temps. Tu ne te pose pas de questions sur la vie et sur tout ce qu’elle englobe. Cet état est en moi, je ne sais pas pourquoi mais j’adore.

MI. Est-ce qu’il y a une partie autobiographique dans Dead End Kings ?
Jonas. Pas vraiment, c’est juste la musique qui me met dans cet état. J’adore écrire et j’ai envie de continuer ainsi le plus longtemps possible. J’ai envie de composer quelque chose qui soit fort et qui puisse toucher le public.

MI. Quand on écoute ce nouvel opus, on se crée son propre film en quelque sorte !
Jonas. Oui, c’est exactement ça, c’est ce que j’ai envie d’entendre à propos de Dead Ends Kings. C’est comme ça que moi aussi je perçois la musique, je ferme les yeux et je me crée mes propres images. C’est l’esprit même de KATATONIA, on veut que l’auditeur s’invente son propre cinéma à travers ce que l’on écrit. Si on arrive à le faire réfléchir sur certains thèmes par rapport à ce qu’il imagine en nous écoutant alors c’est parfait. On ne raconte pas des histoires qui traitent de la plage et du soleil, on n’est pas MOTLEY CRUE, rien à voir avec LA. C’est une musique qui est destinée à te conduire vers une sorte d’introspection. Elle est faite pour te pousser à essayer de mieux te connaître. A penser à des choses auxquelles tu n’aurais pas pensé auparavant. C’est comme ça que je fonctionne quand je me plonge dans l’écoute d’un cd, j’adore lire les textes, essayer de me comparer aux écrits, au sens profond des paroles. De me poser des questions sur moi-même en fonction des thèmes qui son abordés dans chaque morceau. J’aimerais que nos fans aient la même démarche en écoutant KATATONIA.

MI. Vous avez de nouveau décidé de collaborer avec Travers Smith pour la pochette comment l’avez-vous rencontré ?
Jonas. On a commencé à travailler ensemble, il y a une quinzaine d’années. Je crois que c’était en 1999. On a vu quelques pochettes qu’il avait créé et on a tout de suite été subjugué par son style, on est tombé amoureux de son coup de crayon. On a décidé de le contacter pour voir s’il pouvait faire la pochette de Tonights Decision et de là a démarré notre collaboration. On a fait appel à lui pour chaque opus parce qu’il a saisi exactement ce que l’on voulait. Quand on lui présente une idée, il a la capacité d’imaginer tout de suite ce que l’on veut et de recréer tout ça en image.

MI. Justement cette pochette est très inquiétante et très noire !
Jonas. C’est totalement surréaliste et c’est ce que l’on voulait. On voulait une pochette très sombre et un peu effrayante et en même temps on voulait qu’elle représente KATATONIA et son univers. Je pense que Travis y est parfaitement arrivé, il a su créer l’image idéale pour nous. Tu comprends tout de suite d’un simple coup d’œil que Dead End Kings n’est pas à mettre entre toutes les oreilles. Il ne s’adresse pas à tout le monde, il faut avoir un certain profil pour apprécier notre musique. Et c’est ce que l’on désire !

MI. Vous avez aussi décidé de retravailler avec Frank Default, une autre vieille connaissance !
Jonas. Oui, il travaille avec nous depuis pas mal d’années, c’est un ami et c’est surtout quelqu’un de très compétant au niveau des arrangements que ce soit pour les claviers ou bien tout ce qui est sons électroniques et effets. Il parvient à tout mettre en place et créer une sorte d’unité. Il nous connait parfaitement et je ne vois pas pourquoi nous ferions appel à quelqu’un d’autre. Il a énormément d’idées très intéressantes et cela colle parfaitement avec ce que l’on a envie d’exprimer. Il a fait un boulot énorme sur ce disque.

MI. Vous allez bientôt retourner aux Etats Unis avec Paradise Lost pour le Epic Kings & Idols Tour. C’est la première fois que vous tournez avec eux ?
Jonas. Non, on a déjà joué plusieurs fois avec eux, ce sont des types adorables. On est tous fans depuis qu’on a commencé KATATONIA, c’est même grâce a eux que nous existons. C’est leur musique qui nous a poussés à jouer et à vivre notre propre expérience avec KATATONIA.

MI. Penses-tu qu’un jour vous pourriez enregistrer ensemble ?
Jonas. Peut être qui sait, on est sur la même longueur d’onde ! Les voix du business sont impénétrables mais ça serait vraiment un grand moment.

MI. Qu’aimerais-tu que l’on dise de Dead End Kings ?
Jonas. Laissez lui une chance, écoutez le plusieurs fois et essayez de le comprendre. C’est un très bon album et j’en suis très fier. Tout le monde devrait l’écouter !

MI. Jonas, merci beaucoup.
Jonas. Merci à toi. C’était très bien. A bientôt !


Ajouté :  Mercredi 18 Juillet 2012
Intervieweur :  The Veteran Outlaw
Lien en relation:  Katatonia Website
Hits: 14419
  
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