J’ai découvert un groupe il y a peu : DEEEXPUS. Sept gaillards venus du nord-est de l’Angleterre. On me les a conseillé sous l’étiquette d’un groupe Prog’ et même si ce genre recèle de bien belles pépites mon humeur du moment avait la fâcheuse tendance à stipuler que je risquai fort de me faire chier avec des élucubrations, démonstratives, abusives, excessives et tout ce qui se termine par « ive », bref grossière erreur. Forcée de constater une fois de plus qu’il vaut mieux parfois se faire violence et laisser une chance à la magie d’opérer si magie il doit y avoir. Je me suis engagée dans les travers de ce qui de tout évidence allait être une magnifique expérience, car oui magie il y a eu, et ce dès la première épreuve.

Malins sont ceux qui plantent le décor en y mettant les formes et les couleurs de suite, surtout si ces dernières sont flamboyantes et représentatives de tout ce qui va s’enchaîner. Malins sont donc les sept sorciers de DEEEXPUS.

Une bousculade de sensations toutes plus intenses les unes que les autres va alors s’opérer et « Me And My Downfall » va en être l’entremetteuse. Elle va précéder avec magnificence ce morceau empreint de beaucoup de douceur et mélancolie retenue : « Maybe September ». Comme dans l’épreuve précédente, on va savourer un chant riche, mais d’une sobriété qu’il est bon de saluer dans ce style plutôt connu et reconnut comme étant expansif. Il va introduire progressivement (et c’est bien de ça dont il s’agit) une luxuriante musicalité à la technicité probante le tout porté allègrement par des claviers atmosphériques.

Développant des atmosphères diverses et variées, ils nous content des histoires reflétant des entités à elles toutes seules et ce n’est pas l’originale entrée en matière de « Marty And The Magic Moose » qui vous prouvera l’inverse. Une fillette va vous inviter à un nouveau voyage sur des notes enfantines qui ouvriront le pas à une séquence électro pour enfin exploser en un Rock Progressif des plus enjoués. Si tantôt ils nous conduisent dans des espaces encore inexplorés peuplés de créatures fantasmagoriques, ils vont parallèlement inciter notre imagination à foisonner. C’est ainsi que pour ma part, j’ai vu dans le premier tome de ce conte majestueux (« King Of Number 33 : I - Pauper’s Parade ») un carrousel déglingué aux teintes ternies par le temps se dressant fièrement malgré tout sur une place poussiéreuse désertée par des badauds fuyant l’aurore boréale extraordinaire qui donnera naissance à l’enchantement suivant.

L’air s’emplit de frisson étrange et l’on est soulevé par un « King Of Number 33 : II – Accession » offrant un perfectionnisme dans les moindres détails. Le temps s’est arrêté, on est comme suspendu à une horloge qui tourne à l’envers. On retourne là où nos regrets ont abandonné des étapes de vie inachevées par nos craintes. Ce morceau se vantera d’avoir ce curieux pouvoir de nous plonger dans notre inconscient et nous permettre de vivre le temps d’un instant bref et ultime une autre vie. Vie qui s’achèvera sur un « Memo » clôturant positivement cette épopée imaginaire.

Peu de combos ont ce don si particulier de nous faire parvenir à une telle introspection et c’est donc sans surprise que je constaterais la patte d’un MARILLION à peine dissimulée (Mark Kelly – claviers), combo m’ayant bercé pendant de longues années (les plus jeunes entre autres).

Je suis profondément admirative devant tant de génie et quand bien même ces groupes ne représentent pas ce que j’affectionne le plus en matière de musique, des albums comme ce King Of Number 33 marquent indéniablement le monde du Rock Progressif et par la même occasion ma mémoire affective. Vous en connaissez beaucoup vous des albums qui dès lors qu’on les entame rien ne semblerait pouvoir les interrompre ? Il y en existe certainement beaucoup, mais ils sont comme des trésors pour lesquels il est enivrant de découvrir et précieux de conserver.