Vite, apportez-moi un balai. Il me faut un balai de toute urgence ! Stef n’a qu’une parole. Souvenez-vous, c’était il y a un petit mois, dans la chronique du premier EP des coreux russes de CHANGE OF LOYALTY, Two Steps To Her Bed. Je cite : « si leur premier album, fraichement sorti, ne surclasse pas ce brouillon, je bouffe un balai ». Nous y voila. J’ai taillé mes carottes et mes oignons en mirepoix, j’ai mon jus de déglaçage et mon bouquet garni sous le coude. En cet instant critique, tous les moyens sont bons pour faire passer le manche plus facilement. C’aurait été plus simple et plus arrangeant pour tout le monde d’avoir affaire à un petit disque de Metalcore so fresh’, mais eux comme moi, nous sommes des têtes de mules. Et donc nous restons butés. Eux vont dans le mur et moi, je tiens mes engagements. Ce Freethinker aurait pu changer bien des choses. A l’image de cette pochette, beaucoup plus raisonnable que le coloriage pour enfant illustrant leur EP, qui laisse présager un improbable retour à la raison.

L’eusses-tu-cru ? Bah t’es bien con. On ne se refait pas comme ça, tu sais. Jamais je n’aurais imaginé que Two Steps To Her Bed était en fait l’arbre qui cache la forêt. Mais il faut dire les choses telles qu’elles sont. A par la production qui a gagné en explosivité et donc, en synthétisme, Freethinker est le prolongement naturel et indécent de leur premier EP. CHANGE OF LOYALTY, ça transpire la modernité, ça suit le mouvement, tel un troupeau de moutons au lainage défrisé. Avec ces mèches plaquées sur les yeux, ils ne pouvaient certainement pas voir qu’ils enfonçaient des portes ouvertes. Alors je commence par qui ? Tiens, par Peter, le chanteur. Mon garçon, tu aurais certainement eu un avenir brillant dans le milieu si Angelo Aita d’ABANDON ALL SHIPS ne s’était pas lui aussi lancé dans la musique. Or, tu n’es qu’un clone. Tes vocaux poussifs donnent un suspense incroyable à votre Metalcore. A chaque instant, on se demande si tu as fait un gros caca dans ton pantalon. Cette question existentielle sera le fil rouge de Freethinker. Parce que s’il fallait compter sur tes petits amis instrumentistes pour nous donner de la matière à analyser, on attendrait encore. C’est bien simple, en un riff, on a tout entendu. Quelques tentatives maladroites de leads mélodiques nappent avec parcimonie cette purée industrielle (« N.A.T.A.S.H.A »). C’est encore pire qu’un repas pris à l’hôpital. Flirtant constamment avec cette mouvance Djent qui pousse les groupes à vomir un riffing haché et épileptique, ce premier full-lenght trahit un Metalcore de bas-étage. La seule vraie consolation pour moi aura été le travail effectué sur les chants clairs, plutôt justes même si au fond, on s’en serait bien passé. Pour le reste, lisez donc ma chronique de Two Steps To Her Bed parce que moi, je n’ai absolument aucune envie de la réécrire. Et tôt ou tard, Freethinker m’y aurait poussé.

Merci, au revoir et à jamais j’espère. CHANGE OF LOYALTY est au Metalcore ce que Dirty Love est au cinéma ; un navet. Une véritable pelletée de lieux communs doublée de dialogues puérils et triplée d’une mise en scène proche de l’amateurisme. Je ne veux taper sur personne car l’indigence trouvera surement un écho favorable chez telle ou telle personne. Mais putain, vous n’imaginez pas la souffrance ressentie lors de la défécation de ce balai.