Il y a des chroniques qui marquent. Je n’ai pas eu besoin de relire celle que j’avais faite de Monuments, la première sortie de THIS OR THE APOCALYPSE pour me souvenir d’une conclusion qui disait « entre ça et l’Apocalypse, mon choix est fait ! ». Preuve que ça ne s’était pas très bien passé entre eux et moi à l’époque. Plus de trois ans après, il est peut-être temps de faire tabula rasa du passé. J’ai pris un peu de retard mais voilà qu’aujourd’hui, je suis bel et bien décidé à me faire Haunt What’s Left et pourquoi pas, à revoir ma position vis-à-vis d’un combo que j’ai toujours trouvé sans saveur. Peut-on décemment tirer pareilles conclusions du haut de leur seul et unique album ? Hérésie. Alors cet effort, au final, arrive à point nommé. Pour ce qui est des présentations, tout ce que vous avez besoin de savoir c’est que ces pennsylvaniens font (ou faisaient) du Metalcore tout ce qu’il y a de plus classique et qu’il n’y a (ou avait) pas de quoi sauter au plafond.

Pardonnez ma vulgarité, mais putain de merde, il s’en est passé des choses depuis le temps ! Où sont passés les riffs chiants ? Dans quelle nature s’est évanoui leur Metalcore stérilisé, sans relief, ni contraste, ni âme ? Envolé ? Pour de vrai ? Sans rire. On dirait bien, car à moins que je ne me sois trompé de disque, c’est bien ce même groupe qui pond subitement de magnifiques mélodies, dictées par des guitares polyrythmiques déchainées qui occasionneront forcément fractures des phalanges et autres contusions à quiconque essaierait de les imiter. On ne comprend pas forcément par quel miracle THIS OR THE APOCALYPSE a acquis cette propension soudaine à dynamiter ses compos, à en faire parfois des hymnes, à l’image de « Subverse » et de son refrain très aérien. Tout ce qu’on sait, c’est que le travail est là. Les ricains ont probablement gagné en accessibilité, puisqu’ils ont rendu leur copie beaucoup plus easy-listening et moins torturée donc moins casse-couille à déchiffrer. Mais œuvrer dans la simplicité n’a jamais été synonyme de mauvais choix. Ils nous le prouvent ici, puisqu’il faut bien avouer que cet Haunt What’s Left est une machine à tube, qui suit le mouvement Metalcore classique avec beaucoup de dignité, n’excluant pas quelques incursions momentanées dans le Deathcore et réalisant même une chanson qui se trouve au beau milieu de ces deux genres avec « Hellfish ». D’une facilité exemplaire avec le schéma habituel couplet-refrain-solo-refrain, THIS OR THE APOCALYSPE n’en oublie pas moins d’injecter l’efficience nécessaire dans ses morceaux pour qu’on les retienne un petit moment, avec à la clé une grosse performance aux guitares de Jack et Rodney qui n’ont pas une seconde de répit. Je serais un peu plus mesuré sur celle de Rick (chant) qui ne rivalise pas vraiment d’ingéniosité dans ses hurlements monocordes, heureusement rattrapés par l’une ou l’autre vocalise de l’inévitable Rodney. C’est la seule coquille dans un océan de maitrise, de Metalcore construit et touffu, tout ça livré dans un écrin soigné et doté d’une production très américaine. Haunt What’s Left est une réussite. Indéniablement.

J’aime quand un groupe me fait changer d’avis en musique. Et par-dessus tout, j’aime quand l’évolution est positive. THIS OR THE APOCALYPSE a regagné tout mon respect et ma considération du haut de ce deuxième album autrement plus abouti que le premier. Tout bien réfléchi, je crois qu’à choisir entre ça et l’Apocalypse, je vais quand même prendre Haunt What’s Left. Ce sera plus raisonnable.