Vivre de sa musique... Un beau rêve difficile à atteindre, surtout lorsqu’on est aussi nombreux mais bien plus assoiffés que les 7 nains. Mais les italiens de NOWHERE CROWD ont une combine infaillible pour réussir vite et bien.

Cette combine tient en 2 mots : LACUNA COIL, soit la meilleure cash-machine que le Metal italien ait jamais enfanté. De toute évidence, une longue et attentive observation de leurs ainés a précédé la sortie du premier EP de NOWHERE CROWD. Aussi, on ne s'étonnera pas de retrouver un duo homme-femme derrière le micro, officiant dans un registre gothico-pop. Il est d'ailleurs amusant de constater que le binôme en question n'est pas le même suivant les morceaux, cet EP étant en fait un recueil de tout ce que le groupe a enregistré entre 2010 et 2011. D'une platitude absolue sur les 3 titres les plus "anciens", le chant s'anime un peu sur les plus récents "Goodbye" et "Faith Factory", chantés par le nouveau binôme dont la signature vocale n'est pas sans rappeler une certaine Cristina et un certain Andrea... Mais le mimétisme ne s'arrête pas là : gros son de guitare bien policé pour du riff basique mais efficace auquel se marient des synthés clinquants à l'image de ce que fait avec plus ou moins de bonheur LACUNA COIL depuis Karmacode. Ainsi, comment ne pas remarquer les troublantes similitudes entre "Goodbye" et le "Closer" que qui-vous-savez … Il n'y a pas de mal à puiser son inspiration chez un groupe qui a déjà fait ses preuves, surtout lorsqu'on débute, à condition d'y mettre un peu de soi-même, à l'image du prometteur REDROCKS qui a su imprimer sa propre sensibilité sur des bases empruntées à PORCUPINE TREE. Mais les italiens de NOWHERE CROWD semblent avoir oublié toute notion de créativité, trop affairés qu'ils sont à suivre leur livre de recettes par crainte de voir le soufflé retomber une fois servi aux convives. Malheureusement, après un Dark Adrenaline, roboratif, ces derniers risquent de manquer d'appétit pour du (mal) réchauffé. Car le plat qui nous est servi se révèle tiède et pas assez épicé. Où est l'énergie du jeune groupe qui débute et qui en veut ? Noyée sous une production à la Don Gilmore, ultra-pro mais sans âme et des compos aussi creuses et commerciales que celles du bien nommé "Shallow Life". L'efficacité tant recherchée n'est pas là, comme en témoigne le mollasson "In Nightmares He Will Come", censé évoquer un célèbre croquemitaine aux doigts tranchants mais qui n'effraierait même pas votre grand-mère. Pourtant quand le groupe s'extirpe du carcan imposé par son illustre modèle, ses 7 membres sont capables d'assez belles choses. Seul témoin de ce petit talent bien caché, "Faith Factory" présente une structure nettement plus complexe que les autres titres, des arrangements classieux, et un enchaînement très fluide des différents plans. Encourageant mais c'est trop peu pour compenser l'insipidité du reste.

Quel avenir pour ces ambitieux tâcherons? Dans l'immédiat, ils pourront faire office de substitut acceptable pour les inconditionnels de LACUNA COIL qui ne peuvent patienter les 3 ans réglementaires entre chaque livraison de leur groupe-fétiche. Et quand les milanais prendront leur retraite, ils pourront toujours se reconvertir en groupe-hommage pour cachetonner de mini-festivals en foires au ravioli. Pendant ce temps, l'histoire de la musique s'écrira sans eux...