WAR FROM A HARLOTS MOUTH (de) - MMX (2010)
Label : Lifeforce Records
Sortie du Scud : 29 octobre 2010
Pays : Allemagne
Genre : Mathcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 32 Mins
C’est quoi ce bordel ! WAR FROM A HARLOTS MOUTH a sorti un troisième CD et je ne suis au courant de rien ? En en plus il date d’octobre 2010 alors que nous venons d’entrer en 2012 ? Serait-ce une conspiration ? Ou peut-être un début de putsch ? Qu’importe. Il vaut mieux tard que jamais dit-on. Alors soit, pour ceux qui ont du mal à saisir où se situe le problème, il faut savoir que chaque effort de ces brillants allemands mérite une dissection toute particulière, car il en faut pour appréhender l’univers musical plus que complexe et infiniment riche des teutons. MMX succède donc à In Shoals et, comme on pouvait s’y attendre, anéantit en quelques coups de têtes les formules mathématiques les plus établies. Car il apparaît de plus en plus difficile de cataloguer ce son touffu. Metalcore ? Deathcore ? Mathcore ? Un peu de tout ça à la fois sans doute. Et pourtant MMX est à des années-lumière d’étiquettes usant de raccourcis aussi faibles que faciles.
Les débuts de comparaisons un peu foireuses qui les rattacheront à THE DILLINGER ESCAPE PLAN, parfois MESHUGGAH ou BETWEEN THE BURIED AND ME ne trouveront aucun crédit dans ce disque. D’ailleurs, comment peut-on s’inspirer d’idées qui sont libres comme le vent, d’idées assimilables aux grains de sables qui façonnent chaque jour différemment la dune du Pyla au gré des bourrasques ? Une mélodie digne du Buddha-Bar et c’en est fini de nos certitudes. Pourtant, cet opus ne démarre pas de façon mélodieuse, oh que non. « Insomnia » introduit MMX assez brutalement. Des cris, des saturations, un roulement de batterie sourd et rustre. Il y a certes plus chaleureux comme accueil, mais pas plus efficace. Toute cette démence s’entortille autour d’un pilier métallique assez instable, qui s’effrite, se dilate, se cambre mais jamais ne craque. Il ne faudra que deux chansons pour que WAR FROM A HARLOTS MOUTH ne fasse intervenir ses inévitables pauses colorées qui vont de la musique d’ascenseur qu’on retrouve dans les temples de la dépravation tel que le Sofitel de New-York au Free Jazz foufou, pétillant et sensuel des plus modestes bouibouis de la Nouvelle-Orléans. Ce disque donne le tournis. C’est un brassage culturel fort de sens, un métissage des plus impétueux. Mais toujours composé avec une rigueur très allemande, une folie dont on s’imbibe dans les salles obscures et tapissées de sperme du KitKat Club berlinois. « Sugarcoat » côtoie « Spineless » qui précède « Recluse MMX » et c’est le tour du monde en neuf minutes. Cependant, contrairement à In Shoals, on remarque une noirceur inhabituelle dans les morceaux, le type exact de pessimisme que rabâche un ivrogne ayant l’alcool mauvais. Et si je vous disais que ça sent même le Black sur « Inferno III/IV », vous me croyez ? Alors oui, les allemands font un peu la gueule et ça s’entend. Même leurs célèbres interludes esquissent un sourire de façade qui ne dupera personne. Mais grand Dieu, quelle puissance, quelle profondeur, quel intellect que dégage ce MMX ! Il est un caméléon qui ne connaît que deux teintes, le noir et toutes les autres. Et c’est dès lors qu’on pourrait penser que ces mecs bouffent à tous les râteliers qu’ils enfoncent le clou en délivrant des bordels musicaux ultra-organisés, à l’image de la fantasque et pachydermique « The Polyglutamine Pact » ou la non moins envoûtante « C.G.B. Spender » qui n’a de cesse de varier des rythmiques déjà très personnelles.
Démonstration à tous les niveaux, MMX est à coup sûr le digne héritier d’In Shoals. On pourrait reprocher à WAR FROM A HARLOTS MOUTH de faire justement trop de WAR FROM A HARLOTS MOUTH si ce disque n’était pas à l’opposé de cette théorie. Les allemands ont mis un point d’orgue à soigner des ambiances très froides et vicieuses, quitte à ranger quelques saxos au placard. In Shoals donnait la pêche, MMX file le bourdon. Ne serait-ce pas un bel exemple d’ascenseur émotionnel ? Décidemment oui, grand groupe que voilà !
Ajouté : Mardi 14 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: War From A Harlots Mouth Website Hits: 9542
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