SPITBACK (FRA) - A Fight To Change Your Mind (2011)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : Février 2011
Pays : France
Genre : Hardcore / Beatdown
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 15 Mins
SPITBACK, SPITBACK, SPITBACK. Il y a deux facteurs qui font que ce nom se grave facilement dans les mémoires collectives : être alsacien ou ne pas l’être. Pour ceux qui le sont, ce blaze est un incontournable de la scène locale, un pilier du Eastern Hardcore, actif depuis maintenant plusieurs années et toujours prêt à aller souiller un bar. Pour ceux qui ne le sont pas, une simple écoute d’A Fight To Change Your Mind sera suffisante. A la manière d’un hymne, d’un slogan, ce mot est systématiquement répété tout au long de ce quart d’heure de grosse bagarre sonore. Après un premier single (« One ») en featuring avec Oerjg de SLAM COKE, le groupe s’exile en Belgique, au Jack Studio, pour mettre sur bande sa haine du mouton de Panurge, un concept qui habite entièrement cet enregistrement. Complètement enraciné dans cet état d’esprit dénonciateur, propre au Hardcore le plus épuré qui existe, le groupe lâche alors la bête au mois de février de l’année 2011.
Vingt mois après sa sortie, la plaie n’est toujours pas cicatrisée. Pire encore, elle suinte en surface, à l’image de cet or noir que le sol expulsait en Californie au début du XXème siècle. Et personne pour l’exploiter. Sous nos pieds, un océan de talent mais aussi de noirceur. Car bien loin de l’hystérie euphorique du Hardcore à la new-yorkaise, SPITBACK est une critique acerbe de la société, matérialisée par un son brut de décoffrage et ténébreux. Les vocaux de clébard enragé, signés Jay, sont les premiers à exprimer cette ambiance maladive. Après une courte intro trépidante sur laquelle on entend déjà la basse rugir -une pièce maitresse de leur système-, « SpitBack » explose. Les paroles, plutôt fleuries, ne sont pas très engageantes. On pourrait même leur trouver un côté caricatural que ça ne me choquerait pas. Mais derrière ça, que ce soit dans la cohésion d’un Hardcore bien ficelé ou dans l’énergie déployée, SPITBACK assure. Cette décharge d’adrénaline qui appelle ouvertement au pugilat est un concentré de vitamines, emmené par un riffing tranchant, un camaïeu de Beatdown et un jeu de batterie lacéré d’ouvertures sur le Punk. Comme pour appuyer là où ça fait vraiment mal, la voix de Jay reçoit fréquemment l’appui de chœurs aboyés, un écho qui amènera une évidente transcendance à quiconque est disposé à la recevoir. Capable de pondre des structures muries comme de foutre un gros boxon, la formation semble s’éclater dans son domaine de prédilection et toute l’ampleur d’une telle liberté artistique prend son sens sur scène, voir dans la rue. Car pour avoir eu l’occasion de les voir à maintes reprises et notamment lors de la Fête de la Musique à Strasbourg, je peux vous assurer que ces mecs jouent le jeu à fond, s’attirant par la même occasion une panoplie de regards assez savoureux, amusé pour le BCBG des beaux quartiers, foudroyant pour le bolosse des cités, médusé pour la horde de mémés sortant du Kaffee-Kuchen. Dernier détail d’importance, Niko Weyk du groupe de Deathcore liégeois EL COMER OCHO vient poser ses screams sur « Rest In Pieces », ce qui confère à cette composition un teint beaucoup plus métallique, pas vilain au moment de conclure.
De nature finalement homogène et engagé, A Fight To Change Your Mind est une sortie prometteuse qui ne trompera personne. Je ne sais pas si ce combat sera suffisant pour changer les mentalités, mais en tout cas, c’est un sympathique coup de pied au cul. A l’aube d’un premier album qui devrait voir le jour en 2013, SPITBACK a posé le premier pavé de son empire. Et définitivement, il a plus sa place ici que dans le bouclier anti-émeute d’un CRS.
Ajouté : Mercredi 19 Décembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Spitback Website Hits: 7664
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