AUTOPSY (usa) -The Headless Ritual (2013)
Label : Peaceville Records
Sortie du Scud : 2 juillet 2013
Pays : Etats-Unis
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 44 Mins
Deux ans après le fabuleux Macabre Eternal, dont le titre laissait transparaître bien des promesses, The Headless Ritual entérine le retour des maîtres du Death Doom, AUTOPSY. Résurrection légitime tant le barbare Chris Reifert peut se targuer d’avoir inventé un courant à lui seul, dissident de DEATH dont Chuck tenait un peu trop fermement les rênes à son goût. En décidant de réduire ce courant né à Tampa à sa substantifique moelle, Chris a transcendé ses propres codes, au point de donner naissance à un des styles les plus putrides du Metal moderne. Bien des suiveurs s’engouffreront dans la brèche, de l’école scandinave d’ENTOMBED et GRAVE en passant par GORGUTS, essayant à leur tour de mixer les influences séculaires des premiers albums du SAB’ ou de ST VITUS, avec les cavalcades floridiennes sur fond de grognements fétides.
Mais nul n’a jamais dépassé le mentor, qui en 2013 prouve qu’il en a encore sous le coude en nous offrant ce qui sera sans doute un des meilleurs albums de sa carrière pourtant fertile, aux côtés du séminal Severed Survival, qui continue d’en traumatiser plus d’un.
La recette ne change pas, et il serait inconscient d’ailleurs de tenter de l’altérer. Et avec une production très Scott Burns d’Adam Munoz, le quatuor infernal replonge la tête la première dans un univers peuplé de sacrifices, de torrents de sang, de zombies, de tortures, sur fond de Death old school du meilleur effet. Avec un artwork signé Joe Petagno, qui a signé par le passé bien des illustrations de MOTÖRHEAD, le ton est donné, AUTOPSY reste fidèle à son monde et n’a pas l’intention de changer sa démarche morbide.
La première chose qui frappe et qui prend aux tripes sur ce The Headless Ritual, c’est bien sur la voix de Reifert. Toujours aussi caverneuse bien sur, mais plus rauque, plus profonde, plus écorchée. En vieillissant, ses vocaux deviennent de plus en plus perturbants et malsains. Ecoutez donc le break pesant du morceau d’ouverture, « Slaughter At Beast House », bâti sur une ligne de basse menaçante sur laquelle Chris s’époumone comme un supplicié, et jugez par vous-même. Ce titre est d’ailleurs le parfait résumé de la globalité de l’œuvre, tant les plans se succèdent à une vitesse folle, passant d’un Death violent à un Doom macabre, sans oublier de parsemer le tout de réminiscences Thrash/Crust du meilleur effet. Le constat vaut aussi pour l’impressionnant « She Is Funeral », sorte de déclaration d’amour lubrique à la mort, qui développe en sept minutes tous les ingrédients qui ont fait la renommée du combo. Avec en exergue un passage central que n’auraient pas renié les quatre de Birmingham, pulsé par un groove démoniaque qui porte un riff aussi grandiloquent que putride, le groupe place la barre très haute. Clairement scindé en deux parties, ce titre est une réussite majeure, et prouve qu’AUTOPSY est loin de se contenter de reproduire à l’identique une formule qui a fait ses preuves. On pense même par instants à un hybride de Stoner et de Death, comme si une armée de morts-vivants découvraient le Blues et décidaient d’en offrir leur propre version d’outre-tombe. Le négatif parfait de DOWN, avec en guise d’hôte, un Reifert grimé en Captain Spaulding.
Mais au-delà de ces développements novateurs, AUTOPSY n’a pas oublié ce qui a fait ses fondements, et les références au passé glorieux ne manquent pas. Ainsi, la pesanteur extrême de « Flesh Turns To Dust » ferait passer n’importe quel éloge funèbre de TYPE O NEGATIVE pour une blague potache de fin de banquet, avec son brouet de riffs compact et son chant habité, « Running From the Goathead » incruste le Crust de NAPALM DEATH dans la chair en décomposition de CARCASS, et offre au passage un solo incendiaire, tandis que « Mangled Far Below » et son up tempo écrasant recycle avec flair des licks de guitare typiques, tout en accumulant les breaks aussi pertinents que convaincants.
« Coffin Crawlers » sonne quant à lui comme la confession intime d’un serial killer nécrophile. Déclamé d’une voix abyssale par Reifert, parsemé d’accélérations impromptues soudainement annihilées par des inserts pachydermiques, c’est sans doute l’archétype de composition parfaite que le groupe est capable de nous servir sur un linceul. Et si vous n’avez pas encore acheté l’album, réjouissez vous. Chris vous offre en avant-garde l’imparable et intense « Arch Coffin », qui enjambe les cadavres à vitesse grand V, et qui a même des airs d’hymne Heavy passé à la moulinette de la mise en bière.
Comme je le disais déjà à l’occasion de la chronique de Macabre Eternal, il est bon de constater que certaines figures essentielles de l’histoire du Metal extrême reprennent du service, tant leur discours est encore valide, des décennies après leur premier jet. Avec l’analogique et viscéral The Headless Ritual, AUTOPSY démontre que sa présence est encore indispensable en 2013, et que son inspiration est loin d’être tarie. Je confirme donc que ce nouvel album mérite de figurer sur le hall of Fame de tout amateur de Death, old school ou non, tant il s’évertue à rester fidèle aux racines tout en allant de l’avant.
Alors un conseil, si vous sentez la mort approcher, si vous savez que votre dernière heure arrive, appelez Chris. Il se fera une joie de vous mettre en terre avant de dépecer votre cadavre.
Ajouté : Mercredi 31 Juillet 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Autopsy Website Hits: 9912
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