ENTER SHIKARI (uk) - A Flash Flood Of Colour (2012)
Label : Ambush Reality
Sortie du Scud : 16 janvier 2012
Pays : Angleterre
Genre : Electrocore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 42 Mins
J’accuse ! J’accuse ENTER SHIKARI d’avoir une imagination débordante et de vouloir à chaque fois repousser les limites d’un style musical qu’il a lui-même établi depuis Take To The Skies en 2007. Cette façon très anglaise de vouloir pousser le bouchon toujours un peu plus loin sera pour certains celle de trop. Car avec leur petit dernier, le bien nommé A Flash Flood Of Colour, ces garçons sont allés loin, très loin. A Bangkok plus précisément. Pour un remake de « Very Bad Trip 2 » ? Pourquoi pas, puisque ce troisième full-lenght est effectivement un déclanchement assez grotesque de situations déjantées qui aboutissent à un scénario soufflant le chaud et le froid, enrobé dans un packaging très hollywoodien. Les émotions, de la peur au rire, de l’inquiétude au soulagement se succèdent avec tellement de cohésion qu’ENTER SHIKARI en devient un groupe qui dégage quelque chose. Et pour certains, c’est déjà une victoire. Non, plus sérieusement, leur voyage en Thaïlande avait un but bien plus précis. Celui de jouir de la qualité des prestations qu’offrent les Karma Sound Studios, le tout doublé d’un mixage à la canadienne (Vancouver), œuvre de Mike Fraser (AC/DC, Satch ou FRANZ FERDINAND).
Tout ça part sur des bases très cosmopolites, néanmoins, c’est toujours avec beaucoup de prudence qu’il faut accoster ce genre de disques, pas vraiment Metal, pas vraiment Electro, pas vraiment expérimental mais tout ça à la fois. Pour ceux qui ne connaissent pas encore la bête, ces anglais sont juste une référence absolue dans l’art de combiner musique extrême (qui devient de moins en moins extrême) avec les claviers les plus trendys du moment, du Dubsteb à la Trance en passant même par la World Music. Ces mots qui piqueront les yeux de beaucoup sont à prendre avec des pincettes, car la tambouille de nos britanniques est loin d’être difficile à avaler. Comme dit plus haut, les sentiments sont mitigés car les univers sont équitablement partagés. L’esprit de rassemblement junky se dégageant de l’aérienne « Search Party », avec ses adeptes qui fument des écorces le cul à l’air sur une plage de Bora-Bora sera vite contrecarré par la doucereuse « Stalemate » qui rivalise avec l’imagination des grands groupes de Pop actuels. La massive et lancinante « Sssnakepit », habillée de motifs Dubsteb rigolera au nez de l’épileptique « Warm Smiles Do Not Make You Welcome Here ». Aucune compo ne se ressemble et c’est tant mieux, puisque quand on y pense, ENTER SHIKARI a délibérément choisi d’évoluer dans un style qui donne carte-blanche aux parties en freestyle. Le risque dans ce genre de situation est de se retrouver avec un ersatz d’Electrocore. Quelque chose de non-maitrisé, de lassant, qui sente le renfermé ou pire encore, le vomi. Sur A Flash Flood Of Colour ? Jamais. Jamais car ces messieurs connaissent leur sujet et ont un vrai don de composition. L’exécution est une chose. La création en est une autre. La recherche musicale est omniprésente, les subtilités rythmiques ou mélodiques fourmillent, la précision dans la réalisation fait presque peur. De fil en aiguille, cet album devient de plus en plus complet, émotionnellement et musicalement. Certains pourront légitimement regretter le côté amateur et expérimental des premiers EP, qui s’est transformé ici en une maitrise technique presque insolente. ENTER SHIKARI est devenu accessible, moins violent, moins autoritaire. Les hymnes tirant sur la Pop grand-public foisonnent, comme sur « Constellations » qui n’est pas sans rappeler l’aptitude de COLDPLAY à envoyer son auditorat dans d’autres galaxies en trois notes de synthés. C’est une fois encore un alliage réussi, qui fusionne des éléments nobles et d’autres plus immatériels. Puis avec « Hello Tyrannosaurus, Meet Tyrannicide », une création qui utilise très peu d’effets, les anglais rendent un bien bel hommage à la scène Rock / Hardcore underground dont ils sont issus. Manifestement, ils se souviennent de leurs origines et c’est toujours réconfortant.
Dans la continuité de Common Dreads, bien que moins éparpillée et encore plus spontanée, cette rondelle est une sympathique balade sur les anneaux de Saturne. Des météorites très vivaces pénètrent des poches de gaz vaporeuses, le tout sous la protection divine d’atmosphères, de nappes de claviers brumeuses qui varient constamment entre l’Electro le plus minimaliste et la Pop stellaire qui cartonne aux charts. Son seul défaut est d’être un opus qui parlera à beaucoup de monde, sauf à ceux qui trainent leurs guêtres dans nos pages.
Ajouté : Mercredi 15 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Enter Shikari Website Hits: 10178
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