SATURNUS (dk) - Saturn In Ascension (2012)
Label : Cyclone Empire
Sortie du Scud : 30 novembre 2012
Pays : Danemark
Genre : Doom Ghotic Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - Mins
Pleurer, évacuer la douleur, vider ses entrailles de ce qui nous étouffe, même si depuis toujours l’Homme sait le faire il le tait tout aussi bien. La honte a pris le pas sur ce qui pourtant est humain et terriblement humanisant. Les larmes rendent réelle l’émotion et sa vivacité, sa profondeur, son intensité. Allez savoir pourquoi depuis des années SATURNUS est un de ces rares groupes qui m’amène à cet état de fait, mais aussi un de ceux qui n’éprouve ni honte ni remords à étaler au grand jour nos propres faiblesses. Là encore, dès l’entame de leur dernier recueil dépressif j’ai le cœur serré, réfrénant un ultime sanglot contenu pudiquement pour cacher ma tristesse. Qu’il s’invite dans vos vies quand ces dernières transpirent le bonheur ou qu’il vous persécute quand vous ne parvenez pas à vous hisser le long des parois glissantes de l’abîme dans lequel vous êtes, son effet sera le même, dévastateur. Dévastée de beauté par les cristallines vocalises qui introduisent en spiritualité ce magnifique Saturn In Ascension, dévastée de chagrin par les riffs mélancoliques qui portent des plaintes gutturales.
Humble prophète d’une triste réalité, gourou d’une peine déchirante, SATURNUS a ce don bien particulier d’inviter l’auditeur à une méditation intimiste, une auto-mutilation salvatrice. L’émotion me submerge encore à vous contant leur œuvre car s’il est l’outil idéal pour vider son sac j’en redemande, il y parvient fort bien même si l’effet n’a pas forcément de vertus à long terme.
A l’heure du « mon cœur, mon amour …» ou du « je t’aime, tu m’manques trop » les Danois viennent balayer les jérémiades de pisseuses dépucelées sur du POKORA à grand coups de profondeur et d’envergure musicale, voilà donc comment est montée la bête. La passion contenue dans les nappes instrumentales finira d’ailleurs de défroquer ce dernier pour lui mettre la fessée et c’est la queue entre les pattes qu’il ira se rhabiller réalisant au passage qu’il n’a finalement rien dans le calbut parce que rien n’est plus viril qu’un homme qui met ses tripes au service de l’expression de sa peine quelle qu’elle soit et c’est autrement qu’avec le sourire et les mèches bien gominées autour d’une gueule d’ange. Ah c’est facile de gueuler qu’on va tout péter, facile de hurler qu’on va toutes les sauter ces petites pépées, mais ça l’est beaucoup moins de chanter qu’on a mal à en crever.
Le chagrin devient noble entre les doigts du quintet qui enrobe chaque note d’une beauté assez inexplicable et pourtant si simple, sans démonstration abusive.
Evidemment qu’il est impossible d’avoir un jour cette chance inouïe d’entendre ses mélodies sur les ondes, le commun des mortels ne peut comprendre toute la subtilité de leur langage, c’est à toi donc qu’il incombe d’en faire la traduction, oui toi, toi qui es un des disciples de la beauté si méconnue et réfutée, celles si vivement critiquées et mises au banc des condamnés par des politiciens « grenouilles de bénitiers ». Crois-tu alors qu’ils comprendront ? Y verront-ils une énième invitation au mal, au suicide ? A raison peut-être et alors ? N’est-ce pas l’expression libre ? Verront-ils au-delà des apparences ? Verront-ils avec le cœur ?
Pleurez, ne vous cachez pas, il est surement préférable de se noyer dans ses larmes que d’étouffer dans la sécheresse d’un cœur qui s’effrite. Moi je veux bien pleurer et remplir toutes les nappes phréatiques s’il le faut, pourvu qu’elles irriguent leur inspiration.
Ajouté : Vendredi 07 Décembre 2012 Chroniqueur : Line44 Score : Lien en relation: Saturnus Website Hits: 10968
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