Il y a de ça sept ans, porté par la fougue des écrits publiés sur notre webzine adoré, se formait dans le 77 un groupe hommage du nom d’IMPACT. Chez nous, à Metal-Impact, nous n’avons rien oublié. Et quand ce dit groupe livre finalement, en 2012, son premier album, nous sommes là, les larmes aux yeux et le cœur serré pour l’accueillir… C’aurait été beau pas vrai ? Mais il n’en est rien. Si XIANOSYS se nommait à l’époque IMPACT, ce n’était que par pure coïncidence, du moins j’ose l’espérer. Mais chez nous, à Metal-Impact, on n’est pas rancunier. On parlera quand même de XIANOSYS, principalement car il y a beaucoup à en dire et que ce fameux album, intitulé Chronicles… possède une histoire et un vrai scénario que beaucoup de metteurs en scène pourraient envier. Le rapport le plus étroit qui soit entre la musique et le cinéma, c’est probablement les bandes-originales. Ça tombe foutrement bien, puisque ces garçons n’ont jamais eu peur d’exposer aux yeux du grand public les relations intimes tissées entre leur Metal progressif et les grands compositeurs de B-O. Avis aux amateurs.

C’est courant, quand on a ce type de disque entre les mains, très cérébral à première vue, on ne sait jamais vers quoi s’orienter. Tout y semble énigmatique, tout y semble brumeux. Mais brumeux ne veut pas dire fumeux. XIANOSYS ne vous laisse pas vraiment le privilège d’une petite préparation. Il vous agrippe à la gorge, dans une ambiance feutrée et des décors authentiques, dignes surement d’un grand péplum. Ce Metal est majestueux, tantôt cavalcade épique sur des champs de batailles fumants (« The Nine Lives »), tantôt couronnement royal et cérémonial (« For These Words » en duo avec Sarah Layssac d’ARKAN), il joue allégrement la carte du septième art revisité et même parfois, corrigé. Vous voulez des références ? Hans Zimmer, Klaus Badelt, Clint Mansell, ça c’est pour le côté grandiose des orchestrations et des claviers. Mille ambiances se côtoient dans une resucée farfelue des grands classiques du cinéma. On en oublierait presque le Metal dans tout ça. Car avant tout, XIANOSYS c’est du son. Et pas n’importe lequel. Là encore, plusieurs éléments se marient, plus ou moins judicieusement selon les compositions, mais toujours harmonieusement. Des touches de Cyber Metal et de Thrash viennent garnir « New Order » qui n’est surement pas un hommage au groupe anglais du même nom. Pendant ce temps, les guitares de Phil, Silver et Tony se rencontrent dans une sphère pétillante mêlant tour à tour Heavy, Power et Metal progressif. De DREAM THEATER, grand classique, à AYREON, plus abstrait et théâtral, en passant par ADAGIO pour la référence tricolore, plusieurs univers et compositeurs de génie se rencontrent. Malgré ce savoureux feu d’artifice de talents, XIANOSYS ne propose pour le moment qu’un rendez-vous improbable entre ces différents mécènes. Sa musique est un carrefour dans lequel s’emboutissent plusieurs voitures de luxe, mais le constat ne définit pas clairement de responsabilité. Les Franciliens naviguent avec panache et distinction dans cet univers, c’est leur truc, ça se sent. Mais la transcendance est encore trop lointaine pour qu’on tire des plans sur la comète. C’est propre, réalisé avec aisance, guidé par un vocaliste hors-pair en la personne de Phil, mais entre l’émoi de la trouvaille d’une pépite et la réalité du cours de l’or actuel, il n’y a qu’un pas qui mène à la désillusion. Au bout de ces cinquante minutes de voyage, le retour sur Terre est un peu pénible.

XIANOSYS est une formation extrêmement prometteuse et l’usage malin qu’elle fait de ses influences cinématographique la transforme en une entité très intéressante à analyser. Mais comme souvent également, on ne peut s’empêcher de croire que ce type de création, riche en idées et en références, n’est réservé qu’à une élite capable de la décrypter et de l’apprécier. L’épanouissement serait total si on avait tous les éléments en main. Hélas, Chronicles… ressemble parfois à s’y méprendre à un quizz musical poussé. Ceux qui ont hâte de voir à quoi ressemblera une éventuelle collaboration entre Petrucci et Zimmer peuvent néanmoins y plonger corps et âme.