ALTA (usa) - Places (2012)
Label : The Ghost Is Clear Records
Sortie du Scud : 12 juillet 2012
Pays : France
Genre : Post Hardcore expérimental
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 30 Mins
Il y en a qui aiment le calme, la montagne, les bufflons, regarder les busards voler. L’eau de source, les blettes, le cosy, les fauteuils en velours, les chaussettes en laine ou les hiboux en porcelaine.
Il y a des gens qui collectionnent les assiettes et ceux qui arrachent des mèches de cheveux aux morts.
Je n’ai jamais compris ceux qui collectionnaient les assiettes…
Moi, depuis tout jeune, j’ai une affection particulière pour les gens qui hurlent. Qui beuglent, qui éructent, qui vomissent leur bile dans un jet de haine. Et si en plus, les mecs qui les regardent font du boucan, alors je suis super heureux. Si c’est abstrait, c’est encore mieux.
Et si la majorité des gens n’y comprennent rien, alors c’est le bonheur absolu.
Les exemples ne manquent pas. Nina Hagen, Diamanda Galas pour les plus lyriques, NAPALM DEATH, SORE THROAT pour les plus bruyants, MERZBOW ou EINSTURZENDE NEUBAUTEN pour les plus barrés, Mike Patton et Lydia Lunch pour les plus ludiques.
Et la liste est loin d’être exhaustive.
Mais il faut aussi rajouter une autre condition.
Que la musique soit bonne, et originale. Dans une tentative, ou un réel désir.
Alors quand je suis tombé sur ce LP d’ALTA, j’en ai été fort aise.
Parce que Places est justement le genre d’album qui remplit presque toutes les conditions.
ALTA vient de Milwaukee, Wisconsin. Ils ont à leur actif un EP, This Space Will Accommodate Canvas, une place sur une compilation, et un split CD avec Arizon Wilder. Peu de choses en somme. Pas forcément de quoi être remarqué par le grand public.
Et ça n’est pas Places qui va changer la donne.
Lorsqu’on écoute cet album, il n’est pas interdit de penser à At The Drive In. Ou GIRLS AGAINST BOYS, SONIC YOUTH parfois.
C’est chaotique, ça ressemble à du Post Punk, du Post Hardcore, voire à du Mathcore. C’est un peu tout ça, et surtout très personnel à la fois.
Pas de gros riffs à se mettre sous la dent, une batterie qui sait se faire remarquer et privilégier les breaks, et une basse énorme, au premier plan, qui habille les morceaux d’un costume trois pièces déchiré.
Bon. A la rigueur, une fois les morceaux chargés dans le lecteur (à une époque, on aurait dit « une fois le vinyle posé sur la platine »… Progrès, progrès…), il n’y a pas méprise, ni tromperie sur la marchandise. Car dès l’ouverture « Winter/Mute », tout est dit. Atmosphère étrange, musique sèche, nombreuses variations, guitares serpentines et acides, et chant mimétique avec la truie qu’on égorge un beau matin de novembre.
Mais l’épitomé du style d’ALTA se trouve sans aucun doute sur « Dakota », qui alterne jusqu’à l’overdose de couplets torturés des arpèges emberlificotés, une basse qui s’amuse de son propre labyrinthe, et un chant si exhorté qu’on imagine sans peine les yeux exorbités du chanteur.
Il y a sans doute plus d’instabilité dans ce titre que dans toute la disco des YOUTH… C’est dire, et l’image est choisie à dessein pour provoquer !
Car Places refuse les conventions. Exit les chansons à structure classique, et bonjour la déconstruction par l’inspiration du moment.
Et pourtant, vous n’aurez à aucun moment le sentiment d’écouter du bruit. Nous sommes bien sur à cent lieues du Metal, et il conviendrait de ranger ALTA dans une catégorie « Rock » plus généraliste et pratique.
Mais ne vous y trompez pas. Leur sens de l’aventure et leur feeling inimitable les empêche paradoxalement l’inclusion dans quelle catégorie que ce soit.
Et l’hermétique « - + - » de prouver cette théorie sans ambages. C’est doux, piquant, stabilisant et déroutant à la fois.
Porté par une mélodie presque anachronique, ce titre navigue de roulements diaboliques à la caisse claire en notes de basse éparses, sur couches de magma à la six cordes. Et puis soudain un pont presque guilleret vient troubler le tout.
C’est euphorisant, pour le moins. Et ça dégage un rai de lumière en bas de la porte.
Fermée à clef.
Mais je pense qu’avec ce petit laïus, vous m’aurez compris.
Non ?
Alors retournez à votre collection d’assiettes.
Ajouté : Mercredi 12 Décembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Alta Website Hits: 10180
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