MAKE THEM SUFFER (au) - Neverbloom (2012)
Label : Roadrunner Records
Sortie du Scud : 25 mai 2012
Pays : Australie
Genre : Deathcore symphonique
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 47 Mins
Qu’il est plaisant de pouvoir parler parfois de progression. Je vous le concède, les temps sont durs. Certains se répètent. D’autres copient. Et la musique dans tout ça, elle n’avance pas. Le Deathcore fait partie de ces styles, bloqués par l’anti-créativité primaire de ses propres acteurs. La lumière, elle jaillit de l’autre bout du monde. L’Amérique ? Ce serait trop logique. La Terre de Feu ? S’ils avaient l’électricité, pourquoi pas ? L’Australie, voilà quelque chose de probable. Aujourd’hui, je crois que l’heure est venue d’accorder enfin un peu de crédit à cette scène. Parce que bon, on sait qu’AIRBOURNE est capable de belles choses, au même titre que les PARKWAY DRIVE, PSYCROPTIC, WOLFMOTHER et THE BERZERKER quand ils en ont envie. Mais sa force est intérieure. Et MAKE THEM SUFFER est un composant majeur de cet underground aussi talentueux que promis à un avenir radieux. C’est d’ailleurs un Roadrunner Records en décrépitude qui s’est jeté sur l’occasion et pour une fois, ils ont eu du flair.
Ce serait présomptueux d’affirmer que ce groupe est le futur du Deathcore mais assurément, dans son style bien à lui, il peut devenir un phénomène, encore plus depuis la désertion de WINDS OF PLAGUE. Neverbloom, premier de cordée après une démo et un EP, a tout du gendre idéal. Charmant, bien élevé mais surtout, raisonnable malgré son fort caractère. Et ce n’est pas facile de garder les pieds sur Terre quand on pratique le Deathcore symphonique. La présence de claviers justifie à elle seule toute l’intempérance possible et inimaginable, mais MAKE THEM SUFFER ne se laisse pas piéger. Déjà à l’époque, Lord Of Woe était raisonnable et ça m’avait plu. Autant dire qu’en gardant cette mentalité exemplaire, subjuguée par un enthousiasme et une créativité débordante, ce premier album marque déjà des points. Les pianos de la belle Louisa Burton sont légèrement plus empruntés, ils laissent davantage d’espace aux atmosphères, parfois dignes de la bande-originale d’un grand péplum (« Maelstrom »). Globalement mieux composé et scénarisé que son prédécesseur, Neverbloom joue sur la finesse d’ambiances épiques qui contrastent avec la violence d’un Deathcore plutôt basique, axé sur de lourds breakdowns et nuancé d’une noirceur qui fait très Black Metal. La présence d’un prologue, d’un interlude et d’une conclusion donnent un côté très cinématographique à cet album, loin d’un enchevêtrement bête et méchant de compositions fadasses. MAKE THEM SUFFER grandit à toute vitesse, évite les pièges tendus par cet alliage complexe et continue de marquer des points. Peut-être la voix de Sean Harmanis est-elle juste un peu poussive et trop variée à certains endroits (« Weeping Wastelands »). On se passerait volontiers de ses petits « eurks » vomis comme un anorexique vomirait son tournedos Rossini. Mais ça n’enlève rien à la très grande cohérence d’un full-lenght impressionnant à chaque étage de sa hiérarchie.
De minimes imperfections et trois gros quarts d’heure d’un Deathcore fouillé et finement orchestré. Vous pouvez examiner cette scène en profondeur, une meilleure rentabilité est quelque chose de rare, surtout à l’intérieur de ce vivier underground qui regorge autant de talents que de poseurs. Aujourd’hui, la chance a voulu que ma route croise celle de MAKE THEM SUFFER, assurément un bon samaritain parmi les lascars et les escrocs. Et mon petit doigt me dit de profiter un peu de cette bienveillance, car demain sera certainement un jour pluvieux.
Ajouté : Jeudi 20 Décembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Make Them Suffer Website Hits: 7436
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