VELNIAS (usa) - Rune Eater (2012)
Label : Pesanta Urfolk
Sortie du Scud : 8 septembre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Pagan Progressive Doom Metal
Type : Album
Playtime : 5 Titres - 45 Mins
“Proclaim your best intentions with all your heart from atop the highest hills, you are naught but the substance of the life you choose to lead.”
Une phrase qui définit bien l’optique de VELNIAS, cette communion avec la nature, que nous avons oublié en route, à cause de la société de consommation, du progrès, de notre aveuglement, de notre égoïsme.
Car c’est de la nature dont nous venons, c’est elle qui nous a fait grandir, c’est elle qui nous nourrit, et que nous prenons un malin plaisir à exploiter, à détruire, à regarder mourir.
Et dans cette fuite en avant aux allures de massacre, je ne vaux pas mieux que les autres.
Car avoir conscience d’un problème est une chose. Trouver des solutions et les appliquer en est une autre.
VELNIAS dans sa démarche, évoque la magie blanche bien sur… Les anciens druides, les légendes celtiques, les runes… Alors l’appellation Black Metal, vous comprenez… Elle est uniquement là pour définir globalement un style musical, beaucoup plus riche que d’incessantes cavalcades rythmiques pompeuses et redondantes.
Car le quartette américain vaut beaucoup mieux que ça.
Et dès l’intro martiale « Velnio Maldavimas », le ton est donné. Car outre ses accointances avec le Pagan Metal le plus originel qui soit, VELNIAS sait aussi utiliser le côté sombre de la mélodie pour illuminer ses instincts les plus ombrageux.
Et puis le larsen, et un riff énorme soutenu par une rythmique plombée.
Vous êtes dans leur univers, alors autant en accepter les règles.
On pense lors de ce premier titre à un EMPEROR plus crû, moins orienté sur les arrangements. Ou même au PARADISE LOST initial, celui de Lost Paradise et de Gothic. En plus… Charnel.
Les pistes sont multiples, tout comme les segments de ce morceau, riche en atmosphères. Les guitares se font outrageantes dans leur sècheresse, puis comme discrètes lors de passages plus humbles. Rien de démonstratif, tout est en place, comme lors d’une tempête en pleine forêt, lorsque les arbres vacillent tout en faisant une impressionnante démonstration de force vitale.
Car Rune Eater est un album de ressourcement, de vie. L’album de la compréhension, du retour aux origines. Certes, on peut parler de Doom, de Post Black sans pour autant se tromper, mais l’utilisation de ces termes reviendrait à vulgariser une musique qui mérite mieux que des étiquettes.
Et « malgré » ses multiples digressions, Rune Eater est à n’en point douter un album cohérent. La longue suite que forment finalement ces cinq morceaux à une progression logique, un développement pertinent et travaillé. Une histoire en musique, un conte harmonique, une légende instrumentale. Impression renforcée par ces longs passages instrumentaux qu’on croirait parfois sorti des années 70, sans doute à cause de ce son si analogique.
Et malgré l’aspect compact de l’entreprise, je ne peux m’empêcher de mettre en avant un segment plutôt qu’un autre, le fabuleux « Reverend Flames Of Antiquity » qui résume à lui seul la philosophie artistique/littéraire de VELNIAS.
De nombreux passages acoustiques enivrants, de soudaines irruptions de violence, soutenues par des blasts efficaces car placés là où il faut, et un chant habité, rugueux, grave. Telle est la recette du quartette tout au long de cet album, dans des configurations différentes. Mais ce quart d’heure là à une saveur spéciale, un parfum d’osmose totale, de confession, de communion entre un style et ses concepteurs.
Entre une croyance et ses disciples.
La dualité. Entre la pureté de la nature et sa force destructrice. Dualité formidablement symbolisée par l’opposition entre l’intro éthérée de « Reclamation Of Valour », et son premier couplet, cauchemardesque, brut, et direct.
Avant qu’une fois de plus la mélodie parallèle ne reprenne ses droits.
Dix minutes de réflexion sur l’humanité, et ses connections avec la terre, l’univers et le savoir ancestral. Sur fond de lyrisme noir et d’harmonies incantatoires. Une profusion de thèmes qui rivalisent de créativité avec la fertilité de la matrice originelle.
Avant que le conte ne s’achève sur « Iconoclast », qui débute sur un riff lancinant, profond.
Et la tourmente se concentre avant le déchaînement final. Une clôture en forme de fusion, d’intégration corporelle et de retour au prologue.
Nous étions, nous sommes, nous serons toujours les enfants de la nature. Une prophétie Doom, Pagan, et Black sans pitié, et pourtant, une délivrance.
Il serait vraiment dommage de passer à côté de ce pavé d’inspiration, qui nous renvoie à notre propre « nature » si je puis me permettre l’expression… Car lorsque la musique et les mots sont ainsi en telle adéquation, la magie qui opère relève du miracle, un miracle comme seul la musique nous en offre parfois.
Comme la nature.
Ajouté : Mercredi 12 Décembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Velnias Website Hits: 8382
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