T.A.N.K (FRA) - Spasms Of Upheaval (2012)
Label : Symbol Muzik
Sortie du Scud : 9 Octobre 2012
Pays : France
Genre : Death / Thrash Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 50 Mins
Je parlais, dans une autre chronique, de T.A.N.K comme fer de lance de la scène Death Mélodique française actuelle. Un postulat que je maintiens, car T.A.N.K, c’est la preuve par douze, en un seul album, qu’une formation française, toute jeune qu’elle soit, peut concourir directement avec les originaires de Suède. Étant un des groupes français les plus en vogue du moment, et ayant réussi à assurer les couleurs de l’Hexagone à l’international par le biais de nombreuses scènes foulées, ce second opus était clairement attendu. Pour cause, The Burden Of Will était parvenu à montrer un groupe puissant, talentueux, et surtout très professionnel. Et cela, seulement avec un album. Échauffés à l’idée de partir défendre ces nouveaux titres sur scène, les Franciliens proposent un Spasms Of Upheaval qui ne fait qu’accroître la teneur de leur potentiel.
La force d’un groupe consiste dans sa capacité à se surpasser et surprendre. C’est chose faite sur ce deuxième disque. On pourrait presque même parler de maturité. Avant la musique, il y a l’image, celle de la pochette. Très différente du style de la précédente, c’est une ambiance apocalyptique, mécanique, qui est dépeinte, bardée de lueurs flamboyantes. Ces éléments, ils composent les douze compositions de ce nouvel opus. Du changement du studio Sainte-Marthe au Dome Studio, on y gagne en clarté, voire en force d’impact. C’est chiadé, réglé au millimètre, sans pour autant être trop déshumanisé. Le visuel froid et métallique, c’est la section rythmique de ce nouvel album. Le groupe a bien compris qu’il ne servait à rien de reproduire le travail passé, et s’éloigne donc des racines de Göteborg. Toujours dans une optique vraiment agressive, claquante, ce second disque se veut toutefois moins impulsif, développant réellement la partie rythmique, avec une basse soignée et une batterie précise. Les tempos sont sans cesse malmenés, bougeant dans tous les sens, et révèlent un travail consciencieux à la fois pour le côté ravageur, faire monter la tension (« Life Epitaph »), s’inscrire sur des structures plus complexes ou bien laisser respirer les titres. Tout comme l’album, à l’image de « Slumber » qui débarque après un titre énergique. Interlude ambiant, il met en œuvre un cliquetis d’horloge, compte à rebours avant la déferlante qu’est « Conflict » ; grosse rythmique, basse ronflante et quelques tendances Prog. Il y a une réelle identité qui se forme à travers cette démarche plus alambiquée. Certes, les titres perdent en accroche immédiate, et se mettent moins en avant à travers les refrains, mais ils se considèrent dans leur entièreté, et il faudra user un peu la galette pour vraiment apprécier le travail fourni qui accorde beaucoup de place à l’instrumentation, avec des passages bien groovy (« Cryptic Words »).
Gagnant en relief, la batterie assied des cadences impétueuses et on ne peut plus carrées. Avec une frappe colossale, Clément est roi, et sa domination passe par un jeu vif, et varié, parcouru de blast beats décapants et crashes de cymbales, mais également de plans plutôt techniques (« The Raven’s Cry »). Avoir une basse bien mixée peut également changer un groupe, et dans le cas d’Olivier, il insuffle une réelle explosivité aux compositions. Ses accords sont mordants et profitent aux titres les plus décapants, mais aussi sur les rares sections calmes, telles que « Daze » qui joue plus sur la corde sensible avec son pont acoustique et sa voix claire. Le quintet s’en sort pas mal sur ce coup, sans pour autant faire vibrer, et ce n’est pas faute d’avoir un appui conséquent d’Olivier. Couplés à cela, les riffs modernes et surpuissants d’Eddy qui éclatent et se montrent plus incisifs, parfois même hypnotiques (« Spasms Of Upheaval »). Mais bien au-delà de cet ensemble percutant qui allie déferlante de guitares cinglantes et rythmique plombante, c’est la performance de Symheris qui impressionne. Il met en avant sa technique infaillible et en garnit pratiquement toutes les compositions. Ça shredde à profusion, et avec les sweepings, le taping, et les solos legatos, c’est un festival virtuose qui se ressent dans le côté technique de tout l’album, bien loin de tourner en rond sur une cadence monotone. Ses démonstrations sont fluides, maitrisées et variées. Si les jeux sont rapides, précis et coordonnés, ce sont vraiment ses solos sensationnels qui abasourdissent l’auditeur, comme sur « Unleash The Craving » ou « A Life Astray », époustouflante.
Il y a tout de même une optique très Metalcore dans ce disque. Et, hormis quelques breaks, c’est plus la prestation de Raff qui y fait penser. Hurlée et bien vindicative, c’est HEAVEN SHALL BURN qui vient généralement en tête. De son chant le plus véhément, le jeune homme met à mal bon nombre de frontmen actuels, même certains professionnels. Et il n’hésite pas à nuancer pour un propos plus sombre, sans pour autant verser dans le guttural. Il délivre les paroles avec la hargne et bestialité qu’on lui connaît, concordant au côté rutilant et agressif de l’instrumentation (« Through The Disgrace », notamment). L’ensemble est une vraie machine de guerre et parvient à proposer quelques mélodies au moment des refrains. En dépit de ces morceaux coriaces et sévèrement remontés, c’est le chant clair, avec sa consonance Heavy, qui pose défaut, tombant parfois comme un cheveu sur la soupe, à l’exemple du titre éponyme mais aussi de « Conflict » qui voit sa tension musclée quelque peu annihilée. On le trouve plus adéquat à un « Stillness Withered », car avec le soutien de David Potvin qui donne une veine très SOILWORK. Pareillement pour le single « Inhaled », avec Jon Howard de THREAT SIGNAL, qui garde un certain charme sur un morceau somme toute basique, mais qui a le mérite de rester intense tout du long.
Si le troisième album est celui de la maturité, le second est toujours l’œuvre charnière qui décide du futur d’un groupe. Il n’est jamais simple de succéder à un premier disque qui a reçu un excellent accueil sans se répéter ou décevoir certains fans qui n’y retrouvent pas leurs éléments de prédilection. Pas facile, mais pas impossible. T.A.N.K peut se targuer d’avoir réussi ce passage. Si The Burden Of Will était une démonstration solide pour une première production, Spasms Of Upheaval montre un groupe qui a le désir d’évoluer, et surtout de se forger une personnalité propre. Les influences se révèlent plus nombreuses, différentes, et permettent à ce nouvel opus de proposer une musique plus vaste et singulière. Technique, explosif, et bougrement efficace, Spasms Of Upheaval est une vraie stratégie militaire impitoyable, menée à bout portant.
Ajouté : Mercredi 10 Octobre 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: T.A.N.K Website Hits: 7958
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