DEATH ANGEL (usa) - The Ultra Violence (1987)
Label : Enigma Records
Sortie du Scud : 23 avril 1987
Pays : Etats-Unis
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 45 Mins
Sous une pochette apocalyptique aux relents post nucléaires, et derrière un titre affolant et provocateur, se cachait un des albums les plus fins des années 80. Avec sa référence directe au maître Stanley KUBRICK (ses droogies de Orange Mécanique se réclamaient de cette doctrine), DEATH ANGEL plaçait alors la barre très haute et de fait, ne s'accordait aucun droit à l'erreur.
Voyez ça comme de l'arrogance purement juvénile.
Forts d'une première démo à laquelle avait participé Kirk Hammett, la bien nommée Kill As One, les Californiens aux origines philippines avançaient crânement leurs pions sur le grand échiquier mondial du Thrash avec un premier album quasiment parfait de bout en bout.
Jusque là, rien d'anormal. La côte Ouest fournissait depuis quelques années un flux continu de valeurs sures prêtes à dégainer plus vite que leur ombre.
Alors, que pouvait bien avoir de spécial ce petit quintette, outre sa musique de qualité ?
Simple. Pas un seul de ses membres n'avait vingt ans. Pire. Andy Galeon, le batteur, en avait à peine quatorze. Déduisez donc de vous-même son âge au moment de la démo.
Effrayant de précocité..
Les teenage wonders, on connaissait. De Judy Garland à Drew Barrymore en passant par Little Eva, tous combinaient la magie de l'enfance avec un professionnalisme d'adulte. Mais de la à sombrer dans la débauche du Thrash Metal, il y avait un pas que personne n'avait encore franchi d'une manière aussi brillante. Car si les premières démos de tous les groupes majeurs étaient enregistrées pour la plupart par des musiciens très jeunes (METALLICA, EXODUS, SLAYER), aucun n'était pré-pubère, et surtout, le résultat sonnait souvent très amateur (les envolées lyriques d'HETFIELD sur "Sucking My Love" sont là pour en témoigner).
Et bien tout ceci changea à la sortie de The Ultra Violence.
Commencer un album par un hymne aussi définitif que "Thrashers" (ce qui est toujours valable en 2012), est une véritable déclaration d'allégeance. Mise en place carrée, lick de guitare démoniaque, voix assurée mais intelligible, DEATH ANGEL en un seul titre se pose en chantre du Thrash intelligent MAIS efficace. Sept minutes non-stop de changements de tempo, avec un batteur ado mais véloce, qui sait exactement où frapper, quand et comment. Une paire de guitaristes qui riffent plus vite que leur ombre sans être brouillons, ça s'apprécie à sa juste valeur.
Si "Metal Militia", "A Lesson In Violence", ou "Metal Thrashing Mad" ont toujours été considérés comme les pamphlets définitifs écrits à la gloire du Metal rapide, il convient de rajouter "Thrashers" à cette liste non exhaustive. La fureur et la rage adolescente au service d'une musique inspirée. Cocktail fatal.
Si "Evil Priest" calme le jeu, c'est surtout pour alterner les écrasements Heavy et les embardées Speed. Révélateur de la capacité du quintette à être plus fin que la moyenne, et loin d'être un simple filler, c'est un morceau à lecture multiple qui confirme tout le bien que l'on pouvait penser des Californiens.
Mais la seconde pièce de choix de The Ultra Violence, et véritable tour de force, c'est bien sur "Voracious Souls" qui aura même les honneurs d'un clip. Avec une intro grondante et un riff extraordinaire, elle distille sur plus de cinq minutes toute la finesse de composition du groupe. Un refrain entremêlant fureur Thrash et douceur acoustique permet à Mark Osegueda de faire montre de tout son talent vocal, sans en rajouter, tandis que la multitude de breaks autorisent Gus Pepa et Rob Cavestany à digresser sur bien des thèmes.
Titre définitif, qui permit à cet album, en seulement trois morceaux, de s'asseoir à la table des monuments des 80's, aux côtés de Reign In Blood, Bonded By Blood, Master Of Puppets et autres Among The Living.
Juste le temps de s'éclater sur le "Kill as One" qui clôture la face A avec une énergie indéniable, qu'il nous faut déjà retourner le vinyle pour apprécier comme il se doit le pavé éponyme introductif de la face B, qui aura bien fait jaser à l'époque.
"The Ultra Violence", le morceau, rapproche un peu plus DEATH ANGEL de METALLICA, pour cette propension à développer des idées instrumentales sur une durée hors norme. Mais là où les Four Horsemen dégageaient des climats prenant le temps de s'installer, Rob et sa bande préfèraient empiler les séquences et alterner les ambiances à outrance.
Faim juvénile de reconnaissance, "The Ultra Violence" synthétisait à lui seul tout l'art développé par la scène de la Bay Area, à savoir cette capacité à transcender un titre en le tissant de riffs ciselés, syncopés, sachant rester tranchants. Le tout porté par une rythmique qui ne faiblissait jamais, sans pour autant se répéter. Tout y passe, des harmoniques contrôlées au soli débridés, des pesanteurs Heavy aux accélérations follement Thrash (Ce morceau contient d'ailleurs les passages les plus rapides du disque). Une démonstration de force par cinq musiciens à peine sortis de l'enfance, dont la morgue justifiée suscite le respect le plus total. Impressionnant.
Et le plus fort, c'est qu'à peine après avoir digéré ce morceau de choix, nous étions encore agressés par un pilonnage Thrash du meilleur effet, "Mistress of Pain", mixant le meilleur d'EXODUS avec la furie hystérique d'un MEGADETH. Pas de répit, pas de prisonnier.
Ne reste plus à "Final Death" d'achever le travail, en un peu plus de six minutes résumant parfaitement les épisodes précédents.
Avec un premier album aussi franc et démonstratif, les DEATH ANGEL se mettaient en avant et se découvraient. Il fallait vraiment avoir l'arrogance de la jeunesse pour oser commettre un tel méfait et ainsi défier les cadors bien installés depuis des années. The Ultra Violence - si l'on excepte son outro dispensable - ne souffrait d'aucune faiblesse, d'aucun temps mort, et en remontrait à bien des groupes plus murs.
Mais le quintette ne souhaitait pas en rester là. Leur créativité devait trouver un contexte moins restrictif pour s'exprimer, mais cette ambition fut aussi le signal de la fin pour eux. Après un second album sur un indé, le très bon Frolic Through The Park, ils finirent par signer sur une major (Geffen), pour un Act III que beaucoup considérèrent comme leur achèvement le plus abouti. Mixant la souplesse de la fusion à la rigueur du Thrash, ils parvinrent quasiment, à l'instar des excellents MORDRED, à créer un style à part entière, envoûtant et surprenant.
Las, le désintéressement du public, le manque de promotion, et un accident qui immobilisa Andy pendant un an eurent raison de leur carrière.
Mais ils revinrent en 2004, plus en forme que jamais, et toujours d'actualité.
Il n'empêche que The Ultra Violence marqua la seconde moitié des 80's de son sceau, tout comme d'autres réussites telles que Breaking The Silence des monstrueux HEATHEN, Forbidden Evil de FORBIDDEN, ou encore le subtil Fool's Game des précités MORDRED.
Ajouté : Lundi 02 Avril 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Death Angel Website Hits: 11250
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