SPLINN (FRA) - Becoming Ourselves (2011)
Label : M & O Music
Sortie du Scud : 28 mars 2011
Pays : France
Genre : Rock Indie / Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 44 Mins
Est-ce vraiment raisonnable d’être à ce point attiré par la très vaste scène Rock / Metal US quand on est né sous la tour Eiffel ? Je vous l’accorde, on y trouve des artistes d’une remarquable qualité et leur diffusion massive sur nos ondes n’est pas quelque chose de gênant. Mais dans le cas de SPLINN, on a deux solutions. S’interroger ou comprendre. Ce groupe parisien a les défauts de ses qualités. Sa musique, un Rock Indie planant, parfois Metal, très musical et conceptuel, est forte d’un caractère de cochon. Vous ne lirez pas dans ce papier que SPLINN n’a aucune personnalité parce que c’est tout l’inverse. Cette critique fréquemment adressée aux groupes contemporains a également un revers. Comment peut-on être sensible à une musique qui frôle si souvent la spiritualité, quand on n’a pas d’affinités particulières avec le Rock easy-listnening ? C’est tout le paradoxe de Becoming Ourselves, un premier album sorti en 2011 sur M & O Music.
Vous qui lisez nos colonnes avec assiduité et qui appréciez par-dessus tout les grosses voix d’outre-tombe calquées sur des blasts à se convulser, fuyez ce papier comme la peste. Si vous souhaitez toutefois persister dans cette expérience sadomasochiste, la voix fluette, aérienne, nasillarde et bourrée de trémolos de l’ami Laurent suffira à infliger aux oreilles les plus inexercées des souffrances inédites. Ici, ça parle de pureté, de légèreté. C’est fait pour des hardos au grand cœur, capables de verser une larme d’euphorie en voyant le final de Little Miss Sunshine. A ceux-là, SPLINN saura vous comprendre et vous combler. Leur Rock stratosphérique qui évoque coup sur coup A PERFECT CIRCLE, PLACEBO, STAIND, FOO FIGHTERS, ALICE IN CHAINS, OCEANA et SILVERCHAIR est au chevet d’auditeurs qui souffriraient d’une forme soudaine de… spleen. Capable de durcir son jeu grâce à des riffs en béton armé (« Euphoria ») ou au contraire, de l’adoucir en proposant une balade arrangée à grands renforts de violons larmoyants (« Stranger »), le groupe verse constamment dans la finesse et la subtilité. On se prend au jeu, qu’on soit coreux ou blackeux, parce que SPLINN distille une grande dose d’émotions dans son disque, brasse plusieurs courants artistiques et métisse ses compositions. Becoming Ourselves en devient vite un album ambitieux et encourageant, assurément plus riche qu’il n’y parait. L’assurance que dégagent ces Parisiens est appréciable. Maitrise technique irréprochable, songwriting impeccable, on pourra certes grimacer sur le côté gnangnan et mièvre de certaines compositions, mais dans sa globalité, ce premier effort mérite qu’on s’y attarde. Sa fin révèle malgré tout quelques lenteurs, qui démontrent que le style pratiqué a aussi ses limites et que la pureté musicale, hélas, ne fait pas toujours tout. Je crois qu’il faut être dans un état d’esprit très particulier pour vivre ce Becoming Ourselves, dont la nostalgie débordante a besoin de votre accord pour laisser exploser ses arômes. Ce n’est assurément par le genre d’œuvre qu’il faut écouter pour prolonger l’euphorie de l’obtention du permis de conduire.
Douce révélation qu’est cet opus. Je ne suis pas vraiment du genre à me laisser bercer par un phrasé doucereux et des mélodies faciles, mais je dois reconnaître que SPLINN a proposé avec Becoming Ourselves un premier disque gourmand et très facile d’accès. Son côté easy-listening peut gêner, mais ça concerne uniquement ceux qui aiment se mettre des barrières en écoutant de la musique. Pour les autres, qui considèrent ce plaisir avec tout l’épicurisme qui se doit, ils seront ravis. SPLINN a des choses à leur raconter.
Ajouté : Mardi 23 Octobre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Splinn Website Hits: 7494
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